Le Centre Saint-Ignace plaide en faveur du co-développement régional

Père Stéphane Nicaise : « Faire l’Indianocéanie »

3 avril 2004

Le 22 mars dernier, paraissait le 19ème numéro de “Un p’tit mot, Trois ptits pas”, le bulletin d’informations du Centre Saint-Ignace de La Réunion, animé par les Pères Jésuites de notre île. En page d’ouverture, un article, intitulé “Faire l’Indianocéanie” et rédigé par le Père Stéphane Nicaise, est consacré aux spécificités de La Réunion en tant que « territoire limité » qui approche bientôt le million d’habitants. L’auteur met en relief les difficultés de notre île et ses atouts pour le développement. En particulier, il souligne l’intérêt des ouvertures possibles, à faire et à renforcer, avec nos pays voisins, « pour que se développe chez beaucoup de jeunes réunionnais le goût de l’aventure pionnière, de la rencontre et de l’échange ». Nous publions ci-après des extraits de cet article, où l’auteur expose dans quel esprit, selon lui, il faut construire le co-développement régional.

La fièvre électorale va bientôt retomber. Elle ne reprendra que dans 3 ans pour l’élection présidentielle. Entre temps, qu’aurons-nous vécu ? Quel courant de fond va continuer à nous animer ?
Or justement, entre régionales et présidentielle, c’est le couple de forces État-Région qui est le moteur de notre vie publique. L’acte II de la décentralisation a en effet transféré aux Régions des compétences de l’État. Il revient alors à chaque Région d’imprimer davantage sa marque propre dans l’ensemble national. Le jeu entre le global et le local devient ainsi plus dynamique. L’État n’est plus le seul arbitre entre les Régions. Une nouvelle confrontation s’instaure entre elles : “confrontation” et non simple concurrence, car il s’agit de se conforter mutuellement dans une certaine image de la France. Et notre Région a de quoi apporter à la corbeille commune.
L’atout Réunion, c’est notre insularité ouverte aux îles de l’océan Indien et des continents qu’il baigne. Mais osons-nous aller jusqu’au bout de notre spécificité, sans trop vite nous cantonner dans le rôle de représentation de la France et de l’Europe dans l’océan Indien ?
Le thème de la mobilité illustre l’ambiguïté ou l’ambivalence de nos sentiments. Tant qu’il ne s’agira que d’alléger notre île de chômeurs potentiels, le départ vers la métropole restera insatisfaisant. Comment, en effet, mobiliser des jeunes en leur laissant entendre qu’ils sont de trop ici ?
(...) Non, si le navire Réunion veut bien considérer que son port d’attache est l’océan Indien, du Cap de Bonne Espérance aux confins de l’Asie, de l’Est africain à Madagascar et aux archipels des Seychelles, des Comores et des Mascareignes. C’est une véritable flottille que notre île a incorporée dès sa mise à l’eau.
(...) Aurions-nous oublié le caractère pluriel de l’identité réunionnaise qui nous met en résonance avec tous les peuples de l’Indianocéanie ? Et si nous décidions de le laisser davantage parler pour que se développe chez beaucoup de jeunes réunionnais le goût de l’aventure pionnière, de la rencontre et de l’échange ! L’Histoire a fait de nous une passerelle entre les peuples et les continents, entre l’ancien et le nouveau monde. Osons rêver à une communauté de destin avec tous nos voisins. Et pourquoi ne pas prétendre devenir la proue du “fait Indianocéanie” ? Il en va de notre confiance dans la jeunesse réunionnaise...

Père Stéphane sj


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