Lutte contre l’effet de serre : les décideurs devant leurs responsabilités

Publication du rapport final du GIEC - Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Évolution du Climat

3 février 2007

Le Groupe 1 du GIEC a publié hier à Paris un résumé à l’attention des décideurs. Il prévoit notamment une aggravation du réchauffement climatique, un phénomène lié à plus de 90% aux activités humaines, estiment les scientifiques.

Au terme d’une semaine de débats, les scientifiques du Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Évolution du Climat (GIEC) ont publié hier un résumé à l’attention des décideurs établissant avec un degré de certitude jamais atteint auparavant que les activités humaines sont responsables du réchauffement climatique.

Le texte final du document juge, avec une probabilité de plus de 90%, que l’essentiel du réchauffement climatique de ces cinquante dernières années est imputable à des activités humaines et en particulier à l’utilisation de combustibles fossiles.

Le précédent rapport du GIEC, en 2001, établissait un lien entre les activités humaines et le réchauffement avec une probabilité d’au moins 66%. Le résumé de vingt pages destiné aux preneurs de décisions évoque également les risques de voir les glaciers de l’Arctique disparaître en été d’ici 2100 et les courants du Gulf Stream ralentir.

Jusqu’à 6 degrés de plus en moyenne

« La plupart des augmentations observées des températures moyennes depuis le milieu du 20ème siècle sont très probablement dues à l’augmentation observée des concentrations de gaz à effet de serre anthropogéniques (d’origine humaine) », dit le texte. Jamais, souligne le GIEC, les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère n’ont été aussi élevées depuis 650.000 ans. Le dernier rapport du GIEC fournit les preuves les plus concluantes à ce jour de ce que les activités humaines causent de dangereux changements climatiques, a déclaré Camilla Toulmin, qui dirige l’Institut international pour l’Environnement et le Développement, basé à Londres. « Le temps est compté pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », a-t-elle dit.

Le rapport prédit aussi une augmentation probable des températures de 1,8 à 4 degrés centigrades au 21ème siècle, avec une fourchette plus large oscillant entre 1,1 et 6,4 degrés. Ces niveaux de température s’entendent pour une température "moyenne" de la Terre qui serait fortement différenciée selon les régions, pouvant être multipliée par deux aux pôles par exemple.
Les températures ont augmenté de 0,7°C au 20ème siècle et, depuis que l’on a commencé à établir des statistiques, en 1850, les dix années les plus chaudes ont été postérieures à 1994.

Relancer la lutte

Le GIEC prédit des pluies diluviennes, une fonte des glaciers, des sécheresses, des vagues de chaleur et une lente montée du niveau des mers. Selon les scénarios envisagés et compte tenu des marges d’incertitude, le niveau des mers augmenterait au minimum de 19 à 37 cm et au maximum de 28 à 58 cm.

D’après le quotidien australien "The Age", les projections de ce texte, intitulé "Impacts, adaptation et vulnérabilité", indiquent que 200 à 700 millions de Terriens pourraient souffrir de pénuries alimentaires d’ici 2080 du fait du changement climatique. Les pénuries d’eau pourraient frapper elles entre 1,1 et 3,2 milliards d’êtres humains.

Le rapport publié hier est produit par le Groupe 1 du GIEC, qui recense les "bases scientifiques physiques" sur le phénomène climatique. D’autres groupes de travail publieront cette année leur rapport. Le groupe 2 diffusera en avril à Bruxelles ses conclusions sur les conséquences probables du changement climatique.
Suivront le rapport du groupe 3 sur les options envisageables, attendu en mai prochain à Bangkok, puis un rapport de synthèse qui sera publié en novembre en Espagne.

Des responsables de l’ONU espèrent que le rapport du GIEC permettra de relancer les discussions actuellement gelées sur l’extension de la lutte contre le réchauffement climatique. Ils souhaitent que ce rapport incite les gouvernements et les entreprises à faire davantage pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dégagés principalement par les combustibles fossiles dans les centrales électriques, les usines et les véhicules automobiles.
Trente-cinq nations industrielles se sont engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2008-2012 de 5% par rapport aux niveaux de rejet de 1990 dans le cadre du Protocole de Kyoto. Ces pays souhaitent à présent que des pays extérieurs au protocole (États-Unis, Chine, Inde) en fassent davantage.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus