180 litres d’eau potable par jour et par personne et sécheresse : un défi urgent à relever
Réduire la consommation d’eau à La Réunion est une évidence
30 novembre, par
La Réunion, où la consommation moyenne d’eau potable atteint environ 180 litres par jour et par habitant, est confrontée à une diminution de la ressource favorisée par la crise climatique. La sécheresse devenue la norme montre les limites de l’infrastructure actuelle et la nécessité d’un changement profond dans l’utilisation de l’eau.
La Réunion subit de plein fouet les effets du changement climatique. La sécheresse devient la norme. Cela réduit les pluies essentielles pour l’agriculture et les ressources en eau potable. Cette évolution touche par exemple la culture de la canne à sucre, pilier économique historique de l’île. Selon les prévisions, les rendements canniers pourraient encore chuter d’ici 2065 sous l’effet du réchauffement climatique, confirmant les scénarios établis par les climatologues et le GIEC. Ces pertes résultent de l’augmentation des températures et de la baisse des pluies, phénomènes observés dans l’Océan Indien.
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Consommation d’eau irraisonnée
Malgré ces signaux d’alerte, la consommation moyenne d’eau potable reste élevée à La Réunion : 180 litres par jour et par habitant, alors que deux litres par jour suffisent. Ce chiffre dépasse largement celui observé chez nos voisins. À La Réunion, l’accès à l’eau est conditionné par un système importé des normes et le marché de l’eau est dominé par des entreprises d’origine française. Ce modèle, adapté à des régions où l’eau a toujours été abondante, ne tient pas compte de l’évolution de la situation. La gestion des réseaux d’eau, avec un taux de fuite de 35 %, augmente les pertes alors que les ressources diminuent
La commune de Sainte-Marie est particulièrement touchée. Elle applique des restrictions strictes pour préserver la ressource. Un arrêté municipal interdit désormais l’arrosage des jardins, le remplissage ou la vidange des piscines privées, le lavage des véhicules et des espaces extérieurs.
En complément, des coupures d’eau sont programmées de 9 h à 16 h et de 20 h à 5 h dans plusieurs quartiers tels qu’Espérance les Hauts et la rue Ravine Grimm. Des citernes ont été installées pour fournir de l’eau dans des points stratégiques, mais les habitants doivent faire bouillir l’eau du réseau avant de la consommer en raison des risques sanitaires.
Historiquement, l’Est de La Réunion servait de château d’eau pour l’île, mais les périodes de sécheresse prolongées ont tout changé. La croissance démographique et la surconsommation contribuent à l’épuisement des ressources.
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Adaptation et solutions nécessaires
Des solutions adaptées sont possibles pour faire face à cette crise.
Tout d’abord en favorisant la collecte d’eau de pluie. Ce sont par exemple des retenues collinaires et des systèmes de stockage à grande échelle pour répondre aux besoins de l’agriculture et de quartiers, ainsi que des récupérateurs d’eau de pluie dans les maisons où cela est possible.
Ensuite, il est nécessaire de soutenir un usage raisonné de l’eau potable : L’eau pour des usages non essentiels (toilettes, arrosage, lavage de voiture…) pourrait être remplacée par de l’eau recyclée ou de pluie.
La réduction du gaspillage est un point important car 35 % de l’eau se perd entre l’usine d’eau potable et le compteur de l’usager. Cette eau perdue est facturée.
Il est tout aussi important de sensibiliser la population, notamment la couche pour laquelle le prix des factures d’eau n’est pas un problème. Des réducteurs de débit pourraient être imposés aux familles qui manifestement gaspillent afin que l’accès à la ressource soit mieux réparti.
La transition vers une gestion plus durable de l’eau est une priorité pour limiter les impacts du changement climatique. Personne à La Réunion ne peut plus se permettre de traiter l’eau comme une ressource inépuisable. En agissant dès aujourd’hui, nous pouvons atténuer les conséquences à long terme de la crise climatique.
M.M.