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Biodiversité et Journées de l’Environnement
8 décembre 2006
“Libre de mes choix, responsable de mes gestes !”. Le thème sous lequel sont placées les Journées Réunionnaises de l’Environnement convient à merveille à l’ONF, qui cherche à éveiller la conscience de chacun au risque que certaines plantes, dites envahissantes, font courir au milieu endémique de l’île. « Une invasion, c’est comme un cancer, plus on agit vite, plus on a de chance de l’enrayer », disent les agents de l’ONF.
L’Office National des Forêts (ONF) travaille depuis environ 25 ans à la surveillance des pestes végétales. Pour ces Journées Réunionnaises de l’Environnement, les agents veulent sensibiliser le public au fait qu’il y a de plus en plus d’espèces envahissantes dans l’île.
Au-delà des “stars” contre lesquelles « il n’est plus possible d’agir » - la longose, l’arum, le goyavier ou le raisin maron -, l’île est colonisée par de nouvelles espèces exotiques. « Si on ne fait rien, demain, ces espèces envahissantes seront 200 à 300 », disent les agents de l’ONF, Julien Triolo, écologue, Alain Brondeau, responsable de la biodiversité et de l’aménagement et Alain Fontaine, chargé de communication.
La première difficulté est de définir ce qu’est une espèce envahissante et comment savoir si une espèce nouvelle, introduite le plus souvent pour ses qualités ornementales, va s’avérer “envahissante” ou non. « Chacun est libre de planter dans son jardin et la réglementation phytosanitaire française autorise l’introduction d’espèces nouvelles si ce qui est déclaré est sain », explique Alain Brondeau.
Mais l’acte d’introduire des espèces nouvelles soumet le biotope réunionnais à une pression à laquelle, parce que c’est un espace insulaire, il n’est pas en mesure de résister ; d’autre part, une espèce introduite peut connaître pendant des décennies un développement “normal” ou équilibré et devenir “envahissante” à la faveur de conditions nouvelles. C’est le cas du tulipier du Gabon, un arbre couvert de fleurs vermillon superbes, dont on a longtemps pensé qu’il était sans danger « puisqu’il ne donne pas de fruit ». Pas de chance ! Notre zoizo blan endémique, on ne sait pour quelle raison - car en plus, nous savons très peu de choses des animaux dont nous partageons l’espace vital - s’est mis à polliniser les fleurs du tulipier, qui est ainsi devenu une des espèces « potentiellement invasives », avec le Ravenala (l’arbre du voyageur), la Medinilla et les Acacias, en particulier l’Acacia nilotica (voir encadré) , qui a déjà envahi l’île Rodrigues.
« Il est très difficile d’être certain qu’une plante va être envahissante ou non », reconnaît Alain Brondeau, « mais l’expérience acquise par les Australiens en la matière peut aider à savoir si une espèce est “à risque”. Par exemple, si elle est connue comme “envahissante” déjà ailleurs sur la planète... ».
Un biotope insulaire unique à protéger
Julien Triolo, écologue, estime très important de faire comprendre que nous sommes en charge d’une partie de la biodiversité de la planète, une partie très typique et très fragile. « La Réunion est un milieu endémique unique, classé parmi les milieux insulaires tropicaux les mieux préservés au monde (voir encadré) . Il ne s’agit pas seulement de protéger des espèces “isolées” ; c’est tout un milieu naturel à protéger, un biotope où les espèces interagissent les unes sur les autres ».
« En 3 millions d’années, environ 1.000 espèces ont été introduites sur l’île (par les vents, les courants océaniques, les oiseaux...), et en 350 ans d’occupation humaine, plus de 3.000 plantes exotiques ont été introduites, dont environ un tiers s’est adapté en milieu naturel ». Et sur ce millier, l’ONF a répertorié déjà une centaine (10%) de plantes très envahissantes, c’est-à-dire contre lesquelles la bataille est « perdue d’avance » parce qu’il serait très coûteux de les éliminer. Cela représente une très forte pression. « Cela va beaucoup trop vite. Nous sommes sur une île. Pendant des millions d’années, les pressions de la sélection naturelle se font à un rythme qui n’est pas celui des continents. Naturellement, les espèces indigènes insulaires sont moins compétitives que les espèces continentales, habituées à résister à plus de prédateurs et à une pression plus forte », alerte Julien Triolo, qui rappelle que la « vulnérabilité des espaces insulaires » est établie par des générations de scientifiques depuis 1 siècle et demi.
Agir tous ensemble
Depuis 4 ans, l’ONF a expérimenté une procédure de détection précoce et d’élimination rapide, qui permet d’exercer un contrôle au moindre coût. C’est pour généraliser ce contrôle et responsabiliser tout le monde, et chacun dans la protection du milieu naturel réunionnais, que l’ONF en appelle à l’opinion publique. « Il est important d’agir, mais on ne peut pas agir seuls », reconnaissent les agents de l’ONF.
Ils ont principalement 3 messages à faire passer :
1) Cesser d’introduire des espèces nouvelles et planter des endémiques dans les jardins. Personne ne peut dire, d’une plante exotique introduite : “Elle va rester dans mon jardin”. L’ONF pense avoir éradiqué l’Herbe de la Pampa, une graminée géante, potentiellement envahissante, trouvée à la Roche Ecrite. Eliminer l’hortensia des sous-bois des forêts primaires est déjà beaucoup plus hasardeux.
2) Ne pas planter d’espèces envahissantes et se renseigner sur les “listes noires“.
