Le Parc National de La Réunion (PNR) est créé !

Un État volontaire qui souhaite l’appropriation, par les Réunionnais, du Parc

8 mars 2007

Le 5 mars 2007 constitue une nouvelle date importante pour l’île. En effet, le Journal Officiel a publié lundi le décret créant le Parc National de La Réunion. Avec 105.000 hectares, ce territoire représente 42% de la superficie de l’île et concerne 23 des 24 communes de La Réunion.
Comme l’a souligné avec force le Préfet, Pierre-Henry Maccioni, hier, dans la conférence de presse qu’il a donnée sur ce thème, La Réunion est exemplaire, que ce soit par les grands chantiers qu’elle met en œuvre, la préservation de son patrimoine ou encore ses efforts pour préserver l’environnement.
Il a rappelé qu’en ce domaine, le Président de la République avait appuyé de tout son poids la création du Parc National de Guyane (créé le 27 février dernier) et de celui de La Réunion, lors de la conférence mondiale de la biodiversité réunie à l’UNESCO, à Paris, en 2005. Selon les mots du Préfet, le Président essaie par là de défendre le fait que « la France est la deuxième nation au monde en termes de richesse et aussi de responsabilité pour la conservation de la biodiversité ».
Suite à cette conférence de presse, le Préfet convoquera l’installation du Conseil d’administration qui mettra en œuvre ses instances. Grâce à une enveloppe budgétaire, en ce sens, du Ministère de l’Écologie et du Développement durable, l’Etat donnera au Parc National un budget de 2 millions d’euros par an en 2007 et 2008, avec l’emploi d’un personnel de 45 personnes. Rappelons en outre que l’Etat a financé plus de 90% du budget de la mission Parc. Une fois que la structure bénéficiera d’une certaine existence, la dotation budgétaire atteindra 8 millions d’euros par an en 2009, ce qui entraînera une augmentation de personnel. D’ici à 2 ans, une centaine de personnes sera employée par le Parc National de La Réunion. Il s’agit donc d’un effort considérable. En effet, en 2005, le premier Parc National de France, celui des Ecrins, ne bénéficiait d’un budget que d’environ 6 millions d’euros.
Au cours de l’année qui vient, les services de l’Etat, les collectivités, les acteurs économiques, sociaux, culturels et scientifiques de l’île devront élaborer un projet d’action. Dans le même temps, ils auront à rendre une Charte dans les 5 prochaines années. Cependant, l’ensemble des acteurs rappelle l’adage : « Il faut battre le fer tant qu’il est chaud ». Dans ce cadre, ceux-ci veulent rédiger la Charte d’ici à 2009.
Pour le futur, il souhaite que toute cette démarche engagée pour obtenir l’appellation “Parc National” soit prolongée par l’obtention du classement des Hauts de La Réunion au Patrimoine mondial de l’Humanité réalisé par l’UNESCO.
Enfin, le Préfet a surtout mis l’accent sur le fait que les Réunionnais doivent s’approprier leur Parc pour que celui-ci soit une vraie réussite. C’est d’ailleurs par ce biais qu’il a défendu les 88 personnes siégeant au Conseil d’administration du Parc. Il faut que toutes les mairies concernées puissent déléguer leur responsable. En outre, il indique que le bureau, constitué de 15 membres, permettra d’avancer plus rapidement sur les dossiers sensibles. Cependant, la commune du Tampon a d’ores et déjà indiqué qu’elle ne rejoindrait pas l’aire d’adhésion, c’est-à-dire, implicitement, qu’elle n’adhérera pas à la Charte.

Des collectivités territoriales, des services publics et des associations qui collaborent sur le PNR

Philippe Berne, le Vice-président du Conseil régional, et Daniel Gonthier, le Vice-président du Conseil général, ont souligné à quel point ils avaient réussi à travailler ensemble sur ce thème. D’ailleurs, le dernier cité a indiqué que cette tendance n’était pas propre aux politiques locaux, puisque, en pleine bataille du CPE, la loi sur les parcs nationaux a été votée à l’unanimité le 14 avril 2006.
D’autre part, les relations avec les services publics que sont la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN), l’Office National des Forêts (ONF), mais aussi les associations comme la SREPEN (Société Réunionnaise d’Etudes et de Protection de l’Environnement) ou la SEOR (Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion) ont été fructueuses. Philippe Berne a insisté sur le travail réalisé par ces structures associatives.
Enfin, le Vice-président du Conseil régional a indiqué la nécessité d’une bonne collaboration entre sa collectivité et le PNR, puisque le Plan d’Aménagement des Hauts est en train d’être renouvelé. Ce contrat relève en priorité de la Région, puisque cette collectivité territoriale a compétence pour ce qui relève de l’aménagement du territoire.

Une nouvelle génération de Parcs

Avant toute chose, il s’agit de rappeler, à la suite de Philippe Berne, les étapes les plus importantes du PNR. Au début des années 1990, un Schéma d’Aménagement Régional (SAR) pense déjà à protéger les Hauts de La Réunion. Puis, une étude de faisabilité est réalisée par l’Etat, la Région et le Département, en 1998. Deux ans plus tard, le Conseil général et le Conseil régional demandent la création du Ministère de l’Environnement. Entre 2001 et 2003, une consultation préalable est lancée. Elle voit notamment l’installation de la mission de création du Parc National des Hauts de La Réunion. A partir de 2004, on entre dans la phase de création. Celle-ci s’inspire directement des réflexions du rapport que rend le Député du Var, Jean-Pierre Giran, visant à préparer la nouvelle loi sur les Parcs Nationaux, votée le 14 avril 2006. En effet, entre la création des premiers Parcs Nationaux, en 1963, et la première décennie du 21ème siècle, de nombreuses évolutions ont été constatées. Actuellement, la logique n’est plus celle de la centralisation qui prévalait sous le Général de Gaulle.
Les Parcs de La Réunion et de Guyane font donc partie de cette nouvelle génération de Parcs issue de la loi du 14 avril 2006 sur ce thème. Pierre-Henry Maccioni a d’ailleurs indiqué au Conseil régional : « Il y a un avenir pour les “emplois verts” dans le PNR ». En effet, ce type de contrats relève de la Région, bien que son financement soit majoritairement apporté par l’Etat.

Trois espaces distincts

Tout d’abord, il y a le cœur. La quasi-totalité de sa superficie est classée en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Elle intègre les réserves naturelles qui existaient déjà : la Roche-Ecrite, Mare-Longue et les zones de protection du pétrel de Barau. Deuxièmement, il y a le “cœur habité”. Cette zone correspond aux îlets de Mafate et des Salazes. Elle rassemble 800 habitants. Son territoire s’étend sur 3.400 hectares. Troisièmement, il y a le “cœur cultivé”. Comme son nom l’indique, il s’agit des zones où des terres sont cultivées et le demeureront, au Piton de l’Eau, à Sans-Souci et à la Plaine-des-Palmistes.

Matthieu Damian


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Messages

  • La volonté de l’Etat de protéger les espaces naturels, est contrebalancée aujourd’hui par l’impuissance ou l’incapacité ou l’incompétence des services de l’Etat concernés, à pouvoir préserver un lieu de culte face à un propriétaire "inculte"....Peut on reprocher cela aux fonctionnaires de l’Etat ? Oui. Peut on reprocher à ce propriétaire le peu de respect qu’il fait des autres religions ? Oui hélas, la bêtise est sans doute la qualité la plus inégalement répartie et c’est bien dommage !


Témoignages - 80e année


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