LA RÉUNION

Pour un plan d’aménagement du territoire plus cohérent

28 décembre 2007, par Sophie Périabe

Une croissance économique élevée, une population qui ne cesse d’augmenter, un objectif de 2,2 millions de tonnes de cannes en 2015, La Réunion doit répondre à la fois aux besoins de l’urbanisation, de l’agriculture et des autres activités économiques. Les caractéristiques géographiques de l’île impliquent de trouver un schéma d’aménagement cohérent pour un développement en harmonie de La Réunion.
Dans un fascicule publié en juillet dernier, la Chambre d’Agriculture, les industriels du sucre, le CPCS et la FRCA Réunion font le point sur les enjeux de l’urbanisation et son impact sur le monde agricole.

Les besoins de l’urbanisation, la question du logement social, de l’espace économique et de la nécessité de la densification sont clairement évalués dans ce document qui a pour vocation d’engager le débat, au plus près des réalités locales.
En effet, il s’agit de l’avenir de La Réunion, et l’ensemble des acteurs concernés doivent être conscients que, tout en relevant le défi du logement à l’horizon du million d’habitants, nous devons conserver la pluralité d’activités de l’île, ne serait-ce que pour les générations futures.

Une île en besoin d’espace

La croissance économique de La Réunion se maintient à un rythme élevé de 4 à 5% par an. La poursuite de cette croissance exige la disponibilité de foncier consacré aux activités industrielles et de services. Le monde économique estime à 1.000 ha ses besoins en espaces aménagés pour accueillir les nouvelles entreprises et l’extension des celles existantes.
La Réunion compte, en 2007, près de 800.000 habitants, répartis dans plus de 250.000 résidences principales. La croissance démographique de l’île semble appelée à se poursuivre au cours des deux prochaines décennies pour atteindre le million d’habitants en 2030.
Selon l’INSEE, le besoin de nouveaux logements associés à cette croissance est d’environ 6.800 par an de 2000 à 2029. Dans le même temps, 45.000 logements devront être reconstruits en raison du vieillissement du bâti. Dès lors, se posent les questions de la densité et de la localisation de ces nouveaux logements. En ce sens, le SAR préconise une densification de la ville existante et une densité moyenne de 30 logements/ha pour les zones d’extension urbaines, en tenant compte des équipements collectifs.

Les espaces cultivés couvrent actuellement 42.500 ha. Les activités agricoles représentent 25.000 emplois directs ou indirects. La culture de la canne à sucre couvre 26.500 ha, répartis sur toute l’île. L’importance de cette filière, en tant de pivot de l’agriculture réunionnaise, en raison notamment de ses multiples fonctions, rend impérative l’augmentation du tonnage produit.
D’ailleurs, la création du CPCS cette année montre l’implication et la volonté de l’ensemble des professionnels. L’objectif de dépasser les 2,2 millions de tonnes de cannes en 2015, fixé par la filière, a été contractualisé entre les acteurs dans la Convention canne 2007-2014, en cohérence avec le Cahier de l’Agriculture. Il peut être atteint par des gains de productivité associés à l’extension des surfaces cultivées à 30.000 ha. L’élevage et les cultures maraîchères et fruitières auront, pour leur part, besoin d’environ 3.500 ha supplémentaires pour poursuivre leur développement.

Les zones existantes sont suffisantes pour répondre aux besoins démographiques

Chaque année depuis 10 ans, près de 10.000 logements sont construits en moyenne. Cependant, la densité globale en logements des espaces bâtis reste faible. En effet, la densité de la tache urbaine est passée de 10 à 11 logements par hectare à peine entre 1997 et 2003.
Mais les résultats témoignent du phénomène de densification en marche dans certains secteurs, relativement cohérent avec le SAR de 1995 qui préconisait la production de 50% des logements en densification de la ville existante.
La densification est donc toujours possible, mais des extensions encore mal maîtrisées peuvent engendrer des étalements urbains encore importants et une disparition des terres agricoles.
Même si les opérations d’aménagement d’ensemble sont relativement bien maîtrisées, avec une densité se rapprochant du SAR de 1995, elles ne représentent que 6% des logements produits, et la grande majorité des extensions de la tache urbaine sont le fait d’une urbanisation beaucoup plus lâche.
Ainsi, près de 30% des logements autorisés entre 1996 et 2003 sont situés hors de la tache urbaine de 1997.
Une partie de l’extension urbaine s’est faite sur des zones agricoles placées sous protection forte par le SAR de 1995.
1.500 ha à potentiel cannier ont ainsi été absorbés par la tache urbaine, ainsi que 260 ha à potentiel d’élevage, entre 1997 et 2003.
Chacun a donc son rôle à jouer pour préserver les terres agricoles, d’autant plus que les zones existantes sont suffisantes pour répondre aux besoins démographiques.
D’après les données d’une étude universitaire menée à l’échelle de la parcelle cadastrale de janvier 2007, la ville réunionnaise a la capacité d’accueillir en son sein les 200.000 habitants supplémentaires attendus en 2030. La comparaison entre ce potentiel constaté à l’échelle de la parcelle et les besoins estimés par l’Etablissement Public Foncier de La Réunion montrent que cet objectif peut être atteint dans toutes les communes de l’île.
Toutes les analyses le disent, les ressources foncières de La Réunion sont suffisantes pour faire cohabiter l’urbanisation, les activités économiques, l’agriculture et les espaces naturels de La Réunion. Mais seule une volonté politique forte, traduite par des orientations d’aménagement claires et dotée de moyens opérationnels, réglementaires et financiers permettra d’atteindre cet objectif.

Sophie Périabe
(Avec “Urbanisation et agriculture à La Réunion”, juillet 2007)


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