À propos de la Semaine Nationale de la Réduction de Déchets (du 9 au 15 octobre, voir “Témoignages” du 9 octobre), les débats, les réflexions et les actions de sensibilisation ne cessent de rappeler les dangers et menaces de l’excès de déchets et de sa mauvaise gestion sur l’environnement et sur la santé.
La solution n’appartient pas à une seule entité, tous les acteurs de la société ont un rôle important à jouer : les décideurs, les producteurs et les consommateurs peuvent, avec des actions intelligentes, contribuer à diminuer les déchets et à les gérer mieux pour polluer moins. C’est précisément cela qu’a compris la famille Pajot dans les hauts de la Plaine de Saint-Paul. En tant que consommatrice, cette famille composée d’un kiné, d’une ergothérapeute et 2 filles de 6 et 8 ans, essaie depuis quelque temps d’intégrer à son quotidien des gestes simples et respectueux de l’environnement pour réduire ses déchets toute l’année.

Commencer à gérer les déchets en ayant moins dès le départ

Pour une bonne gestion des déchets, cette famille s’est intéressée à chercher des alternatives pour en produire moins. Céline Pajot commence par aborder le problème dès le départ : "J’essaie d’en avoir le moins possible et de récupérer, de réutiliser... avant de jeter". Donc, pour le transport des achats : jamais des sachets plastiques dans le supermarché, "j’utilise soit des caisses, soit des sacs réutilisables, les cabas". Au marché forain, elle va avec son panier et ne prend pas les sachets des produits, pour la grande surprise de certains vendeurs qui, souvent, ne comprennent pas. Elle leur explique que c’est pour l’écologie.
À l’heure d’acheter, Céline le fait, quand c’est possible, en vrac et à la découpe. En profitant ainsi des avantages de choisir la qualité et la quantité exacte des légumes et fruits ou des fromages, tout en limitant les déchets d’emballage.
Pour les produits d’entretien, elle choisit les rechargeables et les concentrés qui en plus sont multi-usages et avec des résultats aussi efficaces que les produits traditionnels. Et pour nettoyer, plutôt de lavettes lavables que lingettes jetables, ainsi que des serviettes en tissu à table qu’en papier.
Sa famille boit de l’eau filtrée d’un filtre installé à côté du robinet de la cuisine et qui filtre l’eau avec une sorte de pierre minérale, achète seulement l’eau gazeuse en bouteilles de plastique qui passent ensuite à la poubelle jaune. Ils ont une cafetière italienne qui n’utilise pas de filtres jetables en papier.
Pour l’énergie, ils s’éclairent avec des lampes basse consommation qui durent beaucoup plus longtemps et consomment moins d’énergie que les lampes traditionnelles. Ils évitent les objets à piles, et quand ils ne peuvent pas s’en passer, utilisent les piles rechargeables qui existent dans les mêmes formats que les jetables.

Que faites-vous des déchets ?

- "Je trie. Il y a une partie que je garde pour faire du bricolage, comme utiliser les pots de confiture, par exemple. Mais, pour le reste, il y a une partie qui va au compost (restes organiques de la cuisine et du jardin), j’utilise ma poubelle jaune pour le papier, le carton et le plastique, je sépare les bouteilles en verre pour les apporter plus tard aux bacs spéciaux, et puis le reste va à la poubelle sale".

Elle estime que 25% de leurs déchets vont au compost. Ils s’en servent après pour améliorer la terre de leur jardin. 25% sont de déchets de verre. Et presque 50% de plastique et papiers.

Quelles critiques ou suggestions d’améliorations pour les collectivités et pour les producteurs ?

- "Pour les supermarchés, qu’ils éliminent définitivement les sacs en plastique et pour les collectivités, qu’ils passent plus souvent à faire la collecte sélective de papiers et plastique. Ils le font tous les 15 jours, mais ils devraient le faire chaque semaine".

