“Motor Challenge” : un nouveau défi pour les entreprises...

... un impact direct pour notre société

26 janvier 2007

“Motor Challenge” n’est pas un rallye automobile, mais bien une course qui s’inscrit parmi les grands défis de notre siècle : l’économie et l’optimisation de nos ressources énergétiques. Programme européen lancé fin 2006 et porté en France par l’ADEME, “Motor Challenge” vise à promouvoir les économies d’électricité dans le secteur industriel sur les systèmes motorisés. Les Brasseries de Bourbon, première entreprise réunionnaise labellisée, ouvre la voie.

De 2000 à 2004, la consommation d’électricité a augmenté de 5 à 7% par an à La Réunion, soit une croissance bien supérieure à la Métropole. Les entreprises constituent 37% de la demande (1.380 clients d’EDF) contre 44% pour les particuliers (270.000 clients). Le secteur industriel a donc un rôle majeur à jouer dans la stratégie locale de maîtrise de l’énergie et d’autant plus au niveau de ses systèmes motorisés (air comprimé, production de froid, pompage, ventilation...) qui représentent 70% de la consommation électrique industrielle. Toute action, de l’industrie à la petite entreprise, qui concourra à une réduction de consommation sera favorable à l’équilibre du système électrique local, avec un gain assuré et pour le compte d’exploitation de l’entreprise et pour l’environnement.

« Un partenariat gagnant-gagnant »

Pour répondre à cette forte demande électrique, La Réunion doit créer de nouveaux moyens de production. Les capacités thermiques supplémentaires (près de 100 mégawatts entre 2004 et 2006) ont un coût élevé et un impact sur l’environnement avec des rejets de gaz à effet de serre. Si les énergies renouvelables sont localement très développées, représentant 34 à 35% de l’énergie produite - contre seulement 13 à 14% en Métropole -, il faut néanmoins et résolument se tourner vers l’économie d’énergie. « L’intérêt de tous est de promouvoir de façon très active les économies d’énergie et d’électricité », soutient Philippe Beutin, Délégué régional de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de Maîtrise de l’Énergie) qui, aux côtés d’EDF, de la Région Réunion et de l’ADIR, poursuit depuis 2004, dans le cadre du Programme Régional de Maîtrise de l’Energie (PRME), des actions de sensibilisation auprès des industries. Le programme européen “Motor Challenge”, « de fort bon augure en ce début d’année », selon Maurice Cérisola, Président de l’ADIR, constitue ainsi un moyen supplémentaire de renforcer cette communication par le biais de nouveaux outils logistiques. 70 entreprises industrielles ont déjà suivi des séances de formation et d’information, comme hier sur le site des Brasseries de Bourbon, première entreprise réunionnaise labellisée par l’Europe (voir encadré) . Reste à concrétiser ses contacts. « Il y a un partenariat efficace à construire, poursuit Philippe Beutin. Un partenariat gagnant - gagnant ». Et pour les finances de l’entreprise à court ou moyen terme, avec un gain sur la consommation évalué à 30%, et pour l’environnement, mais aussi pour la tenue de notre réseau d’électricité qui, par ces fortes chaleurs, est fortement sollicité.

Un réseau à mettre en place

Pour mettre en œuvre ce programme et attiser la fibre éco-citoyenne des entreprises, l’ADEME communique donc et prospecte pour mettre en place un réseau d’acteurs engagés dans les économies d’électricité, prêts à optimiser leurs systèmes motorisés. Pour ce faire, avec le soutien de l’ADIR, parrain actif du programme, elle propose un diagnostic sur site avec évaluation des solutions et des éventuels coûts engendrés. La Région Réunion (dans le cadre du PRERURE qui accorde un volet important à la maîtrise de l’énergie), l’ADEME et EDF peuvent apporter un soutien financier aux industries de l’ordre de 50% pour les études, de 70% pour le diagnostic et jusqu’à 25% sur le montant des investissements pour les PME. Toute entreprise consommatrice d’électricité peut ainsi devenir partenaire du projet et faire la demande du Label Partenaire auprès de la Commission européenne en lui transmettant un plan d’actions structuré et durable. Bureaux d’études, équipementiers... tous les acteurs en lien avec le monde de l’entreprise peuvent également devenir parrains du programme “Motor Challenge” en assurant sa promotion et en intégrant ses grands principes à son activité. Le potentiel d’entreprises concernées n’est pas clairement quantifié. 300, peut-être 400 pour l’ADEME, une centaine assurément pour l’ADIR qui compte parmi ses 200 adhérents des entreprises dont l’implication dans la maîtrise de l’énergie est significative.
Comme le notera Maurice Cérisola, « les questions de la maîtrise de l’énergie et de la production de CO2 seront au cœur de ce quinquennat. Les dépenses en énergie comme en traitement des déchets sont des éléments majeurs qui pèsent sur le compte d’exploitation des entreprises ». Ces dernières en sont bien conscientes. Reste à passer à l’action.

