Société d’Études Ornithologiques de La Réunion (SEOR)

Pour préserver notre patrimoine naturel

31 janvier 2007

Un an de prison ferme, 21.000 euros d’amende, si la Justice arrive à mettre la main sur les braconniers qui ont détrôné deux papangues récemment. Encore faut-il pouvoir protéger toutes les espèces endémiques de l’île, les pétrels de Barau, pailles en queue, tuit-tuit, en autres. Et se demander, pourquoi aussi peu de policiers de la nature ?age

La SEOR, dont le but est d’étudier et de protéger les oiseaux et leur habitat, ne ménage pas d’énergie pour préserver notre patrimoine naturel. Notre faune est riche en espèces endémiques, et La Réunion compte des “marteaux” totalement inconscients. La SEOR a malheureusement beaucoup à faire. On connaît une de ses missions autour du sauvetage du pétrel de Barau. Nos éclairages publics, voire privés, sont manifestement dangereux. Cet oiseau est comme happé par la lumière, mettant en péril sa vie.

De manière curative, l’association entreprend de les sauver en partenariat avec la population réunionnaise. « On arrive à sauver 9 pétrels de Barau sur 10, ce qui est vraiment bien », déclare Marc Salamolard, Directeur de la SEOR, et de poursuivre : « plus en amont, nous menons des campagnes de sensibilisation auprès des enfants. Par les médias, nous interpellons toute la population réunionnaise, et nous avons régulièrement des réunions d’explications avec les services techniques des mairies. Nous leur faisons des recommandations pour les éclairages qui sont les moins dangereux. Trois principes doivent être soulignés : d’abord, il faut un rayonnement vers le bas. Certains éclairages sont du gaspillage. Justement, il faut éclairer sur les lieux et dans les périodes où l’éclairage est nécessaire ».

Espèces en danger

Préoccupé par le “meurtre” de 2 papangues, Marc Salamolard veut déjouer la tradition orale réunionnaise. « Il faut expliquer aux gens que la papangue n’est pas un voleur de poules. Il pèse entre 600 et 900 grammes. Il ne peut pas porter une proie même de 500 grammes. Il se nourrit essentiellement de rats et de souris, donc intéressant pour l’équilibre de notre écosystème », précise-t-il. Peut-être les contrevenants se sentiront inquiétés à la lecture des sanctions qu’ils encourent, c’est-à-dire 1 an de prison ferme et 21.000 d’euros d’amende.
Relevant que ce sont souvent des cas isolés, il explique que le braconnage concerne aussi d’autres espèces, souvent faciles à capturer.

Tuit-tuit, paille en queue, pétrel de Barau seraient menacés par l’Homme, mais aussi par des prédateurs tels que le rat et le chat. La SEOR s’organise dans la lutte contre rats et chats. D’ailleurs, elle dresse un bilan positif de son intervention. Cependant, ses derniers relevés laissent apparaître des préoccupations, voire des inquiétudes pour la survie de quelques espèces, comme le tuit-tuit. On se réjouissait de l’augmentation de sa population.
Selon le Directeur de la SEOR, on voit de moins ne moins de femelles, peut-être moins de 20. Attention, une partie du patrimoine naturel mondial est en danger. Les Réunionnais doivent réagir, et sûrement pas derrière une arme à feu.

Bbj


Témoignages

J.L.R., formateur

Je suis un chasseur occasionnel, de tangues surtout. Et j’ai ma carte de chasse. Jamais il ne me passerait par la tête de tuer une papangue, et je ne vois pas pour quelle utilité. C’est une belle espèce de notre pays, unique au monde. Ce n’est qu’à La Réunion que nous pourrons voir cet oiseau ; il est magnifique, les touristes sont contents d’en voir. Oui, c’est un atout pour notre tourisme. Et puis, lorsque nos enfants grandiront, ils seront tout aussi contents de continuer la sauvegarde de cette espèce. Les contrevenants devraient être sérieusement punis.

Eddy T., étudiant

Tuer des papangues, c’est ridicule. Ce sont des oiseaux protégés, parce qu’endémiques. Ils n’existent qu’à La Réunion. Mes grands-parents disaient que c’était un voleur de poules. On sait depuis que c’est infondé. La Réunion devrait intensifier ses programmes de protection des espèces endémiques. Il faut presque se méfier de tout le monde. Tout individu peut être amené à tester des comportements aussi absurdes, par défi, par insouciance, par méchanceté. J’espère que ceux qui ont tué ses papangues seront sévèrement punis. Quoiqu’il serait plus efficace de les intégrer dans un programme de protection de ces oiseaux. Ce serait le bon retour de médailles ; une sorte de Travail d’intérêt général.

Daniel B., transporteur

Je suis même sûr que ça se mange. C’est donc par méchanceté que l’on a tué ces bêtes. Il n’en reste déjà presque plus, je ne comprends pas que l’on tue des papangues. C’est protégé, il n’en existe qu’à La Réunion. Je ne comprends pas. Je ne suis personne pour dire ce qu’il faut faire, mais j’aimerais que l’on prenne davantage conscience de notre environnement. On parle de réchauffement climatique, de développement durable, de respect de la nature, de parc national, de réserve marine, ce sont des thèmes forts. Je me sens écolo, mais je serai le dernier à me séparer de ma voiture. C’est une diesel. En fait, ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas que nos papangues à défendre, c’est tout l’environnement réunionnais. Mais est-ce que les Réunionnais sont prêts pour cela ? Je suis peut-être le dernier.

Marc Salamolard, Directeur de la Société d’Études Ornithologiques de La Réunion (SEOR)

Ce sont des actes idiots. Ça met en danger le patrimoine naturel des Réunionnais. Et il faut penser aux générations futures, pas seulement les générations réunionnaises. Il faut dire aux Réunionnais que 22 espèces ont déjà disparu par la faute de l’Homme, notamment dans le 1er siècle d’installation. La papangue est une espèce protégée depuis 1989, est endémique et malheureusement menacée. Par rapport à la planète, les générations de la Terre seront en droit de demander aux Réunionnais de préserver leur patrimoine naturel.


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Messages

  • Bravo à la SEOR pour son travail remarquable de protection des oiseaux endémiques menacés de la Réunion et son investissement sans relâche pour sensibiliser le public !
    Visiblement, il ne faut pas baisser les bras et nous comptons aussi beaucoup sur les services publics pour appliquer au mieux les lois et s’investir plus dans la prévention et le soutien aux actions de conservation et de sensibilisation aux problèmes de protection de la nature.

  • Quand l’animal aura disparu disparaitra le plus grand animal de la Terre : l’homme.

    L’oiseau vivant nous indique qu’il y a encore assez d’oxygène pour vivre, et les mineurs des siècles passés emportaient sous terre une petit oiseau pour le vérifier.

    Ayons aussi une pensée pour nos amis les chiens que l’on écrase allègrement sur nos routes ! A quand une peine de prison pour divagation d’animaux domestiques !

    Voir en ligne : http://www.temoignages.re/article.p...

  • Bravo et courage à la SEOR pour continuer à sensibiliser et éduquer un public le plus large possible.


Témoignages - 80e année


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