4ème rapport d’évaluation du GIEC à Paris

Un document de référence pour les décideurs

29 janvier 2007

A l’invitation de la France, le Groupe de Travail I du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat), chargé d’évaluer les aspects scientifiques du système climatique, présentera son 4ème rapport à Paris, du 29 janvier au 1er février. Ces travaux, visant à évaluer les informations internationales scientifiques, techniques et socioéconomiques sur l’évolution du climat, tiendront lieu de référence pour les scientifiques et décideurs du monde entier.

Près de 500 experts climat du monde entier, désignés par les gouvernements et les organisations internationales, sont rassemblés ce matin à la Maison de l’UNESCO, à Paris et ce pour 3 jours, afin de prendre connaissance et d’approuver le résumé du rapport qui leur sera présenté, intitulé : “Bilan 2007 des changements climatiques : les bases scientifiques physiques”.

Quel climat dans les décennies et siècles à venir ?

Pour rappel, le GIEC, créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), a pour mission d’évaluer l’approche et les résultats scientifiques disponibles sur le changement climatique et de fournir ces informations aux décideurs politiques, aux scientifiques et au public. Il appartient ensuite à chacun d’en tenir compte ou pas. Structure impartiale, le GIEC n’a en effet pas pour mission d’apporter de prescription sur la politique à adopter.
Le 4ème rapport du Groupe de Travail I -composé d’une centaine de spécialistes dont une douzaine de Français -, fera le bilan de l’état des connaissances scientifiques du changement climatique à partir des observations de l’atmosphère, de l’océan et des glaces. Comme le précise, sur son site Internet, l’Académie des Sciences, il analysera les composants à l’origine du forçage radiatif, comme le dioxyde d’azote et les aérosols, s’intéressera aux rétroactions dans le système climatique, formulera des observations paléo-climatiques et proposera les résultats des modèles théoriques et des projections pour l’évolution future du climat dans les décennies et les siècles à venir. Des données majeures, dont on envisage d’ores et déjà les grandes lignes, qui permettront au Groupe de Travail II et III du GIEC, respectivement chargés d’évaluer les conséquences des changements climatiques et les possibilités d’adaptation, de finaliser leurs propres conclusions. Il faudra encore attendre le 16 novembre 2007 pour prendre connaissance du rapport final.

La volonté n’est pas l’action

Le rendu de ce rapport intervient dans une période électorale en France où la préservation de la planète s’offre comme un enjeu électoral majeur. Pour preuve, la signature par les différents candidats du Pacte écologique de Nicolas Hulot qui profite de la campagne présidentielle pour tenter de rallier durablement les politiques en course à la protection de notre planète. Et la France, « pleinement engagée dans la démarche du GIEC », « toujours très attachée au développement, à l’indépendance et à la reconnaissance scientifique des travaux du GIEC », « pleinement concernée par la problématique climat », comme le souligne le Ministère de l’Écologie sur son site Internet, d’accueillir les experts climat du monde, en affichant une volonté d’action commune au niveau international, vers « une conscience écologique du monde » (voir encadré) . Néanmoins, si la volonté est nécessaire, elle ne constitue pas l’action qui doit déjà trouver une cohérence à l’échelle nationale. La concurrence économique entre les grandes puissances commerciales de notre planète occulte encore les grands enjeux écologiques. Si le premier rapport du GIEC, rendu public en 1990, a été à l’origine d’une Convention cadre sur les changements climatiques en 1994 ; si le second, publié en 1995, a servi de base aux négociations du Protocole de Kyoto ; si le troisième, en 2001, a enfin confirmé la responsabilité de l’Homme dans le réchauffement de la planète et confirmé l’aggravation du phénomène avec un réchauffement moyen global compris entre 1,4 et 5,8 degrés Celsius entre 1990 et 2100, tous ces travaux n’ont néanmoins pas encore permis le réveil de toutes les consciences.

