Polluer ne doit plus être gratuit

14 octobre 2008

Les changements climatiques imposent que nous changions. Tous, c’est-à-dire nous citoyens d’une planète en surchauffe ; mais aussi nous industriels grands consommateurs d’énergie. De ce changement nous avons tous à y gagner, en saisissant l’opportunité d’une moindre facture énergétique, d’une croissance verte et fortement créatrice d’emplois de qualité non délocalisables.
Mais pour gagner, il faut anticiper. Prévoir le monde de demain, tant au niveau des politiques environnementales que des nouvelles technologies. La France, forte de ses engagements lors du Grenelle de l’environnement, doit choisir entre saisir cette opportunité ou subir l’envolée des prix de l’énergie et rester spectatrice de la nouvelle économie verte. Force est de constater que, du côté de l’industrie, l’anticipation n’est pas de rigueur.
Trop nombreuses sont les entreprises qui s’opposent au changement indispensable à la préservation de la planète pour les générations futures. En exerçant sur les décideurs politiques un chantage à la délocalisation et à l’emploi, elles cherchent à paralyser la mise en oeuvre de politiques climatiques ambitieuses. La France, en tant que présidente de l’Union européenne, est actuellement la cible d’un chantage très virulent. Profitant de la peur d’une récession économique, de nombreux industriels menacent d’investir à l’étranger si l’Europe donne enfin un prix aux émissions de gaz à effet de serre.
La France ne doit pas céder ! Cette menace est trop souvent évoquée sans réel fondement, comme le montre l’écart immense qui existe entre ce que disent les industriels et ce qui ressort généralement des études faites en toute indépendance. Il n’est plus envisageable qu’un industriel bénéficie gratuitement de permis de polluer, appelé plus poliment quotas d’émissions de gaz à effet de serre. Faire payer ces permis à polluer est non seulement gage d’efficacité économique et d’innovation, mais cela permettra également de mobiliser les moyens financiers dont l’Europe a besoin. Besoin pour investir dans la lutte contre les changements climatiques sur son territoire, y compris pour aider les industriels à rendre leur activité plus propre.
Besoin pour soutenir les efforts des pays en développement dans cette lutte, en particulier les plus vulnérables pour qu’ils s’adaptent aux changements climatiques. Besoin pour assurer une transition juste pour les travailleurs des secteurs affectés par la nouvelle donne climatique. En nous opposant au chantage irresponsable de certaines entreprises nous préparons l’avenir de notre planète, de l’Europe et de la France. Nous méritons mieux que des comportements égoïstes de court terme, s’opposant au changement qui s’impose.

Damien Demailly, Chargé du programme climat et énergie au WWF
Sources Métro


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