Environnement : Réserve naturelle marine de La Réunion - 8 -

Pour garder nos plages, sauvons le corail

15 mars 2005

La Réserve naturelle marine de La Réunion est créée. “Témoignages” vous présente dans une rubrique quotidienne les différents aspects de cette belle aventure réunionnaise. Voici le thème n°8 : “L’eutrophisation des lagons : comment éviter leur mort ?” avec Pascale Cuet, du laboratoire d’écologie marine à l’université de La Réunion.

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Abondance de biens ne nuit pas, disent nos grands-mères. Eh bien, elles se trompent, en tout cas pour le lagon. L’eutrophisation peut tuer nos précieux récifs coralliens. Et ce phénomène, comme l’explique Pascale Cuet, expert au laboratoire d’écologie marine de l’université de La Réunion, correspond à un enrichissement de l’eau en éléments nutritifs.
"Nous sommes dans un système tropical avec des eaux océaniques pauvres en éléments nutritifs", explique la scientifique, silhouette menue et longue chevelure. Les organismes marins puisent les éléments (azote, phosphate...) dont ils ont besoin pour constituer leur matière. Et lorsqu’ils ont trop d’éléments, les coraux meurent et se brisent.
Les sources d’éléments nutritifs surabondants sont connues : "la moitié du phosphore est apporté par l’usage domestique, comme la lessive et les toilettes", poursuit Pascale Cuet. Elle cite aussi l’agriculture et l’élevage, dont le lisier (déjections des porcheries) produit beaucoup d’azote. Et pointe du doigt les décharges sauvages, emportées par les pluies violentes dans les ravines, qui polluent gravement la mer.

Éviter le rejet des polluants à la mer

Les différentes communautés coralliennes sont constituées d’assemblages d’animaux et de végétaux (poissons, algues, sédiments...) Les scientifiques mesurent les pourcentages, ce qui permet de différencier les zones saines et les zones en danger.
Selon Pascale Cuet, un lagon sain est formé de "coraux branchus vivants, sans algues, avec des poissons associés. Ces coraux sont là où l’eau océanique entre dans le lagon". En contraste, note la scientifique, on observe "des zones beaucoup plus dégradées, avec des algues abondantes, des coraux massifs, et une forte mortalité de coraux branchus". Ces zones sont situées à la sortie de l’eau, dans sa circulation dans le lagon. La mer s’est chargée de tous les polluants au contact de la plage...
Et si on laisse le corail mourir, que se passera-t-il ? "Il sera cassé par la houle. Comme c’est le corail qui forme la plage, les plages vont disparaître". Adieu les cartes postales touristiques...
Pascale Cuet connaît les solutions : limiter les sources d’enrichissement organique. Par exemple, "installer un système d’assainissement qui évite le rejet de polluants à la mer".

Nastassia


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