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Cultivateurs dans les Hauts de Bois-de-Nèfles
27 février 2007
Dans les Hauts de Bois-de-Nèfles Sainte-Clotilde, une vingtaine d’agriculteurs louent les terres pentues, difficiles d’accès, et d’exploitation qui surplombent la capitale et où, par manque d’irrigation, sont majoritairement cultivés la banane et l’ananas. Hier, l’un d’eux, Jean-Jacques Barbien, dressait le bilan de ses pertes : 1 hectare d’ananas en semis, 95% de son exploitation de bananes, quelques avocatiers et fruits de la passion. Ses principales sources de revenu ont succombé à Gamède, et la saison cyclonique n’est pas terminée.
Hier matin, dans les hauteurs de Saint-Denis, les rafales de pluie et de vent étaient encore tenaces. Les cultivateurs n’attendaient que le retrait de l’alerte rouge pour aller, dès le lever du jour, constater les dégâts et commencer à dégager les chemins d’exploitation. Bien qu’habitués à la dureté de la tâche, aux aléas des intempéries, surtout en période cyclonique, nombre d’agriculteurs comme Jean-Jacques trouvent le métier de plus en plus difficile, de plus en plus coûteux, physiquement et financièrement.
« Si l’on n’a rien à vendre, eh bien, on mange ce que l’on a »
Sur ses 4 hectares d’ananas situés dans les Hauts de Bois-de-Nèfles, 1 hectare en préparation est complètement perdu, tout comme les dizaines de pieds de bananes jouxtant ses terrains, ou encore cet autre hectare dans les Hauts de La Bretagne, littéralement anéanti. Quelques pieds d’avocats et de fruits de la passion disséminés ça et là n’ont eux non plus pas résisté à Gamède. « Tout est perdu, l’engrais, le plastique, l’ananas », déplorait hier matin Jean-Jacques, observant au loin ce qu’il restait de ce semis achevé, il y a à peine une semaine. Entre la location du tractopelle pour les différentes étapes de préparation du sol, l’achat de l’engrais de fond, des mètres de plastiques... c’est un investissement de près de 5.000 euros qui a été emporté par les vents. Entre la replantation et la récolte, cet hectare d’ananas ne sera rentable que dans 6 à 8 mois, selon l’évolution du temps. Quant aux bananiers, ces champs de pieds couchés offrent une triste vue. Pourtant, « l’ananas et la banane sont mes principales sources de revenu », explique Jean-Jacques. Les régimes tombés à terre seront dès cette semaine proposés sur les marchés, et comme beaucoup de cultivateurs vont se retrouver dans le même cas, l’offre en bananes sera importante et à bon prix. Jean-Jacques maintiendra son tarif de 20 bananes pour 2 euros, et lorsque le fruit sera plus rare, il faudra compter entre 6 et 10 bananes pour 2 euros. Après ça, une fois les stocks écoulés, voire jetés, si les clients sont “ragoulés” des bananes, « je vais travailler au ralenti », concède Jean-Jacques. Et pour vivre, pas d’autre choix : « Si l’on n’a rien à vendre, eh bien, on mange ce que l’on a ». Il lui faut encore remettre ses terres en route, dégager les sentiers, et tout ceci, sans main d’œuvre supplémentaire, car les comptes d’exploitation ne permettent pas d’embaucher. C’est l’entraide entre les agriculteurs qui va encore une fois prédominer.
