Fortes pluies : les travailleurs prennent tous les risques !

Radiers de tous les dangers : « Que font les élus ? »

31 janvier 2008

Comme on a pu le constater hier, nombre de travailleurs ont dû affronter les fortes pluies, les chaussées inondées, les franchissements de ravines. Pas le choix. Tant que l’alerte rouge n’est pas déclarée par le Préfet, l’activité économique continue, en dépit des risques.

La Réunion a essuyé hier entre 280 et plus de 300 millimètres de pluies, surtout dans les hauteurs. De fortes précipitations qui ne sont dues qu’au seul mouvement de Fame, sachant que la forte tempête tropicale Gula se situait alors à plus de 700 kilomètres de nos côtés.

Dispositions intempéries uniquement dans le BTP/TP

Si ces précipitations de saison sont profitables aux nappes phréatiques, elles n’en demeurent pas moins très contraignantes et dangereuses pour les automobilistes. Nombre de salariés auraient assurément préféré pouvoir rester chez eux hier plutôt que d’avoir à franchir la route en Corniche dont les énormes cascades offrent un spectacle tout aussi fascinant qu’effrayant. Une épreuve redoutable. Mais hormis pour le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics et fonction encore des conventions collectives des entreprises, la législation du travail ne prévoit aucune disposition particulière en cas d’aléas climatiques. Seule l’alerte rouge permet aux citoyens de rester chez eux. Alors, quitte à affronter le brouillard des Hauts, les risques d’éboulis de terre, les radiers submergés, les salariés sont obligés de se rendre à leur travail. Certains auront pu peut-être avisés par leur employeur, mais dans tous les cas, une journée non travaillée est une journée perdue, et en ces temps de paupérisation extrême de leur pouvoir d’achat, les Réunionnais ne peuvent bien souvent pas se permettre cette “fantaisie”, même si leur sécurité est en jeu.

Un risque accru dans certaines régions

Calendrier scolaire oblige, collégiens, lycéens, mais aussi petits bouts accueillis en crèche, en jardin d’enfants, ont eux aussi pour la grande majorité dû défier les lois de la nature. Car un parent qui travaille n’a d’autre choix que d’envoyer ses enfants à l’école, lorsqu’il ne peut les confier à un membre de sa famille. La Réunion le sait pourtant : en cas de fortes pluies et de cyclones, les accidents sont très vites arrivés. Hier matin, sur la route de la Montagne, des pans de terre ont dévalé sur la chaussée, immergée par un torrent de gadoue. Les autorités connaissent aussi ces dangers. Si, avec l’alerte orange, elles appellent la population à la plus grande vigilance, cette dernière est néanmoins contrainte de prendre des risques, calculés ou pas, à défaut d’alerte rouge. Sachant que l’intensité des intempéries varie d’une région à l’autre, que les pluies ont particulièrement compromis les possibilités de circulation dans les Hauts de l’île, la possibilité d’un degré d’alerte par zone géographique, certes plus compliqué à gérer, devrait néanmoins être envisagée. Car quand on part le matin pour se rendre au travail, il n’est pas exclu que les conditions climatiques se soient encore dégradées le soir venu. Tout un débat.

Quelle alternative aux radiers ? Question aux candidats

Sur les ondes radio hier matin, nombre d’auditeurs s’étonnaient, voire s’indignaient, que la circulation soit encore autorisée. « Mais que font les autorités ?, demandera un monsieur de la Plaine des Cafres. Elles feraient mieux de sortir un peu de leur bureau pour venir voir ce qui se passe ici ! ».
« Mais que font les élus ? »,
demandera encore une auditrice s’indignant qu’aucune barrière de protection pour empêcher la circulation ne soit placée devant tous les radiers de l’île. Il y en a bien une au radier de Commune Prima, mais elle n’était toujours pas actionnée mardi en fin de soirée. Ainsi, des badauds s’étaient massés à son abord pour regarder la spectaculaire et périlleuse traversée de certains automobilistes qui n’hésitaient pas à affronter les flots, à risquer de noyer leur moteur, et pire encore, leur vie. A chaque saison de pluies, la question du franchissement des radiers se pose aux citoyens, qui, comme cette dame, n’ont pas tort de se demander ce que font effectivement les élus. Ils préfèrent envisager le problème selon son caractère ponctuel et saisonnier, plutôt que de réfléchir de façon pragmatique au volet crucial de l’aménagement du territoire. Quelle alternative ? De quelle façon assurer la sécurité des Réunionnais ? Comment anticiper, ou plutôt enfin considérer le renforcement des phénomènes climatiques ? Des interrogations intéressantes qui mériteraient d’être soumises à l’appréciation des candidats aux prochains scrutins.

Stéphanie Longeras


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