Changement climatique

Réduire la pollution au méthane ralentirait le rythme du réchauffement

22 septembre 2021

Selon les chercheurs, l’agriculture est à l’origine de la majorité des émissions anthropiques de méthane.

Le méthane est un gaz ultra nocif pour le climat, et est pour bonne partie lié à des activités humaines (agriculture, énergie, déchets) sur lesquelles il est possible d’agir. En effet, les Etats-Unis et l’Union européenne souhaitent réduire les émissions pour ralentir le changement climatique.

(photo PD)

Le méthane (CH4) est un gaz très courant, qui est aussi le deuxième gaz à effet de serre d’origine anthropique (lié à l’activité humaine) après le dioxyde de carbone (CO2). Selon les chercheurs, son effet de réchauffement est 28 fois plus important par kilogramme que celui du CO2 sur un horizon de 100 ans.

Cependant, sa durée de vie dans l’atmosphère est relativement plus courte que le CO2, soit une dizaine d’années pour le premier contre des décennies voire des centaines d’années pour le second.

Le méthane participe aussi à la production d’ozone, un polluant dangereux pour l’homme, qui a un impact dévastateur sur les écosystèmes. Les émissions mondiales de méthane ont augmenté de 9 % entre 2006 et 2017, selon une étude menée par plus de 100 chercheurs internationaux sous l’égide du Global Carbon Project et publiée en 2020.

Ses émissions sont à environ 40% d’origine naturelle, dans les zones humides notamment. Le permafrost renferme aussi des volumes immenses de méthane, qui pourraient être relâchés dans l’atmosphère si ce sol gelé continue de fondre sous l’effet du réchauffement climatique.

Ensuite, les activités humaines sont directement responsables des quelque 60% restants, notamment l’agriculture. Selon les chercheurs, à l’origine de la majorité de ces émissions anthropiques de méthane, 30% des émissions sont issues des troupeaux d’élevage (fermentation digestive et fumiers) et 8% pour la culture du riz.

Côté énergies fossiles, l’exploitation du pétrole et du gaz représente 22% des émissions anthropiques et l’extraction du charbon 11%. La gestion des déchets solides et liquides représente 18% des émissions et les feux de biomasse et de biofuel 8%, le reste des émissions sont liés aux transports et à l’industrie.

Des bulles de méthane s’échappent du fond de l’océan.

Face à ces données, les Etats-Unis et l’Union européenne travaillent conjointement sur un projet d’accord portant sur une promesse de réduction des émissions d’origine anthropique de méthane d’au moins 30% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2020.

« Réduire la pollution au méthane représente la stratégie la plus rapide et efficace dont nous disposons pour réduire le rythme du réchauffement. Les bénéfices seront presque immédiats », a réagi Fred Krupp, président de l’ONG Environmental Defense Fund (EDF).

Dans un rapport publié en 2021, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a estimé qu’il était possible de réduire les émissions de méthane de 45% – soit 180 millions de tonnes par an – d’ici 2030. Cela permettrait d’éviter 0,3°C de réchauffement climatique d’ici les années 2040.

Dans le domaine du pétrole et du gaz, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a elle estimé que les trois-quarts des émissions de méthane peuvent être supprimés – et pour une bonne partie sans coût supplémentaire.

Cette dernière suggère de remplacer les équipements qui laissent aujourd’hui s’échapper le gaz sur les installations d’extraction et de transport d’hydrocarbures, pour installer des équipements de récupération ou de détection des fuites.

Dans l’agriculture, il est possible de changer le régime des ruminants, qui produisent du méthane au cours de leur digestion, ou de sélectionner les races les plus productives pour limiter la taille des troupeaux, selon le PNUE.

De son côté, l’UE préconise de réduire la consommation de viande et produits laitiers. Et atteste que les rizières peuvent bénéficier d’une meilleure gestion de l’eau ou de l’ajout de certains produits qui limitent la production du gaz.

Côté déchets, la réduction des émissions passe par l’amélioration du tri et du traitement des déchets, et notamment de ne pas recourir à la mise en décharge pour les déchets biodégradables.

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