La Réunion encore plus enclavée

Nécessité d’une compagnie maritime régionale

13 août 2013, par Manuel Marchal

Le basculement progressif de la route maritime reliant l’Europe à l’Asie va encore plus éloigner La Réunion des grands flux. Pour empêcher que le désenclavement de notre région soit renchéri par la règle de l’offre et de la demande, il existe une alternative : la création d’une compagnie régionale maritime.

Voici une des conséquences du changement climatique : l’ouverture d’une route maritime par l’océan Arctique entre l’Asie et l’Europe. C’est un événement aussi important que l’ouverture du Canal de Suez en son temps.

Une des premières raisons de l’implantation d’une colonie à La Réunion, c’était sa situation stratégique sur la route maritime reliant l’Europe à l’Asie. Du temps de la marine à voiles, les bateaux devaient longer les côtes de l’Afrique, passer le Cap de Bonne espérance, passer au sud de Madagascar puis traverser l’océan Indien pour atteindre l’Inde.

Au 19e siècle, le progrès technologique permet de se passer du vent pour assurer la propulsion des navires. L’arrivée de la machine à vapeur coïncide avec la colonisation de l’Egypte. Elle rend possible la prise de contrôle par les Européens d’une bande de terre entre Méditerranée et mer Rouge où sera percé le Canal de Suez.

La conséquence a été le basculement du trafic entre l’Asie et l’Europe par la mer Rouge, le canal de Suez et la Méditerranée. La Réunion s’est trouvée d’un coup à l’écart d’une des principales routes commerciales du monde.

Sur les rivages de la mer Rouge et de l’océan Indien, les ports d’Aden (Yemen), de Djibouti et de Salalah (Oman) se sont considérablement développés au détriment de l’ancienne ligne de la navigation à voile.

Avec l’ouverture du passage du Nord-Est par l’océan Arctique, la route principale entre l’Asie et l’Europe sera encore plus au Nord. Cela signifie que moins de bateaux seront disponibles pour transporter des marchandises de et vers La Réunion. En effet, tous les bateaux reliant la Chine ou le Japon à l’Europe n’auront plus de raison de transiter par l’océan Indien.

Voilà qui risque de renchérir le coût du transport entre notre île et l’hémisphère Nord. L’existence d’une compagnie maritime régionale dont l’objectif principal est le désenclavement de notre région permettra une alternative. Son principal avantage sera la maîtrise de notre désenclavement, quelle que soit l’évolution des routes maritimes.

M.M.


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