L’eau n’est pas une ressource illimitée, elle doit être justement partagée

Sortir de la crise de l’eau à La Réunion par la solidarité entre Réunionnais

18 janvier, par Manuel Marchal

Compte tenu de la crise climatique, la sécheresse exceptionnelle sera la norme à La Réunion. Face à cette donnée inéluctable, le principal levier d’action est la réduction de la consommation. Les plus gros consommateurs privés doivent impérativement réduire leur empreinte sur la ressource en eau. Pourquoi ne pas leur imposer des quotas pour arrêter le remplissage des piscines et l’arrosage des pelouses ? C’est en effet la solidarité qui permettra de garantir l’accès de tous les Réunionnais à l’eau potable toute l’année, même si ces mesures vont à l’encontre des intérêts des actionnaires des marchands d’eau potable. L’eau n’est pas une ressource illimitée, elle doit être justement partagée.

La sécheresse provoque une crise de l’eau à La Réunion avec des coupures d’eau dans plusieurs communes, en particulier dans l’Est de l’île à l’exception notamment de Sainte-Suzanne. Ceci a obligé à prendre des mesures urgentes. C’est par exemple l’installation de fontaines d’eau non potable alimentées par des citernes et la distribution de bouteilles d’eau à des habitants privés du précieux liquides. En quelques jours, la commune de Saint-André en a distribué 90 000.
A Saint-André, cette situation s’explique par une diminution importante de l’alimentation assurée par les captages dans les cours d’eau : entre 30 et 50 %.
Cette sécheresse est qualifiée d’exceptionnelle. D’après un bulletin de Météo France diffusé le 14 janvier 2025, La Réunion subit depuis le début de l’année des températures exceptionnellement élevées accompagnées d’une sécheresse intense.

Saison des pluies en retard de deux mois

Depuis plusieurs mois, La Réunion souffre d’un déficit pluviométrique marqué. Malgré les fortes précipitations liées aux cyclones Belal et Candice en janvier 2024, la saison humide 2023-2024 s’est révélée plus sèche que prévu a rappelé le 14 janvier Météo France. De mai à novembre 2024, les pluies ont chuté de 20 % par rapport à la normale. Décembre 2024 a été l’un des mois les plus secs en plus de 50 ans avec un déficit de 80 %, et la première moitié de janvier 2025 affichait déjà un manque de 90 %.
Selon les prévisions de Météo France, la saison des pluies accusera donc plusieurs mois de retard car le soleil est prévu au moins jusqu’à la fin du mois. Un début de saison des pluies en février est du jamais vu.
Accompagnant cette tendance, les journées de chaleur extrême deviennent de plus en plus fréquentes : de 15 jours par an au-dessus de 31 °C dans les années 1980-2010, on est passé à plus de 35 jours aujourd’hui. Sans réduction des émissions polluantes responsables du réchauffement causé par la crise climatique, cette tendance pourrait s’étendre sur plusieurs mois.
Si les précipitations globales semblent stables, certaines zones, notamment le sud-ouest, ont enregistré une baisse de 35 % des pluies en 60 ans, indique Météo France. Les prévisions annoncent une diminution de 5 à 10 % des précipitations annuelles d’ici la fin du siècle, accompagnée de saisons sèches plus longues.

Les sécheresses exceptionnelles futures normes

Autrement dit, d’exceptionnelle, la sécheresse de cette année deviendra la norme, avec une saison des pluies décalée de plusieurs mois et moins longue.
Ceci signifie que la baisse de 30 à 50 % de la collecte de l’eau captée dans les cours d’eau deviendra aussi la norme.
Il est à noter que ce déficit est calculé en fonction de la consommation moyenne des Réunionnais : 180 litres d’eau potable par jour et par personne. Si la consommation était entre 60 et 90 litres d’eau par personne et par jour avec une population qui n’augmente pas, alors il n’y aurait pas de déficit.

Une urgence : réduire la consommation

Autrement dit, la réduction de la consommation est la première piste à explorer. Elle a aussi pour conséquence d’augmenter le pouvoir d’achat puisque le prix des factures d’eau diminuera. Il est à noter que des consommateurs d’eau ont un pouvoir d’achat leur permettant de payer des factures traduisant une consommation au-dessus de la moyenne. Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager un système de quotas pour préserver la ressource ? Une fois ce quota dépassé, alors l’eau sera coupée. Ceci permettra sans doute de mettre fin à d’importants gaspillages d’eau à La Réunion : le remplissage de piscines ou l’arrosage de pelouses de grandes propriétés privées. Cela obligera les personnes concernées à installer des récupérateurs d’eau de pluie si elles veulent continuer à consommer au-dessus de la moyenne tout en bénéficiant de l’accès au réseau d’eau potable toute l’année.

