La stratégie nationale pour la biodiversité est intégrée à la Stratégie Nationale de Développement Durable dont elle constitue le volet sur la diversité biologique. Un rapport d’activité de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité est présenté chaque année, ainsi qu’un bilan plus complet tous les deux ans. Après le premier rapport publié début 2007, le rapport publié en mai dernier constitue le bilan à mi-parcours de la Stratégie dans la perspective du rendez-vous de 2010. Coup de projecteur sur les avancées de cette Stratégie Nationale pour la Biodiversité, notamment en Outre-mer, à la veille de la conférence "Stratégies face au changement climatique et à la perte de biodiversité", qui se tiendra dans notre île toute la semaine prochaine. Pour poursuivre ses objectifs, la SNB décline ses actions suivant quatre orientations : la mobilisation de tous, la reconnaissance de la valeur de la diversité du vivant, l’intégration de la prise en compte de la biodiversité dans les politiques, et le développement de la connaissance opérationnelle et de l’observation indispensables à la conservation de la biodiversité. Ce bilan, adossé à une analyse plus complète d’indicateurs de suivi de la biodiversité, s’inscrit dans le calendrier de la première réactualisation des plans d’action et permet de dégager les priorités pour la période 2008-2010. Ce bilan s’inscrit également dans le calendrier de la mise en œuvre des orientations fixées par le Grenelle de l’environnement, et notamment des engagements concernant la biodiversité qui sont actuellement traités par plusieurs comités opérationnels. Au total, sur les 354 actions programmées adoptés en novembre 2005 et 2006, 85 sont achevées, 199 sont en cours de réalisation, et 70 ne sont pas encore lancées.

Assurer la conservation des habitats naturels, des écosystèmes et des milieux

Le territoire français comporte des écosystèmes variés et très riches. La France métropolitaine est principalement caractérisée par l’espace rural et forestier, qui recouvre plus de la moitié du territoire. Les côtes françaises, notamment en outre-mer, se caractérisent par leur diversité biologique créant une très grande variété d’habitats avec un fort taux d’endémisme. Cependant, du fait des différentes pressions qui y sont exercées, certains milieux naturels régressent, comme par exemple les zones humides. Les réalisations principales en 2006 et 2007 sont multiples. La loi du 14 avril 2006 a rendu possible la création d’une nouvelle génération de parcs nationaux. Le parc amazonien de Guyane a été créé le 27 février 2007, le parc national de La Réunion le 5 mars 2007. Les deux parcs, extrêmement originaux et créés dans des contextes économiques, sociaux et géographiques très différents, démontrent la richesse et la potentialité renouvelées des parcs nationaux. Le parc national de La Réunion implanté sur l’un des 25 "points chauds" de la biodiversité mondiale et intégrant un des volcans les plus actifs de la planète, a des caractéristiques spécifiques telles qu’un fort taux d’endémisme au cœur du parc ou encore un ensemble d’écosystèmes étagés en altitude et non perturbés. En Outre-mer, il faut également, signaler le classement en réserve naturelle nationale de la réserve marine de La Réunion sur 3.500 ha et de l’îlot M’Bouzi à Mayotte pour 142 ha dont 82 terrestres. Toujours concernant l’Outre-mer, la mise en œuvre des plans d’action locaux est en cours. On note par exemple le programme de réduction des pollutions (développer les connaissances éco toxicologiques en milieu marin) de l’île de La Réunion démarré en juin 2007, le programme de restauration des sites dégradés de forêt sèche de Nouvelle-Calédonie ou encore l’élaboration et l’application du plan de gestion des espaces protégées de Wallis et Futuna. Les actions prioritaires de la SNB à poursuivre en 2008 pour la protection des espaces naturels et le bon fonctionnement des écosystèmes vont concerner à la fois la finalisation des réseaux d’espaces naturels protégés notamment en milieu marin, le renforcement des recherches sur la biodiversité et les réseaux écologiques, la mise en œuvre de la lutte contre les pollutions d’origine marine ou encore le développement de l’offre de conseil et de formation pour les socioprofessionnels des différents secteurs concernés par les plans d’action.

