Santé publique menacée aux Antilles

Pollutions au mercure et à la chlordécone

16 mars 2007

Aujourd’hui, à 14 heures 30, en salle 62.37 de l’Assemblée Nationale, le CollectifDom tiendra une conférence de presse pour demander au gouvernement la mise en place d’un “Plan Marshall pour l’environnement outre-mer”, soit une commission d’enquête parlementaire pour répondre au problème de santé publique qui sévit aux Antilles.

Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais (CollectifDom) estime que les déplacements outre-mer des différents candidats à l’élection présidentielle sont davantage motivés par l’obtention d’une « bénédiction » que par une volonté sincère de prendre en compte les aspirations des domiens et les enjeux de développement auxquels ils sont confrontés.

Le CollectifDom demande une commission d’enquête parlementaire

Parmi eux, la question de l’environnement, au coeur du développement durable, est une priorité pour le CollectifDom qui insiste sur le cas des Antilles où la santé publique et le développement économique sont victimes du laxisme voire de l’aveuglement de l’État. Il dénonce en Guadeloupe, l’absence d’une véritable politique de traitement des déchets ménagers et industriels. Une absence également bien connue de La Réunion qui doit encore faire le choix entre l’incinération et ses alternatives. En Guyane, les fleuves pollués au Mercure laissent à manger des poissons contaminés à une population déjà malade, disséminée par la contamination. A craindre que cette pollution ait un impact sur l’écotourisme, compromettant cet atout économique en pleine expansion ainsi que le millier d’emplois promis qui s’y rattache.
L’utilisation du chlordécone* et de multiples pesticides employés illégalement et ce, malgré de nombreuses interdictions bafouées, notamment dans les plantations de bananes, contamine gravement la chaîne alimentaire. Selon le CollectifDom, la pollution générée par le chlordécone est extrêmement importante en Guadeloupe et en Martinique, avec des relevés 100 fois supérieurs à la norme autorisée dans certaines eaux souterraines. Conséquence directe : les cancers explosent, en particulier celui de la prostate. Les Antilles possèdent le taux le plus élevé au monde de cancers de la prostate après les USA ! L’infertilité masculine se développe, ainsi que les maladies de Parkinson, d’Alzheimer, les pathologies auto-immunes et neurologiques... « Nous avons affaire en Outre-mer à un véritable "génocide écologique" pernicieux face auquel les gouvernements successifs ont démissionné depuis les années 1970 », souligne encore le Collectif qui accuse la « faillite patente de l’appareil d’État à résorber ce problème de santé publique majeur. » Il demande aux candidats de s’engager sur cette question fondamentale et de mettre en place une commission d’enquête parlementaire, préalable qui devra donner suite à des réponses. Cette problématique de santé publique influe sur la vie de milliers de citoyens et l’écosystème aussi fragile que précieux des Antilles.

Stéphanie Longeras

* Le chlordécone
est, selon l’International Agency of Research on Cancer (IARC), - organisme émanent de l’OMS et qui a pour mission d’identifier l’étiologie des cancers - un « polluant organique persistant, extrêmement rémanent dans l’environnement, qui peut s’avérer très toxique et cancérogène possible chez l’homme dès 1979. »


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