Stéphanie Longeras


Pour une gouvernance écologique mondiale

« Il est urgent d’agir »

Dans la continuité de la réunion du GIEC, la France organise les 2 et 3 février, à Paris, une Conférence internationale sur l’environnement qui rassemblera près de 150 personnalités, ministres, scientifiques, chefs d’entreprise, d’une soixantaine de pays.
Son but : renforcer la gouvernance internationale de l’environnement en remplaçant l’actuel PNUE par une Organisation des Nations Unies pour l’Environnement (ONUE), « conscience écologique du monde, lieu privilégié de notre action commune pour les générations futures », déclarait Jacques Chirac le 19 septembre dernier, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York.

Nicolas Hulot, membre du comité

Cette conférence a pour objectif de dresser le bilan des menaces qui pèsent actuellement sur l’environnement afin de définir des moyens d’actions à l’échelle internationale. Alain Juppé, nommé par Jacques Chirac à la présidence du comité d’honneur de cette conférence, déclarait mardi 16 janvier, lors d’un point presse, que : « Face à l’extrême gravité de la situation et pour inverser la tendance, il est urgent d’agir. Seul un effort conjugué de tous permettra de changer les mentalités ». Dans cette perspective, la France propose d’étudier la transformation du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) en une agence à part entière des Nations Unies. Une Organisation des Nations Unies pour l’Environnement (ONUE) aurait plus de pouvoirs et de compétences que l’actuel PNUE. Reste encore à convaincre les Etats-Unis qui se satisfont du programme actuel. « Tout l’enjeu sera d’alerter sans alarmer », estime pour sa part Hubert Védrine, ancien Ministre des Affaires étrangères, également membre du comité aux côtés de Nicolas Hulot, Président de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, du Philosophe Edgar Morin, de Bertrand Collomb, Président du groupe Lafarge et ancien membre du comité pour l’élaboration de la Charte constitutionnelle de l’environnement, Jean Jouzel, Climatologue et Directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace, et de Laurent Stefanini, Ambassadeur délégué pour l’Environnement. Cette conférence internationale prendra la forme de 6 ateliers relatifs au dérèglement climatique, à la biodiversité, à la santé, à l’eau, aux nouveaux modes de production et au renforcement de la gouvernance internationale de l’environnement.

Pour en savoir plus sur le contenu des ateliers, consulter : www.actu-environnement.com

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Travaux du GIEC instrumentalisés ?

Mise en garde du Réseau “Sortir du nucléaire”

Le Réseau “Sortir du nucléaire”, fédération qui regroupe 765 associations, s’est adressé, par courrier du 25 janvier, aux experts du GIEC pour les mettre en garde quant à une éventuelle stratégie d’instrumentalisation de leurs travaux par la France dans le but de promouvoir l’industrie nucléaire.

Climat : prétexte pour défendre le nucléaire

« Il est probable, selon les protagonistes, que cette initiative va servir à mettre en avant les projets nucléaires de l’Etat français, sous prétexte de lutte contre le changement climatique ». Le réseau associatif rappelle que le nucléaire, en plus des dangers extrêmes qu’il représente, est « à la fois inapproprié et inefficace pour protéger le climat ». Même si l’énergie nucléaire qui ne couvre que 2% à peine de l’énergie consommée dans le monde est vouée, selon l’Agence Internationale pour l’Énergie (AIE), à décliner, la France compte défendre cet important lobbying. Pour le Réseau “Sortir du nucléaire”, la France feindrait de se préoccuper du climat et ne s’y intéresserait que pour promouvoir le nucléaire. Il rappelle pour preuve que « depuis des décennies, et encore aujourd’hui, l’Etat français développe le transport routier et l’agriculture productiviste, très fortement émetteurs de gaz à effet de serre ». Dans son courrier transmis au GIEC, “Sortir du nucléaire” conseille ainsi aux experts de prononcer une déclaration officielle pour condamner toute instrumentalisation de ses travaux.

SL


(Source : www.hns-info.net)


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