“Sauvons les pétrels” des éclairages publics

Récupérés, bagués, les pétrels s’envolent vers l’océan

5 avril 2007

Le mois d’avril est décisif pour les pétrels de Barau (ou Taille Vent). Les oisillons de cette espèce endémique de La Réunion arrivent à maturité et prennent leur envol pour rejoindre la mer. La SEOR (Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion) estime entre 600 et 900 le nombre de jeunes pétrels de Barau ce mois-ci. Mais au moins 40% de ces oiseaux risquent de mourir, désorientés par les éclairages publics. Pour éviter l’hécatombe, chacun est invité à participer à l’opération “Sauvegarde des pétrels”. Il suffit, d’après les conseils de Jean-Baptiste Requier, agent de conservation de l’avifaune, de recueillir les pétrels échoués et de contacter la SEOR.

Petrel de Barau

Le mois d’avril correspond à la période d’envol des jeunes pétrels de Barau. Quelles sont les caractéristiques de cet oiseau ?

- Le pétrel de Barau est un oiseau marin, une espèce endémique de La Réunion. Elle est menacée d’extinction, surtout en cette période, du 1er avril au 15 mai, qui correspond à l’envol des jeunes pétrels. Les pétrels de Barau nichent sur le Piton des Neiges, le Gros Morne et le Grand Bénard. Les couples creusent un terrier dans le sol et n’ont qu’un seul œuf à la fois. La population de pétrels de Barau est estimée entre 3.000 et 5.000 couples.

Pourquoi cette espèce est-elle menacée de disparition ?

- Les jeunes pétrels de Barau quittent le nid la nuit pour rejoindre la mer, mais ils sont désorientés par les éclairages publics, s’échouent et sont incapables de reprendre leur envol. Ils sont alors des proies faciles pour les chiens, les chats et les hommes. Entre 40 à 60% des jeunes pétrels de Barau s’échouent à cause des éclairages publics chaque année. 600 à 900 oiseaux vont quitter leurs nids ce mois d’avril. Sans sauvetage, la population de pétrels de Barau risque d’être divisée par 2 en moins de 40 ans.

Les éclairages désorientent les jeunes pétrels au moment de leur envol. Comment explique-t-on ce phénomène ?

- Difficile d’expliquer ce phénomène. On constate que ce sont essentiellement les jeunes pétrels qui sont victimes des éclairages, alors qu’ils n’ont quitté leurs nids que depuis une quinzaine de jours et n’ont jamais vu la mer. Seulement 5% des oiseaux retrouvés sont des adultes. On suppose que les éclairages joueraient sur le magnétisme terrestre et provoquerait la désorientation des oiseaux.

La SEOR a demandé aux mairies de l’île de réduire les éclairages, au moins pendant ce mois d’avril, pour permettre aux jeunes pétrels de Barau d’atteindre la mer. Les mairies ont-elles répondu favorablement ?

- Nous venons en effet d’envoyer des courriers à l’ensemble des mairies. Nous n’avons pas encore de réponses, mais comme chaque année certaines communes font plus d’effort que d’autres.

L’opération “Sauvegarde des pétrels” ne peut fonctionner sans la participation de la population. Quel rôle chacun peut-il jouer, quels sont les gestes à faire lorsque l’on découvre un oiseau en détresse ?

- Si vous trouvez un pétrel de Barau, il suffit de le mettre dans un carton, au calme, sans climatisation, à l’abri des chiens et des chats. N’essayez pas de le nourrir ou de lui donner à boire. Le pétrel récupère assez facilement de lui-même. Appelez la SEOR (au 0262-20-46-65), qui prend en charge les oiseaux dans le Nord et l’Est, ou déposez l’oiseau dans un relais : la gendarmerie, les pompiers, les cliniques vétérinaires. La SEOR, c’est aussi dans toute l’île un réseau de 200 bénévoles chargés de récupérer les oiseaux, qui seront bagués et relâchés.

En 9 ans d’actions pour sauver les pétrels, quel est le bilan ?

- Chaque année, nous récupérons plus de 200 pétrels de Barau. En 2005, nous avons relâché plus de 250 pétrels de Barau, en 2001, plus de 790. Une fois le pétrel relâché, c’est un excellent oiseau marin. Il est fidèle à son lieu de naissance et revient nicher sur les sommets de l’île. On constate que les oiseaux bagués il y a 2 ou 3 ans ne sont pas repris. C’est donc positif.

Edith Poulbassia

Contact SEOR : 0262-20-46-65, www.seor.fr


4 pétrels à sauver toute l’année

Le pétrel de Barau, appelé aussi Taille Vent, est particulièrement fragile en cette période, du 1er avril au 15 mai. Les jeunes pétrels quittent le Piton des Neiges, le Gros Morne et le Grand Bénard, et s’envolent pour la première fois vers l’océan. Entre 200 et 800 pétrels de Barau peuvent être recueillis par an. Au plumage gris bleuté dessus, blanc dessous, son bec est noir et crochu. L’oiseau mesure environ 38 centimètres.
Les puffins de Baillon nichent dans les ravines de l’île et se reproduisent toute l’année. La population est aussi estimée à 5.000 couples et les jeunes peuvent s’échouer toute l’année. Mais c’est surtout de novembre à mars que ces oiseaux sont victimes des éclairages. Entre 300 et 500 puffins de Baillon sont sauvés par an. C’est le plus petit des pétrels (30 cm), son plumage est noir dessus, blanc dessous, le bec noir et crochu.
Le puffin du Pacifique, malgré son nom, niche bien à La Réunion, même s’il est rare, sur les falaises de la côte littorale. Les jeunes ont donc moins de risque de s’échouer à cause des lumières artificielles, en avril et en mai. Une dizaine de puffins est récupérée chaque année. Le puffin du Pacifique est brun chocolat, au bec fin et noir à base claire. Ses pattes sont roses.
Le pétrel noir de Bourbon est endémique de La Réunion. On estime sa population à 50 couples. C’est l’une des espèces les plus rares du monde. Seuls 12 spécimens ont été retrouvés en 1 siècle. 4 pétrels noirs de Bourbon ont été récupérés en 2001, un seul en 2001. Pour le reconnaître : son plumage est brun chocolat, son bec est noir, crochu, court et massif. Il mesure une trentaine de centimètres.

(Source SEOR)

E.P.


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