Une parole réunionnaise dans le partenariat avec l’État et l’Europe

Tous ensemble pour un plan d’endiguement des ravines

12 mars 2007

Remise en octobre 2006 à la Mairie de Saint-Louis, une étude relative à l’endiguement de la Rivière Saint-Étienne relève que le quartier de Bel-Air est sous la menace d’un déplacement du lit en cas de très forte crue. La création d’un syndicat mixte des collectivités réunionnaises (Région, Département, communes), proposée par le Président du Conseil régional, est une réponse pour mobiliser les investissements nécessaires dans le cadre d’un partenariat avec l’État et l’Europe, afin de mettre à l’abri des cyclones les quartiers d’habitations et les zones d’activités économiques.

L’effondrement d’un pont de la Rivière Saint-Étienne a été l’événement le plus marquant du passage du cyclone Gamède. Quotidiennement, des centaines de milliers de personnes subissent encore l’impact de cette catastrophe. La liaison routière entre Saint-Louis et Saint-Pierre est très perturbée. Des heures se perdent dans les embouteillages.
Au-delà de ces très graves conséquences, cet événement est l’occasion de placer sous les feux de l’actualité la nécessité de s’adapter face aux événements climatiques extrêmes. Île tropicale, La Réunion est susceptible chaque année d’être frappée de plus en plus par de puissants cyclones. Des phénomènes que le réchauffement climatique risque d’intensifier et de multiplier.
Par ailleurs, La Réunion poursuit son accroissement démographique. D’environ 800.000 habitants aujourd’hui, l’île sera le lieu de vie de 1 million de personnes au plus tard dans une vingtaine d’années. Un million d’habitants, avec une population active induite estimée à 440.000 personnes, contre 300.000 aujourd’hui.
Cela souligne, d’une part, l’effort considérable qu’il reste à accomplir pour donner au million d’habitants de demain le logement décent auquel chacun a droit. Cela illustre, d’autre part, la nécessité de créer massivement des emplois pour faire reculer le chômage et donner à chacun un travail qui, peut-on rappeler, est un droit garanti par la loi fondamentale de la République.
Or, pour créer des emplois, il est impérieux de favoriser les conditions d’un développement économique au service des personnes. Cela passe notamment par l’implantation ou l’extension d’entreprises. Ce qui, comme la construction de logements, se traduit par l’utilisation de foncier.

Vulnérabilité

Ceci étant, de par sa position géographique, La Réunion est en première ligne sur le front des cyclones. Conséquence : des zones d’habitations et d’activités économiques sont sous la menace de l’impact de phénomènes comparables à Gamède. Et, si rien n’est fait, ce risque va s’amplifier.
C’est un des enseignements que l’on peut tirer d’un rapport de la société SOGREAH portant sur l’endiguement de la rive droite de la Rivière Saint-Étienne. Parmi les conclusions, une carte souligne le danger couru par le quartier de Bel Air. Ce quartier populaire de Saint-Louis abrite également une zone d’activités économiques.
D’après les experts de la société grenobloise, c’est la moitié de ce secteur qui risque d’être submergé par l’évolution du cours d’eau. Nul doute que les cyclones qui surviendront dans l’avenir contribueront à ce changement. Seule parade proposée pour s’adapter à la menace, c’est-à-dire se protéger définitivement de phénomènes naturels inéluctables : l’endiguement de la Rivière Saint-Étienne.

Un plan d’endiguement des ravines

Mais, comme chacun peut le constater, à La Réunion, un seul cours d’eau est endigué jusqu’à son embouchure : la Rivière des Galets. Les dégâts infligés par les récentes pluies cycloniques aux ouvrages de l’endiguement sont d’ailleurs là pour rappeler la pertinence de cet investissement.
Sans cette réalisation, des milliers de personnes auraient vécu dans l’angoisse d’une inondation dévastatrice au Port, à La Possession, ou sur la rive saint-pauloise, subissant l’assaut des flots tumultueux. Les terres exposées à la crue de la Rivière des Galets, provoquée par Hyacinthe en 1980, sont dorénavant protégées.
Sur les bords de la Rivière Saint-Étienne, cela n’est pas le cas. La solution d’endiguement proposée par les experts de la SOGREAH est synonyme d’un lourd investissement pour les autorités compétentes. Comment financer cet investissement indispensable ?
Cet exemple est loin d’être isolé. À Saint-André, le maire de cette commune a poussé dans les colonnes du "Journal de l’île" un soupir de soulagement après le passage de Gamède. La Rivière du Mât a sévèrement endommagé des installations industrielles situées dans son lit. Mais, a-t-il expliqué, des milliers de personnes couraient le risque d’être confrontées à des inondations. Si un tel fait s’était produit, les conséquences auraient été d’une autre nature.
L’an passé, à Sainte-Marie, des maisons et des terres ont été emportées par la crue de la Rivière des Pluies.
À des degrés divers, dans chaque commune, des ravines constituent, à chaque arrivée d’un cyclone, une menace potentielle pour les zones d’activités économiques et les quartiers d’habitations riverains. Pour s’adapter à ce risque, la solution passe par la mise en œuvre d’un plan d’endiguement des ravines à l’échelle de l’île. Ceci afin, d’une part, de mettre à l’abri des risques cycloniques les constructions actuelles, et d’autre part, de gagner de nouvelles terres. C’est un nouveau et précieux foncier qui peut être mis en valeur sur ces surfaces exondées grâce à l’endiguement.

Porter une parole réunionnaise

Se pose alors la question du financement d’un tel plan. Rendant compte de la conférence de presse du 28 février dernier tenue par Paul Vergès, Président du Conseil régional, "Témoignages" du 1er mars souligne que « la Région préconise la création d’un syndicat mixte réunissant les communes, la Région et le Département. Un organe de concertation pour l’endiguement des ravines et la construction de ponts ». Un syndicat mixte qui pourra mobiliser les financements « en faisant appel aux collectivités, aux particuliers et aussi au monde économique ». Ce qui est, pour Paul Vergès, une façon « d’ajouter notre propre effort à celui de l’État et de l’Europe ».
A La Réunion, chacun comprend la nécessité d’endiguer les ravines, et plus largement de s’adapter aux conséquences des cyclones. S’entendre sur ce point essentiel, dégager une position partagée par le plus grand nombre et porter cette revendication en parlant d’une même voix : c’est sans nul doute le moyen le plus pertinent pour faire entendre cette parole réunionnaise lors des discussions avec les partenaires de La Réunion que sont l’État et l’Europe.
Gageons que la mobilisation pour revendiquer le droit des Réunionnais à s’adapter aux conséquences des cyclones s’amplifiera et s’élargira. Car, combattre la vulnérabilité de La Réunion face aux phénomènes climatiques, en construisant des infrastructures adaptées à cet objectif, est une des conditions du développement durable du pays.

Manuel Marchal


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Messages

  • Je suis une éleve du lycée de Bois-Joly POTIER au Tampon et je trouve que vous auriez dû mettre plus de choses dans votre "site"


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