Aménagement du territoire et changements climatiques

Plus que jamais anticiper

27 février 2007

Au lendemain du passage du cyclone Gamède, il faudra du temps pour réparer les dégâts et retrouver une activité normale. Force est de constater que la vie de centaines de milliers de Réunionnais est bouleversée pour une durée indéterminée. C’est toute la vulnérabilité du réseau routier qui est révélée alors que l’œil du cyclone a transité au large, à plus de 200 kilomètres des côtes. Alors que des phénomènes climatiques bien plus intenses peuvent toucher La Réunion, l’anticipation et l’adaptation doivent être les fondements de toutes les décisions concernant l’aménagement du territoire dans le pays.

Effondrement d’un pont de la rivière Saint-Étienne avec pour effet la rupture totale de tout lien entre l’Ouest et les agglomérations de Saint-Pierre et Le Tampon ainsi que le Sud sauvage ; menace sur le passage de la RN1 sur la rivière des Galets et embouteillage monstre sur la déviation par le pont de l’axe mixte entre Cambaie et Le Port ; route du littoral fermée et conditions de circulation apocalyptiques sur la route de la Montagne entre Saint-Denis et La Possession ; route nationale 3 coupée entre Saint-Philippe et Basse Vallée : le passage à plus de 200 kilomètres des côtes réunionnaises d’un cyclone tropical a des conséquences désastreuses pour tous les Réunionnais.
Alors que le phénomène tarde à s’éloigner, les premières constatations annoncent des lendemains difficiles : ce sont les axes routiers les plus fréquentés qui sont coupés.

Graves perturbations pour les transports

Chaque jour en effet, 50.000 véhicules empruntaient le pont de la rivière Saint-Étienne, 50.000 transitent par la route du littoral et un nombre au moins aussi important franchi les ponts de la rivière des Galets. Sur ces trois axes, tout trafic est soit extrêmement difficile, soit impossible. Plus qu’un responsable, le cyclone est un révélateur de la vulnérabilité du réseau routier principal de La Réunion. Quant au réseau secondaire, effondrement, chutes d’arbres, radiers submergés et une route emportée dans le cirque de Salazie sont les conséquences les plus marquantes.
Entre Saint-Denis et La Possession, ainsi qu’entre Saint-Paul et Le Port, des conditions suffisantes à l’écoulement du trafic peuvent être réunies dans les jours qui viennent. Mais entre Saint-Louis et Saint-Pierre, la situation est beaucoup plus grave. Il faudra en effet plus d’une année pour reconstruire le pont qui s’est effondré dimanche matin.
C’est donc vers le Sud que se tournent tous les regards. La liaison entre l’Ouest et le Sud est impossible, et des inspections étaient en cours hier pour déterminer la possible réouverture du pont qui a survécu à la crue de la rivière Saint-Étienne.

Des choix décisifs

L’expérience montre que des phénomènes bien plus puissants peuvent toucher La Réunion. Bien plus qu’un avertissement, Gamède est un appel à prendre conscience de la nécessité d’anticiper sur les événements climatiques à venir. Le siècle qui s’annonce est celui des changements climatiques, avec des perspectives qui n’incitent guère à l’optimisme. L’océan va encore se réchauffer. Une des possibilités invoquées avec insistance est une augmentation de l’intensité et de la fréquence des cyclones. Dans ces conditions, tout choix d’aménagement devra s’adapter à l’évolution du climat. C’est une nécessité pour que La Réunion ne mette pas plusieurs années à se relever du passage d’un phénomène cyclonique et ne voit pas d’obstacles supplémentaires se lever sur le chemin du développement.

Manuel Marchal


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  • souhaitons que le prefet trouve une solution de vrai service public sur le moyen terme et le long terme en nous evitant un contrat de partenariat public privé et un peage.


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