C’est souvent dans les situations difficiles qu’on s’aperçoit de l’utilité de certaines choses. C’est apparemment ce qui est arrivé au maire de Saint-Pierre, il est vrai, un peu dépassé par les évènements, notamment depuis les problèmes d’alimentation en eau potable sur sa commune.

Michel Fontaine dit “oui” à l’extension du tram-train dans le Sud

Ce dernier a déclaré hier, lors de la visite de François Baroin, Ministre de l’Outre-mer : « je suis favorable à l’extension du tram-train dans le Sud ». Pourquoi ce revirement de situation ? Paradoxalement, il ajoute qu’il est toujours contre ce projet. Curieuse position. Pour ou contre, alors ? Il le dit à demi mot, mais on pourrait penser qu’il est aujourd’hui pour le tram-train. Mais attention, il ne faut pas le dire trop fort. Mais, comme dit le proverbe, « mieux vaut tard que jamais ».
Malgré un accord du Maire de Saint-Pierre, le problème reste entier puisque le Maire de Saint-Louis, Cyrille Hamilcaro, reste sur ses positions, tout comme Didier Robert, Maire du Tampon. Ils ne sont pas pour une extension du tram-train dans le Sud puisque cela coûterait trop cher. « Je suis contre ce projet, car après les 1,3 milliards d’euros investis pour la liaison entre Sainte-Marie et Saint-Paul, nous n’avons pas les fonds nécessaires », déclare Didier Robert.
Les deux élus semblent mélanger l’utilité publique et leur opposition systématique.
Nous pouvons constater aujourd’hui que l’Etat se dit prêt à financer les 30 millions d’euros nécessaires à la construction d’un pont entre Saint-Louis et Saint-Pierre. Si, dès le départ, ces communes avaient approuvé ce projet de tram-train indispensable à La Réunion, et notamment dans la région Sud, il y aurait eu des fonds octroyés à la globalité du projet. Mais certains élus ont préféré adopter une position contre les intérêts de concitoyens.
Les régions Nord et Ouest vont encore se développer au détriment du Sud et aussi de l’Est. Alors, il ne faut pas se tromper de combat et laisser les querelles politiques de côté pour faire avancer La Réunion, et faire avancer le Sud.

Une vraie route nationale entre Saint-Pierre et Saint-Benoît

Les conséquences de l’effondrement d’un pont de la Rivière Saint-Etienne démontre, encore une fois, la fragilité du réseau routier du Sud et du retard pris en la matière.
En la matière justement, le Maire du Tampon fait des propositions. Il propose donc d’élargir la piste de l’aéroport de Pierrefonds, qui pourrait donc accueillir davantage d’avions et permettre une meilleure ouverture du Sud sur le monde, notamment la zone Océan Indien, sans dépendre de Saint-Denis. De même, il soumet un projet de zone portuaire à Saint-Louis : « aujourd’hui, toute l’activité maritime se passe à la Pointe des Galets, ce qui fragilise, on le voit aujourd’hui, la microrégion Sud », explique Didier Robert. Enfin, il souhaite une liaison entre Saint-Pierre et Saint-Benoît, et selon lui, cela passerait par la construction d’une vraie route nationale. Il parle peut-être du projet Rocade au Tampon. Détaillé dans nos éditions précédentes, il s’agit de construire une route entre le carrefour des Azalées et l’église du 14ème km, en passant par le quartier de la Châtoire. Elle sera donc située en zone urbaine, et cette déviation s’étendra sur 5 kilomètres. Il faut savoir que dans un premier temps, il s’agira d’une 2 fois 1 voie, mais dans l’avenir, il est prévu de la transformer en 2 fois 2 voies, si cela est nécessaire.
« Non, nous rassure Didier Robert, la Rocade ne sera pas une route nationale, mais une route urbaine ».

Dans tous les cas, il est nécessaire de tirer les leçons des évènements qui se déroulent actuellement et ne pas faire les mêmes erreurs.

Sophie Périabe

Comment va s’organiser la liaison Saint-Louis - Saint-Pierre ?

Paul-Henry Maccioni, le Préfet, a annoncé hier le passage de convois exceptionnels sur le pont de la Rivière Saint-Etienne, dès que celui-ci ne présentera plus de danger. Il s’agira de transporter des matières premières et des urgences médicales sous escorte de la gendarmerie. Sur ce point, Eric Magamootoo, Président de la CCIR, n’est pas d’accord. Il est important, selon lui, de prendre en compte le facteur humain et donc de mettre en place un système de navettes permettant aux personnes qui habitent du côté de Saint-Louis de se rendre sur Saint-Pierre et vice-versa. Il est clair que sans employés, les entreprises ne pourront plus fonctionner dans des conditions normales. « C’est pour cela que les salariés doivent pouvoir travailler et être payés pour faire vivre leur famille », explique le Président de la CCIR. Il convient néanmoins que le convoi exceptionnel des matières premières est déjà une belle avancée, mais il ne faut pas oublier le capital humain. « Je ne demande pas que les véhicules de particuliers puissent passer, mais simplement des bus pour permettre aux personnels hospitaliers, des administrations, des PME, les apprentis, etc... de se rendre sur leur lieu de travail », ajoute Eric Magamootoo.

« Pourquoi certaines personnes peuvent passer et d’autres pas ? », se demande le Maire de Saint-Louis, très en colère. Il n’a pas pu prendre la parole lors de la réunion hier avec le Ministre de l’Outre-mer, tout comme les Maires de l’Etang-Salé et des Avirons, communes aussi touchées par la crise. Cyrille Hamilcaro déplore donc cette situation et se dit ignoré et frustré. « Vous savez, Saint-Louis a l’habitude d’être ignoré », ajoute-il.
Selon ce dernier, on reste aujourd’hui sur des banalités « et je ne suis pas venu pour ça, je suis donc déçu aujourd’hui ». Le Maire de Saint-Louis constate qu’encore une fois, les mêmes erreurs vont être commises. Il ajoute que le Ministre est venu pour gérer une situation de crise et apporter des solutions de crise. « Il est vrai qu’il faut gérer l’urgence, mais ça, nous savons le faire ; ce qu’on veut, ce sont des solutions d’avenir », explique l’élu. En effet, il est nécessaire d’aborder les perspectives d’avenir pour trouver des solutions durables.
Concernant les convois exceptionnels, le premier magistrat de la commune de Saint-Louis est scandalisé et ne comprend pas pourquoi il n’est pas possible de mettre en place des convois « tout court » sans prendre en compte les motifs des uns et des autres.
« Lorsque des parents viennent vous voir et vous dire qu’ils ne peuvent pas aller voir leur enfant hospitalisé à Saint-Pierre, car ils n’ont pas de moyen de transport, qu’est-ce que vous leur répondez ? ». Selon ce dernier, la population de Saint-Louis ne comprendra pas pourquoi certains sont privilégiés.

SP