Assurer la conservation des espèces sauvages

La France comprend une faune et une flore riche et diversifiée avec un fort taux d’endémisme en outre-mer, mais beaucoup d’espèces sont considérées comme vulnérables ou en danger. Les pressions principales qui expliquent cette vulnérabilité voire cette régression sont la réduction des habitats disponibles pour les espèces, la présence de polluants dans les milieux terrestres et marins, l’intensité de certaines pratiques et activités et la présence d’espèces envahissantes. A l’Outre-mer, la mise en œuvre des plans d’action locaux pour la biodiversité a permis le lancement d’actions de conservation des espèces, comme par exemple le lancement d’une étude de préfiguration d’un observatoire des invasions sur l’Ile de La Réunion, le Programme ZONECO pour l’évaluation des ressources et de la biodiversité marine de Nouvelle Calédonie ou encore, l’inventaire des espèces envahissantes réalisé en 2007 à Wallis-et-Futuna. Les actions prioritaires de la SNB prévues pour la période 2008-2010 pour la conservation des espèces sauvages sur le territoire national touchent le renforcement du dispositif de conservation des espèces d’outre-mer et des espèces marines, la consolidation du dispositif de lutte contre les espèces envahissantes, la gestion durable des ressources maritimes, la poursuite de l’actualisation des listes rouges, ainsi que la poursuite de l’amélioration des connaissances de la faune et de la flore.

Assurer la conservation de la diversité génétique

La situation sur le territoire français en matière de diversité génétique domestique est contrastée, bien que le nombre de variétés végétales inscrites aux catalogues officiels ainsi que l’effectif des races conservées soient en augmentation. En ce qui concerne la diversité génétique des espèces sauvages, peu de résultats sont encore disponibles. Les actions développées dans le cadre de la SNB ont porté principalement sur le développement des collections de matériel génétique des espèces domestiquées et le soutien à la conservation de la diversité génétique locale. Les priorités d’ici à 2010 de la SBN concernent : - la poursuite des actions de conservation du matériel génétique ; - l’évaluation et le soutien la diversité génétique locale, et notamment la poursuite des réflexions sur l’évolution des critères d’inscription des variétés végétales au catalogue national.

Mobilisation, développement et valorisation des connaissances

Le dispositif de suivi des plans d’action et son ouverture aux acteurs publics, socioéconomiques, et associatifs, le développement de partenariats et la diffusion d’information ont contribué à une mobilisation accrue en faveur de la biodiversité. Des études sur la valeur de la biodiversité et la contribution des écosystèmes à notre économie et notre bien-être ont été lancées. L’objectif d’intégration de la biodiversité dans les secteurs d’activité a été poursuivi, et s’est vu très fortement porté au travers du Grenelle de l’environnement. Enfin, la connaissance opérationnelle sur la biodiversité a été consolidée avec la construction du système d’information sur la nature et les paysages, ainsi que le développement d’indicateurs de suivi de la biodiversité. L’année 2006 a également vu la production d’une synthèse sur les enjeux de conservation de la biodiversité dans les collectivités d’Outre-mer. Les actions transversales prioritaires de la SNB d’ici à 2010 concernent la poursuite des actions de communication notamment à destination du grand public, la production de documentations thématiques et le renforcement des actions partenariales en particulier avec le secteur privé ; le lancement du plan d’action tourisme ; l’organisation de la production et de la circulation des connaissances opérationnelles nécessaires à la conservation et à la gestion durables de la biodiversité et le renforcement de ces connaissances avec une attention particulière portée à l’outre-mer. Les perspectives dégagées dans le cadre du Grenelle de l’environnement, qui viennent compléter les priorités relevant sensu stricto de la SNB portent sur l’élaboration de stratégies régionales pour la biodiversité, la création d’un observatoire de la biodiversité, le développement des sciences de l’écologie et leur enseignement du primaire au supérieur et des avancées dans le domaine de la fiscalité environnementale.

Sophie Périabe (Avec le Rapport d’activité 2007 de la Stratégie nationale pour la biodiversité, publié en mai 2008)