« Le seul moyen reste l’emprunt »
« A des moments, je me demande si je ne ferais pas mieux de changer de métier, mais pour faire quoi d’autre ? ». A bientôt 41 ans, et 16 ans d’agriculture à son actif, Jean-Jacques ne compte même plus ses heures de travail entre l’exploitation et la vente sur les marchés, tout ce temps qu’il ne passe pas avec sa famille. Alors, quand il s’entend dire que les agriculteurs sont des privilégiés, Jean-Jacques est prêt à échanger un temps son quotidien avec celui de ses détracteurs. « Je fais encore 10 ans, mais je n’irai pas jusqu’à la retraite, c’est trop pénible, soutient le gaillard aux larges épaules. Mon papa a travaillé la terre jusqu’à 65 ans pour finir avec un infarctus, sans plus pouvoir bouger, et pour gagner quoi au final ? Rien ». C’est dans ces moments durs que le moral aurait tendance à fléchir, même si Jean-Jacques n’est pas de ceux qu’un cyclone de plus pourra abattre. Après tout, « Dina a raflé plus que ça, même au niveau des ananas qui ont subi des vents à ras de terre ». Néanmoins, quand il envisage ce retour à zéro, les investissements financiers qu’il va encore falloir trouver, il n’en démord pas : « Plus ça va, plus c’est dur. On dépense plus qu’on ne gagne ». Les charges de la maison, les 4 enfants à nourrir... pour Jean-Jacques, « le seul moyen reste l’emprunt ».
« Mon chiffre d’affaires a chuté de 70%, sans compensation »
Car, entre l’épisode du chik, qui a mis un coup d’arrêt à son travail avec les hôtels, et les pluies de Diwa, « mon chiffre d’affaires a chuté de 70%, sans compensation (...). D’autres camarades dans le même cas que moi ont fait des demandes d’aide, mais n’ont rien obtenu, explique Jean-Jacques. Et puis, je sais comment ça se passe. S’il faut encore aller et tourner pendant des semaines pour remplir 2 tonnes de paperasses et gagner 200 à 300 euros. Il vaut mieux pour moi que je travaille à remettre mes terres en état ». On l’aura compris, même si Gamède est déclaré catastrophe naturelle, l’agriculteur ne compte pas trop sur des aides qui ne rembourseraient même pas ses investissements en produits. « Des choses sont soi-disant développées pour venir en aide aux agriculteurs, mais on ne voit rien. Je n’y crois pas trop ». Peut-être qu’avec le changement de présidence à la tête de la Chambre d’Agriculture, des efforts seront faits ? Jean-Jacques n’exclut pas cette éventualité. Quoi qu’il en soit, le métier est de plus en plus difficile, et les supermarchés sont indéniablement une concurrence de taille pour les agriculteurs, une concurrence qui menace la profession. On le dit, on le sait, même si rien ne change vraiment. « Les grandes surfaces sont tout le temps en anniversaire, en promotion, juste pour attirer le client, mais bien souvent, c’est de l’arnaque », estime Jean-Jacques, aussi consommateur, averti de surcroît. Et ce ne sont pas les grandes surfaces qui font marcher l’agriculture locale, car exceptés quelques groupements, elles ne travaillent pas avec les agriculteurs réunionnais.
« On importe n’importe comment, sans contrôle »
La grande distribution ne va quant à elle pas pâtir des intempéries. Jean-Jacques explique que « le supermarché va faire venir tout, on ne pourra pas concurrencer. D’ailleurs, on importe n’importe comment, sans contrôle. On fait venir des carottes d’Australie alors que l’on en a ici qui ne sont pas vendues. Et même en élevant les prix sur les produits importés, il sera toujours gagnant dessus ». En pleine saison, il y a 2 mois, Jean-Jacques vendait 6 à 10 ananas pour 2 euros, alors que déjà, le supermarché vendait l’ananas de 90 centimes à 1,20 euro l’unité. Selon lui, on met trop souvent l’accent sur la flambée des prix des produits locaux après les cyclones, mais pas assez sur ce type d’abus. De plus, « le supermarché met tout en chambre froide, il n’a rien à perdre alors que nous, ce qui n’est pas vendu est perdu ». La filière exportation est quant à elle mal organisée : « quand on a ce qu’il faut, on ne nous demande pas, et c’est quand on manque de produits que l’on fait appel à nous », relève Jean-Jacques. De plus, avec le coût du fret, les produits locaux sont vendus 5 à 6 fois plus cher au kilo à l’export. « Ou l’agriculture est mal subventionnée pour l’exportation ou pour les planteurs, ou encore, c’est le fret qui coince », constate le cultivateur. Au vu des difficultés d’irrigation et du coût de l’eau, beaucoup de planteurs de canne mixent leur production avec l’ananas qui nécessite peu d’irrigation. L’ananas, l’une des deux sources de revenu de Jean-Jacques Barbien, sera bientôt en surproduction. Le tableau n’est pas réjouissant, mais c’est le lot quotidien de nos agriculteurs. A chacun de réfléchir au problème en toute conscience, de s’interroger et sur ses modes de consommation et sur l’avenir de notre société, où mondialisation des échanges rime avec ratatouille surgelée venue de l’autre côté du globe.
Stéphanie Longeras
Jean-Yves Minatchy sonne l’alerte sans attendre
« Il faut aller vite »
Jean-Yves Minatchy, Président de la CGPER et favori pour occuper le siège de la Chambre d’Agriculture, n’attend pas l’accalmie pour prendre le taureau par les cornes afin que les agriculteurs et éleveurs fortement touchés par Gamède puissent bénéficier d’un soutien rapide et efficace. Il a interpellé la DAF et le Département pour que des mesures d’urgence soient engagées.
Alors que le cyclone Gamède flirte encore avec nos côtes, Jean-Yves Minatchy dresse déjà un constat « catastrophique ». Selon les premiers éléments, « toutes les cultures vivrières sont à 100% détruites ». Les 48 heures de fortes et constantes pluies accompagnées de rafales de vent allant de 160 à 200 kms/heure dans les Hauts de l’île ont malmené les exploitations maraîchères, fruitières ainsi que de nombreux élevages.
1 an après Diwa, les maraîchers ont encore la tête dans l’eau
3.500 agriculteurs des filières végétales seraient concernés. Pour la canne, il faudra encore attendre la récolte pour évaluer l’impact du cyclone en fonction des résultats de la campagne 2006. Et Jean-Yves Minatchy de rappeler que 1 an après Diwa - et des subventions difficilement et très tardivement obtenues -, les maraîchers n’ont pas encore sorti la tête de l’eau. Il leur faudra encore près de 3 mois et demi pour relancer leur cycle maraîcher. Semis anéantis, glissements de terrains, serres emportées, fleurs coupées... les pertes sont lourdes et les chantiers de réhabilitation importants. Il pense aux exploitations rurales de Salazie et de Cilaos actuellement isolées et dont la situation appelle à un dégagement rapide de leurs chemins. L’élevage a également été durement touché. Des prairies ont été englouties par les eaux. Certains bovins installés sur les terres de l’ONF, qui a refusé que leur soient construits des abris, ont succombé à l’agression cyclonique. Pour d’autres éleveurs encore, « zot la pa giny alimante zot shéptèl pandan l’alèrt rouz ; dot ankor la téléfonn anou pou di zot foss a vivié lavé débord dan zot salle de trèt... ». Et clou rouillé du cyclone, l’effondrement du pont de la Rivière Saint-Louis. « Koman bann zélvèr, lé alimanté par l’Urcoopa, zot i sa fé ? Sé in gro problèm », se préoccupe encore Jean-Yves Minatchy qui souhaite qu’une solution, même provisoire, soit rapidement mise en place par les autorités.
Bilan des dégâts jeudi à la DAF
Si la demande de Jean-Yves Minatchy a été actée officiellement par le Ministre de l’Outre-mer qui souhaite que Gamède soit déclaré catastrophe naturelle, ce dernier estime néanmoins qu’il faut passer aux actes sans attendre. « Maintenant, il faut aller vite ». Et d’ouvrir le chemin en s’adressant dès dimanche à la DAF pour que ses techniciens soient à pied d’œuvre hier matin afin d’estimer, sur le terrain, les pertes des filières végétales et animales. Un bilan sera dressé jeudi 14 heures à la DAF pour constituer les dossiers d’aide le plus rapidement possible, afin que les sinistrés puissent bénéficier des indemnités au plus tôt. Parallèlement, le président de la CGPER a interpellé la présidente du Département pour que des mesures d’urgence soient engagées.
Stéphanie Longeras
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