Qu’est-ce que la Réserve marine ?

15 juillet 2006

Les récifs coralliens de La Réunion sont le siège d’une biodiversité parmi les plus remarquables de l’Outre-mer français. Très fréquentés pour des activités de loisirs à impacts non-nuls, soumis à un effort de pêche excessif, supportant une intense pollution du fait des nombreuses activités et infrastructures implantées sur les bassins versants situés à l’amont, ces récifs sont aujourd’hui considérés à 30% dégradés, et à 50% menacés.
Dans le même temps, l’érosion côtière atteint elle aussi un stade préoccupant. Si cette dégradation continue, c’est un cadre de vie très cher aux Réunionnais qui disparaîtra à moyen terme, en même temps que de nombreux emplois liés à la pêche, aux loisirs et au tourisme. L’action engagée consiste à classer en réserve naturelle nationale les récifs coralliens de la côte Ouest de l’île, en définissant, après concertation approfondie, des zones réservées à certaines activités.
Le périmètre de la réserve s’étend du Cap La Houssaye à la Roche aux oiseaux à l’Étang-Salé, soit un linéaire côtier d’environ 25 km. La réserve se situe entre le rivage et une profondeur comprise en moyenne entre -30 m et -50 m. La surface totale est de 3500 ha environ.

(source : Direction régionale de l’environnement)


Historique
o Milieu des années 70 : premier arrêté préfectoral d’interdiction de pêche dans les lagons ;
o Milieu des années 80 : stations d’épurations, structuration de la pêche professionnelle, DCP ;
o Milieu des années 90 : création de l’association APMR “Parc Marin de La Réunion” par Région-Département-communes riveraines (avec l’appui de l’État), SAR, SDAGE, etc.
La DIREN porte le projet de classement, en partenariat avec l’APMR : lancement de la procédure administrative début 2000 + plan d’actions associé, consultation large des publics concernés + concertation politique et administrative régulière, interface avec le MEDD.

État d’avancement du projet
La concertation a été très difficile, puisque sont intervenus de nombreux acteurs aux intérêts très divergents. La concertation est aujourd’hui achevée ; Le dernier projet de décret a été transmis au MEDD en août 2005 ; le Comité national de protection de la nature a donné un avis favorable à ce décret en octobre 2005 ; d’ultimes toilettages juridiques sont en cours avant signature du Décret attendue avant la fin 2006 ; La préparation du cahier des charges pour choisir le futur gestionnaire est engagée ; de nombreux arrêtés préfectoraux précisant le décret devront être préparés ; Un plan de communication grand public a été déployé mais devra être prolongé.

(source : Direction régionale de l’environnement)


Législation en vigueur

Trois zones distinctes sont prévues dans le Décret de création de la Réserve :

Une zone de réglementation générale sur environ 50% de la superficie de la réserve avec limitation de certains usages :
· interdiction d’introduire ou de prélever des animaux et des végétaux,
· interdiction de prélever des matériaux sur les plages (coraux morts, roches, sables...),
· les prélèvements d’eau sont soumis à autorisation,
· interdiction des rejets d’eau ou de toute substance ou matériau pouvant nuire à l’état de l’environnement,
· défense de troubler le fonctionnement naturel du milieu,
· interdiction de chasser les oiseaux,
· interdiction de disposer de certains matériels de pêche à bord des embarcations,
· interdiction de pêcher la nuit pour les non professionnels,
· interdiction de chasser dans les passes et à l’aide d’une foëne,
· interdiction d’organiser des concours ou compétitions de pêche ou de chasse,
· interdiction de marcher sur les massifs coralliens et de franchir la barrière corallienne par quelque moyen que ce soit, à l’exception des passes,
· interdiction des engins à moteur sur les plates-formes récifales,
· interdiction des embarcations supérieures à 20 m, des véhicules nautiques à moteurs de type jet skis, scooters de mer et assimilés, à l’exception de la zone de réglementation générale, pour quitter le périmètre de la réserve et pour retourner au port,
· interdiction de la circulation des engins de plage non motorisés ou propulsés par le vent, à l’exception de zones réglementées par le Préfet,
· la vitesse de circulation est limitée à 5 nœuds jusqu’à 300 m du rivage, ou jusqu’à 300 m de la barrière corallienne lorsque celle-ci est présente,
· le mouillage est interdit par moins de 30 m de fond, sauf sur les dispositifs installés à cet effet et dont l’usage est réglementé par le préfet,
· les travaux publics ou privés sont interdits, à l’exception des travaux autorisés par le Préfet pour des opérations d’intérêt général limitativement énumérées,
· l’utilisation de l’image de la réserve à des fins publicitaires est soumise à l’autorisation du Préfet,
· la publicité est interdite,
· le survol de la réserve est interdit à une altitude inférieure à 300 m, sauf autorisation du Préfet.