Stéphanie Longeras


Pour plus d’infos

Pour retirer un dossier de candidature “Motor Challenge” ou en savoir plus sur le programme, le label et les outils techniques et méthodologiques, contactez Hélène Charlon à l’ADIR au 0262.94.43.00 ou sur [email protected] ; ou visitez le site Internet http://www.motorchallenge.fr. Pour obtenir une aide à la réalisation d’études et/ou de travaux de maîtrise de l’énergie, contactez Christel Thuret à l’ADEME au 0262.71.11.30 ou sur [email protected]


Brasseries de Bourbon : un exemple à suivre

100 tonnes de CO2 qui ne seront pas rejetées dans l’atmosphère

La conférence de presse organisée hier à l’initiative de l’ADIR se situait sur le site industriel des Brasseries de Bourbon, Quai Ouest, seule entreprise réunionnaise, aux côtés d’une entreprise métropolitaine “La tricoteuse des Vosges”, a avoir obtenu le Label européen “Motor Challenge”. Un gage de reconnaissance important pour l’image de l’entreprise, acteur emblématique de notre île qui fête cette année ses 42 ans.

« Résultats extrêmement satisfaisants »

Pour Eugène Ubalijaro, Directeur général des Brasseries de Bourbon, cette implication dans le programme européen a un double avantage : « On joue le rôle d’une entreprise responsable qui protège et respecte son environnement, et l’on maîtrise tous les coûts liés à la consommation électrique ». Affiliée au groupe Heineken dont elle est l’importateur à La Réunion, le positionnement de l’entreprise en faveur de la maîtrise de l’énergie remonte à près de 10 ans. En 2002, comme le notera un responsable technicien, l’entreprise a réalisé de petits gestes supplémentaires, comme le contrôle de la climatisation ou de l’éclairage, de petits gestes qui ont un impact immédiat et sans investissement financier. Les actions d’optimisation énergétique qui nécessitent de plus importants investissements ont, selon lui, une rentabilité courte. Exemple du compresseur d’air utilisé pour la souffleuse à bouteille. Avant, 40 bars de pression était rejetées à perte, désormais, elles sont réutilisées. Rien ne se perd.
Pour d’autres aménagements, l’entreprise envisage des partenariats avec des filiales parisiennes. Par rapport à 2005, l’entreprise a réalisé une baisse de consommation de 2%, ce qui semble modeste, mais en fait, se joint à d’autres baisses antérieures, et surtout au vu de la taille de l’entreprise, suffisamment conséquent pour être souligné. Les petites gouttes d’eau font les grandes rivières, c’est bien connu. Une diminution qui s’inscrit dans une stratégie de maîtrise énergétique globale avec un inventaire régulier de ses sources de consommation pour une action pertinente et suivie. Grâce à son plan d’action structuré et avec le soutien des partenaires locaux, Eugène Ubalijaro parle de « résultats extrêmement satisfaisants ». Après subventions, les retours sur investissements de l’entreprise se font sur 2 ans avec un bilan énergétique et environnemental des plus éloquents : 216.868 Kilowatts heure économisés sur 4 ans, 81.012 litres de fioul et 400 tonnes de CO2 toujours en 4 années. Voilà un exemple concret de maîtrise de l’énergie et de développement durable.

SL


An plis ke sa

• Disjonction du réseau électrique imminente
Mercredi dernier, EDF a enregistré un nouveau record de consommation d’énergie. 397 Mégawatts pour un seuil critique de 400. La chaleur nous rapproche un peu plus du disjoncteur. On comprend dès lors qu’EDF adhère pleinement au programme “Motor Challenge” qui doit permettre de susciter des vocations citoyennes chez les entreprises. Un positionnement qui, en outre, fonctionne plutôt bien auprès de la clientèle de plus en plus réceptive à ce type de considération environnementale.

• Maurice Cérisola fait un bref rappel à la raison
Maurice Cérisola a tenu, dans ce contexte d’agitation médiatique à outrance, suite à la signature du financement Etat/Région de la route du Littoral et du tram-train, à resituer en quelques mots cette évidence relayée au second plan. « L’économie va bien, nous sommes sur un rythme porteur de développement. Dans 10-15 ans, les grands travaux engagés vont avoir un impact sur les entreprises fantastiques. L’agitation actuelle autour de cette question de péage est dérisoire par rapport aux enjeux économiques et aux perspectives formidables sur le plan économique. Il suffit d’en être conscient ».


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