Gestion des déchets

« Pour une gestion partagée et responsable » ou le retour de l’incinérateur ?

22 septembre 2012, par Cinthia Fontaine

Une Charte d’engagement pour une gestion partagée et responsable du traitement des déchets des territoires de la région sud-ouest de l’île de La Réunion a été signée hier par les présidents des 3 communautés d’agglomération, Jean-Yves Langenier pour le TCO, Michel Fontaine pour la CIVIS et Didier Robert pour la CASUD.

La Charte d’engagement a été signée à l’issue d’un séminaire de 2 jours regroupant l’ensemble des acteurs de la gestion des déchets pour les 3 communautés d’agglomération que sont le TCO, la CIVIS et la CASUD afin d’établir et de valider une stratégie de gestion des déchets pour le SUD et l’Ouest. Ce choix stratégique concerne plus de la moitié de la population réunionnaise, avec 15 communes sur 24 et 504.200 habitants. En plus des représentants des communes, des acteurs importants du traitement et de la valorisation des déchets à l’échelle d’un territoire étaient présents avec EDF, la DEAL (Direction de l’environnement de l’aménagement et du logement), l’ADEME, le Conseil général et le Conseil régional de La Réunion mais aussi pour le partage d’informations la CACEM (Communauté d’agglomération du Centre de la Martinique), et le groupe Koehler, entreprise allemande productrice de papier.

Les 3 EPCI de la région sud-ouest ont choisi de s’engager dans une démarche partagée pour une gouvernance responsable et solidaire en matière de traitements des déchets sur l’ensemble des 15 communes. Cette stratégie opérationnelle s’inscrira dans le futur Plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux, présentée par le Conseil général et soutenu par la Région dans le cadre de sa compétence Energie et gestion des déchets dangereux.
La charte (reproduite en page 9) fixe la stratégie et les orientations principales choisies pour une gestion partagée des déchets. Le choix s’est porté sur un mix, avec une valorisation multi-filières répondant ainsi à l’obligation faite par l’Europe de hiérarchisation des modes de traitement des déchets.
Parmi les points principaux de l’engagement se trouve le refus catégorique de l’enfouissement ou l’incinération total. Ces deux filières ne sont pas adaptées au contexte réunionnais et « hypothèque l’avenir de nos enfants ».
Le choix s’est porté donc sur un mix, avec une valorisation multi-filières répondant ainsi à l’obligation faite par l’Europe de hiérarchisation des modes de traitement des déchets.
La charte engage les acteurs à présenter dès le 14 décembre, les grandes lignes techniques et financières du projet afin de concrétiser la contribution au PPGDND. L’ensemble du projet pourrait se chiffrer à 200 millions d’euros dont 90% sont susceptibles d’être subventionnés par l’Union européenne dans le cadre du FEDER, et l’État selon les élus. Les élus tablent sur une durée minimum de 7 ans de travaux, pour une fin des travaux en 2020.

Grande place à l’incinérateur

2 questions restent posées face au choix porté par les communautés. La présence de l’incinérateur dans la multi-filière proposée laisse planer les dangers de pollutions liés à cette technique. Or les différentes interventions au sujet de la production énergétique donnent à cet incinérateur une grande place alors même que cette solution a toujours été refusée par la population. Essayerait-on de faire passer par la petite porte ce qui n’était pas passé par la grande ? La question du financement est-elle aussi laissée en suspens. Les élus tablent sur une participation importante voir maximal de la part de l’Europe et l’État, mais les difficultés financières accrues de la communauté européenne sans parler de celles rencontrées par le République laisse entrevoir une participation à la baisse. Ces aménagements seraient alors portés par les usagers ce qui pourrait aboutir à une augmentation de la taxe des ordures ménagères. Les ménages réunionnais sont-ils prêts à la supporter ?
Cette stratégie portée par l’ensemble des communes concernées se doit d’être un ensemble cohérent où la prévention et le tri en vue d’une revalorisation sont essentiels. L’éducation de la population est primordiale pour la bonne marche de cette stratégie qui a le mérité de proposer une gestion des déchets durable et responsable. Elle alliera le recyclage, le compostage, de l’enfouissement et une incinération des déchets à haute potentialité énergétique en vue d’une valorisation électrique.
« C’est un projet qui concerne l’ensemble de La Réunion », a souligné Jean-Yves Langenier, car s’il ne concerne pour l’instant que 15 communes sur 24, la gestion des déchets de manière durable est un défi à l’échelle de l’île, les pollutions comme celles rejetées par les ravines dans le lagon concernent l’ensemble de la population. Propos souligné par Didier Robert qui parle d’« un enjeu considérable ».

CF


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