Reprise de l’éruption

Piton de la Fournaise : Le volcan ne dormait que d’un oeil

7 septembre 2004

Le Piton de la Fournaise s’est réveillé dimanche dernier vers 22 heures. Il ne s’agit pas d’une nouvelle éruption mais de la reprise de celle qui avait éclaté le vendredi 13 août. Visible du Grand Brûlé, une coulée de lave se trouve à 3,5 kilomètres de la RN2.

La rencontre de l’eau et du feu a donné naissance à une plate-forme et à 3 cônes volcaniques en bord de mer. (photo Imaz Press Réunion)

Après 21 jours de déchaînement parfois spectaculaire, le Piton de la Fournaise semblait s’être rendormi dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 septembre. Il ne s’agissait que d’une accalmie. Dès le samedi 4 septembre, les appareils de l’observatoire volcanologique enregistraient une faible reprise du trémor. L’activité s’accentuait au fil des heures et dimanche vers 22 heures, la bouche éruptive, qui s’était ouverte vendredi 13 août à 2.200 mètres d’altitude à l’Est du Dolomieu, était de nouveau active.

"Selon toute vraisemblance, nous assistons à une reprise d’éruption et non pas à un nouveau phénomène", explique Philippe Kowalski de l’Observatoire volcanologique. À la suite de mouvements de terrain, les conduits empruntés par la lave ont été obstrués, empêchant ainsi la sortie du magma. Sous la pression de ce dernier, les “bouchons” ont fini par sauter, libérant à nouveau le feu liquide. Des prélèvements vont être prochainement effectués afin de vérifier cette hypothèse, "mais nous sommes quasiment certains qu’il s’agit de la bonne explication", note Philippe Kowalski.
Le survol effectué hier matin par les volcanologues a permis de déterminer que la lave ne jaillit pas du cratère. "Elle emprunte un tunnel et ressort un kilomètre plus loin", indique Philippe Kowalski. À 16 heures hier, le front de coulée se trouvait à moins de 1.000 mètres d’altitude et à environ 3,5 kilomètres de la RN2. Elle suit la coulée, à peine refroidie en surface, côté Saint-Philippe. En raison de la forte déclivité des grandes pentes, la lave déferle relativement vite. Quant au trémor, il est revenu au niveau important qui était le sien la semaine dernière.
Rappelons que la récente colère du volcan avait donné naissance à une plate-forme de 5 hectares sur le littoral de Sainte-Rose et à la formation de 3 cônes volcaniques explosifs en bord de mer à la limite de ce plateau. Un phénomène exceptionnel provoqué par la rencontre de la lave et de l’eau.
La préfecture de La Réunion informe qu’une mission de reconnaissance, effectué hier après-midi avec le concours du directeur de l’Observatoire volcanologique, a permis d’examiner la possibilité d’aménager un sentier piétonnier sur les coulées de lave qui ont traversé la RN2.
Ce sentier sera balisé par la DDE (direction départementale de l’équipement) et l’ONF (Office national des forêts) et sera accessible au public à partir du jeudi 9 septembre au matin.
Le sentier aménagé côté Sainte-Rose demeure interdit au public jusqu’à nouvel ordre. Quant à celui aménagé côté Saint-Philippe, il reste accessible de 8 heures à 17 heures.
L’accès à l’enclos par le Pas de Bellecombe sera rouvert à partir de demain à 6 heures. Mais en raison de la nouvelle phase éruptive sur le flanc Est du Piton de la Fournaise, seul le sentier balisé Chapelle Rosemont - Soufrière - Cratère Bory sera accessible au public.


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