Avec ce tracé de la Route des Tamarins à mi-hauteur, c’est un désengorgement de la zone balnéaire et un désenclavement des Hauts qui est proposé aux Réunionnais. Mais au-delà d’une réalisation indispensable, répondant à de nombreux besoins co-latéraux, la mise en œuvre de ce chantier est la démonstration effective que la Région est au cœur de l’application de l’Agenda 21 de La Réunion.
En effet, plus qu’une trajectoire asphaltée d’envergure, faisant appel à de colossaux ouvrages d’art, et plus qu’une démarche vitale répondant aux préoccupations quotidiennes de la population en matière de déplacements, la Route des Tamarins c’est surtout, « la mise en place d’actions en faveur du développement durable pour le 21ème siècle, conciliant les principes de préservation de l’environnement, de développement économique et de cohésion sociale ». C’est le défi proposé par l’Agenda 21 de La Réunion. Un projet signé le 10 décembre dernier par l’ensemble des institutions réunionnaises (Collectivités régionale et départementale, Chambres consulaires, Conseils consultatifs), par l’État et par EDF.
La Réunion a besoin d’élus responsables
Avec un accroissement de 250% du nombre de véhicules en 20 ans (soit 6 fois plus que la population), le trafic automobile s’est considérablement amplifié. Surtout aux heures de pointe.
Dans le même temps, la courbe démographique réunionnaise connaît une ascension constante et la prévision des 1 million d’habitants à l’horizon 2025 laisse présager l’asphyxie du réseau routier, si l’on continue la même politique des déplacements privilégiant la voiture individuelle.
Il y a donc urgence. « Si le parc automobile réunionnais continue à s’amplifier de 30.000 voitures par an, est-ce que le “coma circulatoire”, selon les termes du Préfet, interviendra avant la Route des Tamarins ? ».
La question est posée par le président de la Région, qui a déjà envisagé une autre alternative avec l’ambitieux projet de tram-train de Saint-Benoît à Saint-Joseph par le Nord et l’Ouest. La collectivité régionale ne joue donc pas la carte de la passivité et du laisser-aller. La catastrophe du basculement des eaux nous démontre avec flagrance que le manque d’anticipation, l’incapacité de projection de certains de nos élus et le non-respect du principe de précaution jettent à l’eau l’argent des contribuables.
Alors que le maire de Saint-Paul, comme beaucoup de nos élus qui ne mesurent pas le poids des enjeux que soulève le tracé de la Route des Tamarins, réclame des résultats à la collectivité régionale, Paul Vergès se permet à son tour de demander : « Avec une estimation de 50.000 voitures venant par exemple de l’Est à Saint-Denis et 60.000 arrivant de l’Ouest dans le chef-lieu chaque jour, quelles sont les infrastructures prévues pour pallier le problème de la saturation du centre-ville ? ».
Nous sommes toujours en attente de réponse, comme les commerçants du centre-ville d’ailleurs, dont la santé économique se dégrade implacablement et dont le cri d’alerte lancé depuis deux ans ne reçoit que son propre écho en retour.
« Il faut prendre des décisions, les assumer maintenant et pour l’avenir », estime Paul Vergès s’agissant de l’aménagement du territoire. Et il rappelle que depuis de nombreuses années la commune de Saint-Paul s’est opposée à la réalisation d’une quatre-voies dans cette zone.
« Les changements climatiques, l’élévation du niveau de la mer, les effets co-latéraux des cyclones, avec l’augmentation de l’intensité de la houle, la menace de glissement de plaques géologiques sur la route du littoral : les élus sont devant leurs responsabilités. Il faut travailler pour apporter d’autres solutions que celles prises par les décideurs contre la volonté d’autres élus et c’est en cela que la mandature de 2004 à 2010 sera décisive ». Il faut que les électrices et électeurs sachent s’ils veulent des élus de parade ou des hommes de visions et d’actions capables de relever les grands défis de demain.
L’Agenda 21...
Bien que plus de 250 Réunionnaises et Réunionnais se soient spontanément investis dans les ateliers de réflexion de l’Agenda 21 initié par la Région en février 2002, celui-ci demeure encore abstrait pour la grande majorité de la population. Signé en fin d’année dernière par l’ensemble des acteurs politiques, socio-professionnels et administratifs locaux, en partenariat avec l’Etat et la société civile, les thématiques qu’il avance en faveur du développement durable de notre île, se sont révélées tout au long de la mandature de la Région.
