Accroitre les financements pour la transformation écologique

Nécessité de multiplier par 7 les financements en énergies propres dans les pays du Sud

23 juin 2023

Sur les 770 milliards investis dans les énergies propres dans les économies émergentes et en développement, plus des trois quarts se concentrent dans trois grandes économies : Chine, Inde et Brésil.

Les financements dans les énergies propres devront être multipliés par sept à partir de 2030 dans les pays émergents et en développement hormis la Chine, s’ils veulent couvrir leurs besoins et atteindre les objectifs requis pour limiter le réchauffement planétaire.

Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de l’International Finance Corporation (IFC), "les investissements, publics et privés, dans les énergies non-fossiles dans les économies émergentes et en développement devront plus que tripler" passant de 770 milliards en 2022 à entre 2 200 et 2 800 milliards de dollars par an au début des années 2030.

Ils devront rester à ces niveaux jusqu’en 2050 pour contenir le réchauffement planétaire à une température de +1,5°c par rapport à l’ère pré-industrielle. "L’augmentation est encore plus forte" dans ces pays, sans compter la Chine, ce qui est revenu à multiplier par sept les investissements annuels de 260 milliards à un niveau de 1 400 à 1 900 milliards de dollars, selon le rapport.

Ce rapport a été réalisé par l’AIE, émanation de l’OCDE et de l’IFC, branche de la Banque mondiale. Il montre qu’aujourd’hui, les 775 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’électricité dans le monde vivent dans des pays émergents et en développement.

Poussés par l’Accord de Paris sur le climat en 2015, les investissements mondiaux dans les énergies propres pour sortir de l’ère fossile augmentent, mais "plus de 90% de cette croissance provient des économies avancées et de la Chine" et "seulement 10% des pays émergents et en développement", a souligné Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE lors d’un point presse à Paris. "Nous devons changer la donne", a assuré ce dernier.

De plus, sur les 770 milliards investis dans les énergies propres dans les économies émergentes et en développement, plus des trois quarts se concentrent dans trois grandes économies : Chine, Inde et Brésil.

Ce rapport conclu qu’il sera "impossible" de compter sur les seuls investissements publics car "environ 60% des financements en énergies propres dans les pays émergents et en développement devront provenir de sources privées", a déclaré Fatih Birol. D’où cet appel à "accélérer les investissements privés".

De son côté, la Chine a cumulé en 2022 deux tiers du total des investissements dans les énergies propres réalisés dans l’ensemble des pays émergents et en développement. D’ailleurs, 511 milliards ont été investit, et 32 milliards dans toute l’Afrique... En une année, la Chine a d’ailleurs installé sur son sol 100 GW de nouveaux panneaux solaires soit 10 fois plus que tout ce qui fonctionne déjà en Afrique.

"En Afrique sub-saharienne, une personne sur deux n’a pas accès à l’électricité" alors que "40% des radiations solaires mondiales viennent sur cette région", a relevé Fatih Birol. L’urgence est à tous les niveaux : l’électricité bas carbone, les infrastructures, les carburants à faibles émissions et l’efficacité énergétique.

"Pour répondre aux demandes énergétiques pressantes et aux objectifs de réduction des émissions dans les pays émergents et en développement, nous devons mobiliser des capitaux privés rapidement et à grande échelle", a déclaré Makhtar Diop, directeur de l’IFC cité dans le communiqué.

Outre les obligations vertes, le rapport met en avant d’autres leviers tels que le financement concessionnel (à taux préférentiels) pour les projets qui impliquent des technologies encore risquées ou peu compétitives, tels que le stockage d’électricité, l’éolien marin, ou l’hydrogène bas carbone.

Il avance "la nécessité de réformes" dans ces économies car "les subventions aux combustibles fossiles, les longs processus d’octroi de licences (...) les restrictions sur la propriété privée ou étrangère et les politiques de tarification inappropriées, créent des obstacles à l’investissement ou augmentent le coût des projets d’énergie propre", ont assuré l’AIE et l’IFC dans leur communiqué.


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