Généraliser les récupérateurs d’eau de pluie

Au-delà de l’urgence, il importe de réformer le système de consommation de l’eau. Plutôt que de se fournir uniquement auprès des marchands d’eau potable, les Réunionnais devraient être encouragés financièrement à s’équiper en récupérateurs d’eau de pluie lorsqu’ils vivent dans une maison individuelle ou dans des immeubles en copropriété. Les bailleurs sociaux devraient aussi investir dans l’équipement des logements qu’ils possèdent en récupérateurs d’eau de pluie.
Avec cette eau de pluie, tous les usages non-sanitaires sont possibles, notamment le nettoyage des sols, le lavage du linge en machine, l’arrosage des plantes ou l’évacuation des déchets dans les toilettes.
Il est possible pour La Réunion de sortir renforcée de cette crise de l’eau. Cela nécessite la priorité pour l’intérêt général : garantir l’accès de tous les Réunionnais à l’eau potable toute l’année, même si ces mesures vont à l’encontre des intérêts des actionnaires des marchands d’eau potable.

M.M.

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Messages

  • C’est vrai que la période de sécheresse que nous connaissons actuellement qui impacte gravement la distribution d’eau potable à une grande partie de la population réunionnaise va se renouveler et même s’aggraver dans les années à venir . Face à ce problème nous pouvons réduire la consommation d’eau potable par personne et organiser autrement sa distribution d’eau pour que tout le monde puisse en recevoir un minimum vital .
    Mais cette solution devrait être provisoire en attendant que nous ayons réaliser les infrastructures nécessaires pour aller chercher l’eau qui existe en abondance dans les hauts de l’EST de Notre île sur les communes de Saint Benoit et de Sainte Rose ,mais que nous utilisons presque exclusivement pour produire de l’énergie électrique
    .
    Actuellement l’énergie hydroélectrique représente à peine 20 % de l’électricité que nous consommons à l’île de la Réunion et le fait de récupérer un peu de l’eau qui est utilisée pour produire de l’électricité ne devrait pas poser de gros problèmes à notre économie dans la mesure ou on peut augmenter facilement les autres moyens de produire de l’électricité , notamment l’électricité solaire , éolienne ou autre .
    Pour donner de l’eau potable en quantité suffisante à tous les réunionnais j’ai déjà proposé de prendre une partie de l’eau de la Rivière de l’EST soit en altitude par canalisation , soit à la sortie de l’usine par bateau citerne pour la transporter vers le nord et vers l’ouest . On peut également faire la même chose avec l’eau du bras de la Plaine qui alimente l’usine hydroélectrique de Dassy pour donner de l’eau à la région sud si c’est nécessaire .Mais on pourrait aussi utiliser le tunnel qui transporte l’eau depuis Salazie vers Saint Paul pour transporter une partie de l’eau qui est encore disponible dans lesles hauts de Saint Benoit . Comme le tunnel de Salazie ne transporte plus 3 M3 /s en période d’étiage on pourrait augmenter le volume transporté en allant chercher l’eau du plateau de Bélouve pour la transporter en amont du tunnel de Salazie . et comme l’entrée du tunnel de Salazie est située à moins dem d’altitude on pourrait profiter du dénivelé de 200m pour produire de l’électricité à Salazie avec l’eau du plateau de Bélouve et d’une partie des eaux qui sont utilisées par les usines de Takamaka .

    On peut vivre sans électricité mais on ne peut pas vivre sans eau. . Et comme nous savons que le réchauffement climatique va aggraver d’année en années le problème de manque d’eau potable que nous connaissons actuellement , il nous faut réagir maintenant. et commencer à mettre en place des moyens efficaces pour que la population réunionnaise ne souffre plus de pénurie d’eau causée par la sécheresse .

    Au lieu de vendre de l’eau par bouteille de de 5 litres il me parait plus raisonnable de réaliser rapidement un moyen de prendre l’eau par bateau citernes à Sainte Rose pour la transporter vers le nord et l’ouest où elle pourra être envoyée dans les réservoirs d’eau potable existant par pompage . Mais cela ne devrait pas empêcher le programmations des autres solutions que je préconise , notamment le captage des eaux du plateau de Bélouve pour produire de l’électricité grâce à une usine situé en amont de l’entrée du tunnel de Salazie ; car cette solution permettrait d’augmenter le transport de l’eau vers l’ouest d’au moins 4M3 pendant la période d’étiage tout en produisant de l’électricité sans réduire la production électrique de takamaka ou de saint Rose .


Témoignages - 80e année


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