Aucune action n’est petite

Il est logique et pour tout dire incontournable, de questionner, au-delà de la sphère domestique, celles du commerce, de la production et de la conception des produits. Nous ne nous arrêterons donc pas à une vision usuelle et cloisonnée des seuls "déchets ménagers". Les déchets de la consommation ne se limitent pas aux déchets du consommateur final.
A fortiori, le champ concerné dépasse délibérément les emballages et déchets d’emballages qui focalisent encore trop souvent toute l’attention en matière de gestion des déchets, et particulièrement lorsqu’on parle de la prévention. Mais les déchets sont une affaire de tous.

Quelles sont vos motivations dans vos démarches ?
"C’est pour arrêter toute cette pollution. Si chacun, à son petit niveau, assume ses responsabilités, nous pourrons arriver à améliorer le problème", a-t-elle dit souriante et convaincue qu’aucun geste n’est petit quand tout le monde s’y met.

Jany Leseur

Moins de déchets ménagers... c’est possible

La Semaine nationale de réduction des déchets est l’occasion d’une formidable opération de communication de très nombreuses sociétés et d’organismes d’État ou privés, tous évidemment plus honorables les uns que les autres.
Sans bruit, mais avec une efficacité à faire pâlir ces chantres du nettoyage par le vide, comme le voudraient certains défenseurs des incinérateurs, solution radicale paraît-il qui nous éviterait bien des ennuis de tris et de recyclage, des familles sont parvenues à prouver qu’il était aisé de diminuer considérablement le volume de leurs poubelles.
À titre d’exemple, durant toute l’année 2005, 23 familles bretonnes ont pesé rigoureusement leurs déchets et appliqué différents gestes visant à réduire les déchets en fonction de leur habitat, mode de vie... Le résultat est éloquent, puisque ces familles ont produit jusqu’à 6 fois moins d’ordures résiduelles (les déchets qui restent après tri et compostage) que leurs voisins.

Selon la Passiflore, l’association à l’origine de ce test grandeur nature en Ille-et-Vilaine, les gestes qui ont eu le plus d’impact sur la production de déchets sont :

- le compostage des déchets de cuisine : environ 43 kg/personnes/an ;

- la sélection des produits achetés en fonction de la quantité d’emballage utilisée ;

- la mise en place d’un autocollant stop pub sur leur boîte aux lettres : environ 40 kg de déchets prospectus publicitaires évités ;

- donner tout ce qui peut être réutilisé (vêtements, jouets, meubles) au lieu de le jeter.

Au final, des gestes simplissimes à mettre en œuvre, mais qui, appliqués quotidiennement, ont permis de :

- réduire considérablement les ordures ménagères résiduelles : 43 kg/hab/an au lieu d’une moyenne de 250 kg/hab/an pour les habitants du Pays de Fougères ;

- augmenter sensiblement le volume des déchets recyclables : 68 kg/hab/an au lieu de 64 kg/hab/an localement ;

- diminuer la mise en déchetterie : 120 kg/hab/an pour une moyenne de 226 kg/hab/an sans action particulière.

Au-delà de l’aspect purement environnemental avec cette chute du volume de déchets, les familles ont également économisé de l’argent. Aussi, pour l’association Passiflore, la réduction des déchets est loin d’être une utopie environnementale en générant des bénéfices à la fois écologique et économique.

Voici quelques autres gestes qui ont été proposés aux familles participantes, pour, à votre tour, faire un geste pour la planète et votre porte-monnaie :

- préférer l’eau du robinet à l’eau en bouteille ;

- cuisiner ses petits plats : soupes maison, gâteaux et petits pots pour bébé ;

- presser des oranges pour un bon jus de fruit ;

- conserver ses aliments dans une boîte en plastique ;

- surveiller les dates de péremption ;

- utiliser des boules de lavage qui battent le linge et utiliser ainsi moins de lessive ;

- supprimer les sacs plastiques dans les petites poubelles ;

- préférer les ampoules longue durée ;

- pour faire plaisir à quelqu’un, penser aux cadeaux immatériels : spectacles, cinéma, soin du corps...