Monde rural et développement durable

3 juin 2006

Comment les acteurs de la ruralité perçoivent-ils le développement durable ? Ont-ils conscience de le pratiquer, et par quels gestes ? Qu’en attendent-ils ? Ces questions trouveront peut-être leur réponse dans le programme d’échanges et de visites organisé dans le “Sud sauvage” par plusieurs partenaires avec l’association Villanelle-Réunion, dans le cadre de la Semaine du développement durable.

Réunis dans le très beau cadre du bassin de Manapany, à Saint-Joseph, jeudi matin, une vingtaine d’adultes en stage APR (Association pour la promotion rurale) de création d’entreprise ont retrouvé deux jeunes animateurs de l’association Villanelle-Réunion, pour participer à un débat sur le thème du développement rural.
L’association est toute jeune (voir encadré), ses animateurs aussi, tel le président Harry Malet, bardé de l’enthousiasme ardent du débutant... !
Les stagiaires présents avaient tous des centres d’intérêt diversifiés et aussi des questions qui recoupaient des domaines partagés. La rencontre a commencé avec la projection d’un CD-Rom conçu par la DIREN en pluri-partenariat : les thèmes abordés commençaient par la maîtrise de l’énergie et glissaient progressivement vers des actes d’entreprises citoyennes dans la récupération de l’eau ou le traitement des déchets. Ils finissaient avec une ouverture sur le commerce équitable et des projets formés en ce sens par des associations de quartiers, avec l’appui de la Chambre régionale d’économie sociale (CRES) et le Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA).
Les stagiaires en formation à l’APR portent des projets qui vont du centre d’aqua-gym - relaxation et multiples activités de remise en forme en piscine - au gîte, table d’hôte, ambulancière, camion-bar ou centre de production artisanale, liée ou non à l’artisanat d’art.
Ils sont interpellés par les notions d’agrotourisme ou de tourisme participatif et se demandent comment instaurer une autre relation, durable, avec les visiteurs des futurs sites. Ils sont aussi, pour beaucoup, en recherche de pratiques différentes, pour lutter contre l’érosion ou l’écoulement des eaux de surface.
Certains d’entre eux déplorent le manque d’information, ou de formation, ou encore les difficultés à trouver les bons relais, entre les institutions référentes et les associations porteuses des projets.
On peut regretter que l’organisation du débat ne les ait pas mis en présence de plusieurs interlocuteurs. La présence d’un unique (et très jeune animateur) a sans doute été une limite à l’approfondissement des questions. Ils trouveront leurs réponses pas à pas, dans l’expérience.

P. David


Villanelle*-Réunion :

Un greffon européen à la Plaine des Cafres

Villannelle-Reunion est l’association support pour la table ronde qui a eu lieu jeudi à Manapany sur le thème “Développement durable et développement du monde rural”. Elle existe depuis 2001 et œuvre "pour la promotion de La Réunion dans l’Europe et dans le monde", par des actions de soutien à un apprentissage continu en milieu rural.
Elle s’est rattachée au projet Europe Festiv’art et participe aussi au projet READ (Recherche et échange pour l’accès au développement durable), qui est un partenariat éducatif européen réalisé dans le cadre du programme Socrates 2002-2005 - un programme européen pour la mobilité et la formation, qui inclut des actions de formation d’adultes.
C’est dans ce cadre très balisé que Villanelle-Réunion a présenté le projet Ecosol, inscrit au Top 100 des actions nationales 2006, parmi les cinq meilleurs projets réunionnais.
Ecosol est un projet "d’école solidaire du développement durable", par lequel l’association entend "promouvoir le tourisme solidaire, dans une démarche économique équitable", faite pour consolider le tissu socio-économique, au moyen de produits "de qualité et authentiques".

* Vient de villanella, chanson médiévale pastorale et populaire, d’origine napolitaine. Le nom a été repris par un réseau d’agrotourisme italien.


Deux exemples d’agrotourisme en gestation

o Raymonde Vienne

Une “table d’hôte participative”

À Saint-Joseph, Raymonde Vienne est agricultrice sur une petite exploitation (10 hectares) où poussent du palmiste, du gingembre, de la canne à sucre, des “pié d’vakoa”. Elle est en formation avec l’APR pour aller vers une diversification : une table d’hôte, avec les gîtes de France. "Je voudrais avoir plus de contacts et d’échanges... Je trouve cela plus convivial". Elle envisage de faire visite l’exploitation familiale, préparée à cette fin comme un parcours attractif d’agrotourisme, une sorte d’écomusée agricole vivant.

o Yvonne Castieau et Suzann Githongo

La vraie valeur du vacoa

Les deux jeunes femmes sont d’origine malgache et kenyane. Elles veulent mettre en valeur l’artisanat du vacoa dans une pratique de commerce équitable qui permettrait aux artisans de vivre de leur production, valorisée par des idées de finition et d’innovation dans les modèles. "La valeur ajoutée du projet est dans le rapport qualité/prix", déclarent-elles, pleines de conviction.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus