Plusieurs traces de montées en pontes ont été relevées sur des plages de la côte Ouest : 18 à ce jour ! Après plusieurs nuits de surveillance discrète, les scientifiques de la Ferme Corail et du Centre d’étude et de découverte des tortues marines ont enfin pu assister à cette étape vitale du cycle biologique de la tortue.
Une surveillance a été organisée sur une plage, celle-là même où les traces étaient les plus fréquentes.
Pendant la période de reproduction, les tortues femelles reviennent pondre selon des cycles plus ou moins réguliers : 3 à 4 fois en moyenne.
Patience et persévérance ont été récompensées, puisque cette semaine les scientifiques de la Ferme Corail pu assister en direct à la ponte d’une femelle.
Grâce à une caméra numérique équipée d’un système pour filmer de nuit, ils ont pu enregistrer chaque étape de la ponte. (Une faible lampe frontale à uniquement été utilisée pour éclairer les œufs).
Il est important d’éviter toute lumière, mouvements et bruits sous peine que la femelle arrête sa ponte et retourne à la mer. Elle va alors chercher un autre lieu de ponte plus tranquille.
Cet événement exceptionnel est extrêmement encourageant pour les tortues marines à La Réunion. C’est un des indicateurs de la qualité des milieux. La présence de ces animaux atteste que les plages concernées regroupent les conditions naturelles nécessaires à leur reproduction.
La tortue qui a pondu est une femelle sauvage d’une longueur de carapace de 106 centimètres. Elle ne fait pas partie des 140 tortues relâchées par la Ferme Corail depuis 1998. Elle n’était pas marquée et sa carapace n’a pas le dessin jaspé spécifique des tortues d’élevages. Elle a donc choisi sa plage de ponte selon des critères naturels.

Réhabiliter les sites de ponte

C’est un grand jour pour ceux qui travaillent pour la réhabilitation des sites de pontes à La Réunion, convaincus que le développement de l’île n’est pas incompatible avec ce projet. Il faut simplement que certaines règles soient mises en places et respectées. Une application concrète du développement durable qui assurera que nos enfants et nos petits-enfants pourront eux aussi connaître l’émotion d’assister à la ponte des tortues de mer.
Toute l’équipe de la Ferme corail se tient à la disposition des personnes qui relèveraient des traces de montées pour valider cette observation et si cela s’avère possible, organiser une surveillance nocturne.
L’étude des plages sur lesquelles les tortues sont montées depuis juin donne des indications précieuses sur les possibilités de réhabilitation des plages de pontes. Plusieurs communes de l’Ouest et du Sud pourraient êtres concernées.
Les points importants pour qu’une ponte se passe dans de bonnes conditions sont la végétation d’arrière plage qui joue un rôle d’écran pour les bruits et les lumières, la qualité du sable et la fréquentation et les usagers sur ces plages la nuit.
D’autres facteurs en étude pourraient cependant également intervenir.

Le marquage de tortues

La Ferme Corail et l’IFREMER (Institut français de recherches pour l’exploitation de la mer) utilisent 3 types de marquage pour identifier les tortues qu’ils relâchent et étudient :

- Des bagues métalliques fixées à l’arrière des nageoires antérieures. Y sont indiquées un code spécifique à la tortue et l’adresse à laquelle renvoyer la bague si elle est retrouvée.

- Des transpondeurs : petites puces magnétiques implantées sous la peau de la nageoire qui possèdent un code à 12 chiffres unique. Cette marque ne peut être lue qu’avec un lecteur spécifique.

- La photo identification : l’écaillure des profils droits et gauches de la tête étant utilisés comme les empreintes digitales chez l’homme.

Chaque méthode présente des avantages et des inconvénients. L’utilisation conjuguée des 3 méthodes est une garantie de bonne identification.