Priorité offerte aux énergies renouvelables, proposition d’alternatives pour une nouvelle politique de déplacements et d’urbanisation, éveil à l’éco-citoyenneté, actions massives en faveur du co-développement, etc. : la Région a déjà prouvé son implication en faveur d’une nouvelle gestion de notre pays, réaffirmant « l’urgence de concevoir autrement notre gestion de la planète ».
...sur le tracé de la Route des Tamarins
Concernant la Route des Tamarins, le temps de la réflexion n’a pas été économisé, afin que soient déjà respectés les engagements de l’Agenda 21. Elle répond tout d’abord à une attente de la population, comme des acteurs économiques, d’une meilleure fluidité de circulation. Nos temps de trajets seront considérablement diminués, la qualité du réseau routier nettement améliorée, et les centres urbains se situant sur l’itinéraire se délesteront de la tétanie des embouteillages.
Cet ouvrage exceptionnel permettra une meilleure liaison avec les Hauts de l’île, et ses habitants pourront ainsi bénéficier d’un meilleur accès à la vie administrative et économique, localisée sur la zone côtière.
Sur les 33 kilomètres du tracé final de la route, des réservoirs de traitement préalable de toutes les eaux de plates-formes seront disséminés afin qu’aucun rejet ne soit fait dans la nature.
Dans le respect de la préservation des terres agricoles et des espaces naturels, de nombreux ponts et tunnels seront réalisés. Ce sont des ouvrages d’art inhabituels, qui constituent un « défi technique et financier exceptionnel ».
Le problème de relogement classique, qui concerne 87 foyers sur 500 parcelles touchées, est aujourd’hui traité par quatre opérateurs (SEDRE, SEMADER, SHLMR, SIDR) pour les secteurs les plus délicats, à savoir, les Bas de Saint-Paul et le secteur de Saint-Leu.
« Un remodelage de ces villes est à envisager, en concertation directe avec la population », ajoute le président de la Région, qui répond à l’engagement de se tourner vers une nouvelle politique d’urbanisme, en partenariat avec les professionnels, les communes et les habitants eux-mêmes.
En plus de quasiment doubler l’activité du secteur des travaux publics et de satisfaire la fédération du BTP, ce sont des qualifications et formations qui sont et seront encore proposées aux jeunes réunionnais, qui représentent une part importante des travailleurs qualifiés investis dans la réalisation de ce tracé. L’activité économique va s’en trouver revitalisée, alors que dans le respect de l’harmonie du paysage, la route va nous ouvrir de nouveaux horizons au cœur même de notre île.
Estéfany
Avec la participation de la population
C’est dans une démarche participative et collective que s’inscrivent les grands projets de la Région pour La Réunion de demain. Chacun peut y apporter ses suggestions, ou plus simplement s’impliquer au quotidien en faveur du respect de notre environnement, des règles élémentaires de mieux vivre au cœur d’un pays qui veut préserver son harmonie et son âme.
En proposant une alternative crédible et efficace à l’utilisation abusive de la voiture, en triant nos déchets, en éveillant nos enfants sur les responsabilités qu’ils auront à assumer pour la préservation de leur environnement, en faisant de notre passé, de notre culture et de notre identité les clés de notre force, en montrant l’exemple, nous parviendrons ensemble à soutenir et à comprendre les personnes qui œuvrent pour nous et notre pays.
Ne rentrons pas dans le jeu malsain de la banalisation ou des stéréotypes qui nous offrent un regard pessimiste, globalisant et résigné de la politique et de ceux qui la font. La politique, c’est nous, aux côtés de ceux qui œuvrent pour nous, et non la généralisation de l’image négative que nous offrent les dominants. Continuons à croire en la vertu et au courage du peuple réunionnais, si l’on veut continuer à croire en nous et en notre avenir.
Aux adeptes des chiffres imaginaires
Alors que la Région annonçait la mise en œuvre de deux gros chantiers de la Route des Tamarins, dans le même temps, les ténors de la liste Raffarin "mensongeaient", lors d’une conférence de presse, sur un dépassement de 40% du budget initial.
En plus de se défiler pour assumer ses responsabilités devant la population, l’UMP locale tente de discréditer le bilan plus que positif de la Région, qu’il s’agisse de sa gestion financière en matière de fonds européens ou des actions de développement local, durant ses six années de mandature.
Il est plus facile de lancer des chiffres, sortis d’on ne sait où, avec une éloquence outrageuse, plutôt que de rendre des comptes sur son propre bilan. Nos véritables artistes locaux ont de la concurrence. Mais celle-ci ne perçoit pas le minimum des intermittents. Elle ferait mieux de répondre aux attentes des Réunionnais plutôt que de chercher à savoir qui est apparu le premier, entre la poule ou l’œuf.