Une zone de protection renforcée sur environ 45 % de la superficie de la réserve, dont 20% de cet espace réservés à la pêche professionnelle. Dans cette zone, la pêche interdite ou limitée à certains usages, notamment traditionnels :
· La chasse sous-marine est interdite, à l’exception d’une zone au nord du Cap Boucan dans laquelle le préfet pourra autoriser une expérimentation de gestion durable de la ressource halieutique par la pêche sous-marine,
· La pêche de loisir est interdite, à l’exception de la pêche à la ligne qui pourra être autorisée par le préfet, depuis les rivages rocheux volcaniques et les plages de sable noir, hors zones de récifs coralliens,
· La pêche professionnelle est interdite, à l’exception de certaines pratiques autorisées par le préfet (pêche à la traîne des calmars et poissons pélagiques ciblés, pêche au crabe girafe) et dans les zones réservées à la pêche professionnelle qui font l’objet d’une réglementation particulière,
· Dans les zones d’arrière-récif constituées d’un substrat détritique ou sableux, le préfet peut autoriser certaines pratiques de pêche à caractère traditionnel, dans des zones limitées et pour des périodes définies (capucin),
· L’exercice de la plongée sous-marine et des activités de découverte peut être réglementée par le préfet, notamment en conditionnant l’accès des structures encadrant ces activités à un engagement de respect d’une charte de bonne conduite


Des zones sanctuaires sur environ 5% de la superficie de la réserve. Dans ces espaces, toutes formes d’activités, travaux, fréquentations, circulations, mouillages ou amarrages sont interdits dans les périmètres de protection intégrale, sauf autorisations individuelles pour le suivi scientifique, la gestion et la surveillance de la réserve, délivrées par le préfet.

(source : Direction régionale de l’environnement)


Témoignages

o D. Laotchy, pêcheur plaisancier, 42 ans (Saint-Pierre) :

"Mi sava pésé kan mi giny, samdi-dimans, tazantan in zour la somèn. Sé in pas-tan, in distraksion, é moin nana touzour in ti kari fin-n somèn po la fami. Ou koné mi kroi pa sé mon golèt i sar détrui tout bann koloni poison nana La-Rényon. Lé vré, si toulmonn i koz konm moin, nora pi. Soman n’ankor poison La-Rényon. Moin lé somèr, sé touzour sa-d ginyé. In kari par là, i aranz mon port-moné.

Kosa mi pans lo Park Marin ? dawar sé in bon zafèr. Soman èské banna, sat la invant sa, i panss anou ? Moin nana 42 z’an, koman ou vé mi ar’tourn lékol ? Koman mi pé mazine fé in travay èk la pès a mon az ? Na in zour, nana bien in moun, in zorèy, la vni koz sanm moin. Moin té an-trinn pésé. Moin na poin kart la pès, moin. Li la pa done in lamann, soman li la rakont amoin in sharabia dési la sovgard nout bann poison. Li la propoz amoin rant dan in ron formasion po èt pésèr profèsionèl. Moin la zamé tro émé lékol, soman lé vré moin noré émé èt in pésèr profésionèl, arèt in kou èk ti-rémi konm i di. Mi koné pa si mi sar lanss amoin la-dan, mé i pé èt in port-lantré po travay. I fo mi réfléshi."

o Gaël Pothin, thésard en biologie marine, 24 ans (Saint-Denis) :

"J’effectue un travail de recherche sur l’impact des structures artificielles immergées sur la dynamique spatiale d’espèces grégaires, récifales et pélagiques. En fait, j’essaie de comprendre comment les poissons utilisent ces structures, cela dans une logique de pêche. Je précise que ma zone d’étude est la Baie de Saint-Paul, qui est une zone de pêche non protégée. Ma démarche admet cependant la possibilité que les poissons récifaux puissent passer de la Baie de Saint-Paul vers les zones naturelles, qui seront à terme protégées.
Je pense que la Réserve marine est très importante, parce que nous avons des zones coralliennes très fragiles, qu’il importe de protéger. Pourquoi ? S’il n’y a pas de récifs, on expose le littoral à l’érosion. L’autre aspect est purement touristique. Les touristes préfèrent des espaces où ils peuvent tremper les pieds dans l’eau, visiter le lagon. Et en plus, une zone récifale en bonne santé permet, à mon avis, de développer la pêcherie au large.
La Réserve marine, c’est la base d’un écosystème plus évolué. Tous les usagers ont été mis au courant de ce projet de Réserve marine. Il faut poursuivre l’effort. Il est très important que les Réunionnais s’approprient cette réserve."