3) Prévenir l’ONF lorsqu’est détectée une espèce nouvelle. Ils ne sont que 30 à 40 agents, assistés de 180 ouvriers de terrain pour contrôler et protéger 100.000 ha. Une procédure a été étudiée et 250 fiches alerte sont accessibles dans une base de données et sont à l’origine de plusieurs “chantiers de terrain” soutenus par le Conseil général et l’Europe.
D’après ces premières expériences, des actions d’envergure seraient à prévoir dans le cadre du Parc National des Hauts par exemple et avec le soutien du Conservatoire botanique et des nombreuses associations déjà mobilisées pour la protection de la biodiversité réunionnaise.
P. David
En bref
• Campagne de sensibilisation : celle de l’ONF va faire le tour de l’île. Elle s’appuie sur un dépliant tiré à 10.000 exemplaires et une exposition actuellement visible à la médiathèque François Mitterrand (Saint-Denis) jusqu’au début de la semaine prochaine.
• Définition : les plantes exotiques envahissantes sont des plantes non endémiques (provenant en général d’un autre continent) introduites intentionnellement ou non, qui réussissent à s’établir dans la nature et se répandent massivement aux dépens des espèces indigènes. Elles sont la deuxième cause de la diminution de la diversité biologique au niveau mondial, selon l’UICN. L’article 8 (h) de la Convention sur la Diversité Biologique préconise la prévention de nouvelles introductions et le contrôle ou l’éradication des espèces envahissantes déjà établies.
• Réglementation phytosanitaire : elle n’est pas la même en France et dans les pays anglo-saxons, plus rigoureux. En France, si ce qui est déclaré est sain, on peut introduire ce qu’on veut, même une peste végétale. L’évolution de la loi prévoit qu’on pourrait interdire l’introduction de certaines espèces dont le nom figurerait sur une liste accompagnant le décret d’application... Mais la liste ne sera jamais exhaustive.
• Plantes endémiques décoratives : l’ONF estime que les Réunionnais sous-estiment généralement la valeur décorative de leurs plantes endémiques. Ils donnent l’exemple de notre latanier rouge de Bourbon devenu une “star” en Floride et invitent les amateurs de plantes à interroger davantage les horticulteurs et les pépiniéristes.
Milieu endémique et « mondialisation botanique »
« De la même façon qu’on mange la même chose un peu partout, nos milieux naturels tendent à devenir les mêmes partout », commente Julien Triolo en prenant l’exemple des aéroports. Un peu partout sur la planète, ils sont les vitrines de cette mondialisation botanique : ravenala, tulipiers du Gabon, lauriers roses (ou blancs)... A l’inverse, le phénomène de création de nouvelles espèces dans les îles (les endémiques) s’explique par l’isolement et l’adaptation à des conditions environnementales nouvelles. On compte 60 fois plus d’oiseaux endémiques dans les îles d’Outre-mer qu’en France métropolitaine, par exemple. Si les endémiques (plantes ou animaux) disparaissent, ils/elles disparaissent de la surface du globe, et c’est toute la biodiversité qui perd.
Les invasives : un peu, beaucoup, dangereusement, à la folie...
L’ONF a dressé une liste d’une centaine d’espèces considérées comme déjà « dangereuses pour la nature réunionnaise » (détection précoce) et classé en 4 catégories certaines espèces introduites, selon le danger « d’invasion » qu’elles présentent.
Potentiellement invasives :
- Le tulipier du Gabon,
- Le Ravenala,
- La Medinilla (espèce ornementale de la même famille que le Tabac Bœuf et le Doudoul) ;
Les nouvelles invasives qui progressent :
- Petit glaïeul : peste végétale en Afrique du Sud, elle a formé dans les hauteurs de l’île d’immenses tapis herbacés mono-spécifiques.
- Fanjan australien : les ouvriers de l’ONF en ont déjà éliminé plusieurs centaines d’individus.
- Frêne de l’Himalaya : Introduit dans un jardin il y a une centaine d’années, il commence à envahir les hauts de Saint-Denis.
Les nouvelles invasives qui inquiètent :
- Hortensia : considérée comme “plante locale” dans les hauts, l’hortensia a quitté les bords de route (RN3) pour envahir les sous-bois des forêts primaires. « Sous l’hortensia, rien ne pousse », disent les botanistes. Que se passera-t-il dans une ou deux générations, si les jeunes pousses des bois de couleur sont étouffées par des fourrés d’hortensias ?
- Begonia rex a commencé à envahir la forêt de Bébour en prenant la place des espèces indigènes.
- Clerodendrum speciosissimum s’est échappée depuis peu des jardins pour prendre ses aises dans les trouées forestières de l’Est et du Sud-Est.
Très invasives sur de nouveaux territoires :
- Ajonc d’Europe : un épineux problème...
- Zépinar : c’est aussi un épineux, bien connu du littoral Ouest. L’ONF le combat là où il est encore peu implanté, à la Pointe au Sel (Saint-Leu).
- Tabac Bœuf : elle est devenue une plante invasive de l’Est en moins de 30 ans et a été détectée dans l’Ouest, à la Grande Chaloupe, en début d’invasion.
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Messages
7 novembre 2012, 21:26, par Gaelle
Merci pour ce balayage des plantes nuisibles, la Réunion doit rester un petit paradis et c’est l’affaire de tous, merci de vulgariser le nom de certaines plantes envahissantes afin de faire réagir les mentalités.
Gaelle