Que contiennent nos poubelles ?

4 juin 2008

Mieux connaître les déchets ménagers pour mieux décider du mode de traitement, c’est le mot d’ordre de l’étude commandée par le Conseil général. Alors que nous célébrons bientôt la journée mondiale de l’environnement, et que sera révisé le Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés de La Réunion, il était important de mieux connaître le contenu de nos poubelles.

La dernière caractérisation des déchets ménagers date de 1997. Il était grand temps de réactualiser les données, avec cette nouvelle étude MODECOM, Mode de caractérisation des ordures ménagères, réalisée de mars 2006 à mars 2007 par Cycléa. Au terme de l’analyse et de l’interprétation des données récoltées, on dispose de précieuses informations sur le gisement et la composition des déchets ménagers produits sur notre île. L’objectif était également de définir la part des emballages, des matières recyclables, et celle mobilisable à la prévention de la production des déchets. Cela permet de jauger l’efficacité des collectes sélectives, et surtout de comprendre la composition physico-chimique des ordures ménagères. Cycléa, qui réalise l’étude, a défini 6 zones d’échantillonnages (Saint-Denis, Saint-Benoît, Saint-Pierre, Saint-Leu, Le Guillaume, et Le Port), donnant à comprendre l’état de nos poubelles. 88 échantillons ont été récoltés sur deux saisons, humide et sèche. Les ordures ont été triées, classifiées en catégories et sous-catégories, analysées. Cette étude n’en est encore qu’à la phase du diagnostic, préalable à la proposition de scénarii de filières de gestion. Les politiques en charge du dossier du traitement des déchets doivent disposer de tous les éléments utiles à la prise de décision. Ils disposent aujourd’hui de plus de 43.000 données, concernant les ordures ménagères, les emballages ménagers (papiers, plastique, métaux), les déchets végétaux, et les encombrants.

313 kilos d’ordures ménagères par habitant et par an vont à l’enfouissement, dont 123 kilos potentiellement recyclables.
(photo toniox)

Bilan positif pour la collecte sélective ?

Les réunionnais ont été obligés de s’habituer à la collecte sélective. C’est un bien pour notre île. Déjà, on enregistre des performances encourageantes. « grâce à nos bacs jaunes et nos bornes d’apport volontaire, 19 kilos de déchets par habitant et par an sont triés et recyclés, et on assiste aujourd’hui, cela en peu de temps, à un tri de qualité. Seulement 10% de refus sont à déplorer » déclarait hier Eric Fruteau, 10ème vice-président du Conseil général délégué à l’environnement. Restent encore des efforts à fournir. L’étude MODECOM révèle que « 313 kilos d’ordures ménagères par habitant et par an vont à l’enfouissement, dont 123 kilos potentiellement recyclables ». Et si ces 123 kilos d’ordures « potentiellement recyclables » servaient à créer de l’activité ? Les encombrants sont une mine de valorisables que les réunionnais devront savoir exploiter efficacement. Que fait-on des ferrailles, du bois, et des déchets d’équipement électriques et électroniques ? Les réunionnais jettent moins les verres dans leurs poubelles au profit des bornes d’apport volontaire. Lorsque l’on compare la composition des ordures ménagères, entre 1997 et 2006, on s’aperçoit qu’un bel effort a été réalisé, sur les verres. Mais l’on constate une augmentation de plus de 2% pour les plastiques. Mais c’est surtout pour le papiers que le record de progression est affligeant. 9,8% en 1997. 35% en 2006. On remarque néanmoins la baisse fulgurante des déchets dégradables, qui étaient de 33,1% en 1997, alors qu’ils arrivaient à 14,7% en 2006. Oui, le Réunionnais adhère à la collecte sélective, il trie, mais doit redoubler d’efforts pour valoriser tous les déchets recyclables, sans erreur possible. Utopie ?

Débat avec la population réunionnaise

Cette étude influera certainement sur la révision du Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA). Pour l’heure, Eric Fruteau ne se prononce pas sur le mode futur de traitement de déchets. Les médias s’attendaient à de grandes annonces. Il faudra attendre la consultation de la population réunionnaise, des associations et des politiques. Eric Fruteau rappelait qu’il ne s’agit que de la phase du diagnostic, et donc qu’il ne souhaitait pas devancer le débat avec les réunionnais et surtout les autres élus. Cycléa vient de boucler la première étape. Dès juillet 2008 jusqu’au mois de septembre, il faudra encore définir les différents scénarii de gestion, dans une démarche de démocratie participative. Ensuite, on se félicitera du nouveau PDEDMA. Quant à l’incinérateur, l’élu n’a pas caché par le passé son opinion sur la question, alors que certains comptaient incinérer les ordures à Bois-Rouge. On sait aussi que la majorité départementale préfèrent largement les modes de traitement alternatif. Pour autant, peut-on continuer d’enfouir les déchets ? Est-ce bien raisonnable ? Il faut trier, valoriser au maximum les déchets, faire naître des filières inexistantes. Il faut aussi que les réunionnais poursuivent le tri à la maison. Dans la microrégion Est, il faut aussi que la collecte sélective devienne une règle sacro-sainte.

Bbj


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