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Messages

  • Bonjour à vous tous, amis de la mer.
    je constate aujourd’hui qu’il est important et urgent de mener une action de sensibilisation et de protection de notre environnement. En effet, je pense que tous les pêcheurs professionnels ou de loisirs sont pour la création d’une réserve marine à la Réunion. En effet, j’ai grandi avec la mer et je vois les ressources notamment en milieu récifal se dégrader et s’appauvrir. C’est triste comme constat, mais c’est une réalité. Pourquoi, je ne suis pas entièrement favorable sur l’application du décret qui régit la réserve marine ? La raison est simple car je ne comprends pas l’interdiction de la pêche de nuit de loisirs (pêches à la lignes)sur les zones de fonds sableux et rocheuses. Je comprends trés bien qu’il faut interdire la pêche de nuit dans les zones récifales car les poissons viennent se réfugier la nuit. Par contre je trouve aberrant d’interdire la pêche de nuit dans les zones de fonds sableux ou rocheuses. Pourquoi, ce constat. Il y a plusieurs raisons. D’abord, commençons par le début. La réserve marine a été créée pour protéger les récifs, pourquoi interdire les autres zones à la pêche à la ligne de nuit ? N’oublions pas également que certaines pêches pour certains poissons ne se pratiquent que la nuit,avec la réserve marine impossible de pêcher la nuit. N’oublions pas également les personnes qui peuvent pêcher que la nuit car eux aussi ils ont des priorités professionnelles et familliales. Comment voulez vous qu’ils accepent cette interdiction ? N’oublions pas surtout, la tradition dans toutes ses formes car pour nous pêcheurs de loisirs à la ligne nous voyons là une atteinte à notre liberté de pécher dans la zone sous le vent là où nous avons vécus librement jusqu’ici avant la création de la réserve. Pour conclure, je dirais oui à la réserve marine pour la protection du lagon et non à l’interdiction de la pêche de nuit dans les zones hors lagons car le petit pêcheur traditionnel à la ligne de loisirs est privé de sa liberté, sa liberté de pratiquer son loisir comme tout le monde ? Je le dis encore une fois, les plus pauvres sont privées dans ce décret ? Alors créole, ouvre zote yeux poissons y faut acheter avec professionnel la pêche ?

  • Un vrai leurre cette réserve marine ? Une réserve pour faire plaisir à ces concepteurs ? Tiens,des sanctuaires mais laissons certains pêcheurs pêcher juste à sa limite ? Tiens, des zones renforcées mais laissons certains pêcheurs pêcher à l’intérieur. Tiens, des zones de réglementation générale mais laissons les pêcheurs professionnels pécher de jours comme de nuit leur quantité voulu. Pourquoi une réserve s’il n’y a pas d’interdiction à part dans les sanctuaires ? A qui doit-on interdire la pêche dans cette zone de réglementation générale ? C’est simple dit, interdisons la pêche de loisirs de nuit dans les zones de réglementation générale, car ce sont les plaisanciers et les pêcheurs de la côte qui sont responsables de la diminution des poissons. A part eux, je ne vois pas qui je peux interdire ? Les autres font trop de pression dit. Tu dois avoir raison, ce sont les pêcheurs de nuit à la ligne les responsables de la diminution des espèces et de la dégradation des récifs, n’est ce pas ?
    je ne te comprends pas là, ce ne sont pas les pêcheurs à la ligne qui puisent les ressources. Ben justement, comment comprendre une réserve autorisant tout à certain qui prélèvent sans limitent et privant d’autres qui prélèvent le moins. je m’y perd là, ben à vrai dire je m’y perd aussi dans l’aberration. Bon si j’ai bien compris je suis privé de mon loisir car c’est moi petit pêcheur à la ligne qui est responsable de tout et le plus pénalisé dans cet affaire. .


Témoignages - 80e année


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