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Un décès sur cinq dû à la pollution de l’air par les énergies fossiles
9 millions de personnes mortes à cause de la pollution de l’air
jeudi 11 février 2021
Une étude menée par des chercheurs de Harvard estime que près de 9 millions de personnes sont mortes prématurément en 2018 à cause de la pollution de l’air extérieur liée aux énergies fossiles.
Les chiffres sont « plus élevés que prévu », ont attesté les chercheurs de l’université Harvard, aux Etats-Unis, en collaboration avec des universités britanniques. Cette étude établit que 8,7 millions de personnes sont mortes prématurément en 2018 à cause de la pollution de l’air extérieur liée aux énergies fossiles (essence, charbon…).

Cela représente près de 20% des décès dans le monde. Une précédente étude, retenue comme référence par l’OMS, tablait sur 4,2 millions de personnes et incluait en plus les émissions de l’agriculture et des feux de forêt.
Publiée dans la revue Environmental Research, l’étude repose sur une méthodologie qui permet de mesurer de manière plus détaillée la pollution de l’air. Pour cela, les chercheurs sont allés plus loin que les données satellites, car cela ne permettait pas de différencier les sources de pollution.
Les chercheurs ont observé la chimie de l’atmosphère, leur permettant d’isoler la quantité de particules fines issues des énergies fossiles. « La combustion des énergies fossiles – en particulier le charbon, l’essence et le diesel – est une source importante de particules fines en suspension dans l’air (PM2,5) et un facteur clé du fardeau mondial de la mortalité et de maladies », ont expliqué les rapporteurs.
La forte présence des minuscules poussières PM2,5, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, atteste d’une mauvaise qualité de l’air. Ces particules sont particulièrement dangereuses pour la santé, car elles sont tellement petites qu’elles pénètrent au plus profond des voies respiratoires.
Leur inhalation cause ou aggrave divers troubles cardiovasculaires, et génère donc une surmortalité. « Les jeunes enfants sont plus sensibles que les adultes aux effets néfastes de la pollution atmosphérique par les particules », et développent des infections des voies respiratoires inférieures, a précisé le rapport.
« Les plus hauts ratios de mortalité sont observés en Chine et en Inde », ont précise les scientifiques dans un communiqué de presse, mais « aucun pays n’est épargné ». En France, par exemple, l’estimation du nombre de décès prématurés a doublé par rapport aux précédents chiffres.
La Santé publique France comptait 48 000 décès attribuables à la pollution de l’air en juin 2016, alors que la nouvelle étude en recense 97 242, soit 17% des morts annuelles françaises.
« Et encore, [l’étude] ne prend pas en compte les autres sources de pollution de l’air, comme les particules fines liées à l’usure des freins et des pneus des véhicules, ou encore aux cheminées », a précise le communiqué d’Harvard.
La surmortalité est « fortement concentrée dans l’agglomération parisienne », ont indiqué les chercheurs. Toutefois, en Chine, la surmortalité due à l’exposition aux particules fines a baissé en 2012 et 2018, grâce aux mesures mises en place pour améliorer la qualité de l’air.
« Nous espérons qu’en quantifiant les conséquences pour la santé de la combustion des énergies fossiles nous pouvons envoyer un message clair aux politiques et au grand public sur les bénéfices d’une transition à des sources alternatives d’énergie », a expliqué Joel Schwartz, professeur d’épidémiologie environnementale à Harvard et coauteur de l’étude.