Lancement de l’Année Polaire Internationale

« Un moment stratégique pour l’avenir de la planète »

2 mars 2007

Inaugurée officiellement hier à Paris, l’Année polaire internationale vise à mobiliser davantage la recherche et à mieux faire connaître à l’opinion les événements qui se déroulent aujourd’hui au-delà des cercles polaires. Ce sont les régions de la planète où le réchauffement climatique fait le plus sentir ses effets, c’est dire l’importance revêtue par cette manifestation qui dépasse largement le cadre scientifique. L’Année Polaire Internationale en est à sa 4ème édition. Les précédentes avaient eu lieu en 1882, en 1932 et en 1957.

« Le plus important effort de recherche scientifique internationalement coordonné de ces 50 dernières années », c’est en ces termes que le Secrétaire général de l’Organisation Météorologique Internationale (OMM) décrit l’Année Polaire Internationale, officiellement lancée hier à Paris. « Cette Année polaire internationale se déroule à un moment stratégique pour l’avenir de la planète », précise-t-il avant de souligner que « le 4ème rapport du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat (GIEC), publié en février, a en effet montré que "ces régions sont extrêmement vulnérables à l’élévation des températures" ».
Les régions polaires sont les plus touchées par le réchauffement climatique. Mobiliser davantage la recherche et l’opinion sur l’impact de ce phénomène provoqué très largement par les activités humaines, tel est un des objectifs visés par les 2 années (2007-2008) de l’Année Polaire Internationale (API).
Environ 200 projets scientifiques, suivis par 50.000 chercheurs de 60 pays, vont être suivis dans les domaines de la physique, la biologie ou l’ethnologie.
Il est à noter que la « dimension humaine » des conséquences du réchauffement pour les quelque 4 millions de personnes vivant dans les régions polaires est ainsi un des thèmes pris en compte par l’API pour « évaluer les processus culturels, historiques et sociaux qui permettent à ces sociétés humaines de subsister », expliquent les organisateurs.

Fondements de l’étude du climat

En rassemblant, 50 ans après la dernière Année polaire, la communauté scientifique internationale autour de programmes ambitieux, coordonnés au niveau international, l’objectif de l’ICSU (International Council for Science) et de l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) est de permettre une avancée importante des connaissances sur les régions polaires.
Les questions de société essentielles que posent à l’humanité l’évolution du climat ou la protection de la biodiversité donnent aujourd’hui aux recherches dans les régions polaires un relief tout particulier. En effet, c’est là que se trouvent une partie des réponses aux questions que l’ensemble de la planète se pose sur l’évolution de son environnement.
2007-2008 marquera le 125ème anniversaire de la première Année Polaire Internationale (API), le 75ème anniversaire de la deuxième API et le cinquantenaire de la 3ème API qui, les recherches concernant essentiellement la géophysique, fut appelée Année Géophysique Internationale (AGI).
Les résultats obtenus en 1957-1958 ont marqué une étape fondamentale dans l’histoire des connaissances. Ils sont à la base des recherches actuelles sur le climat ou sur la structure interne de notre planète.

Toutes les disciplines concernées

Travailler dans les régions polaires nécessite une logistique spécifique et des infrastructures lourdes coordonnées en France par l’Institut polaire français Paul Emile Victor. La mise en commun des moyens nationaux permet d’organiser des campagnes de grande envergure et de dresser un véritable état des lieux dans des domaines en évolution rapide.
Ces campagnes se dérouleront tant dans l’hémisphère Nord que dans l’hémisphère Sud et participeront à démontrer le rôle moteur que jouent les régions polaires vis-à-vis du reste de la planète. Toutes les disciplines sont concernées, des sciences humaines et sociales aux sciences biologiques et aux sciences de l’Univers.
Parallèlement à ces programmes de recherche, l’API offre l’opportunité de développer un dialogue direct entre les scientifiques et le public autour de questions qui concernent le futur de nos sociétés et d’intéresser les jeunes aux études scientifiques. Pour cela, un effort d’information et de sensibilisation du public à l’importance des recherches dans les régions polaires sera conduit durant ces 2 années.


Pourquoi les Pôles ?

La Terre comprend 2 vastes étendues couvertes en permanence de glaciers : l’île du Groënland dans l’hémisphère Nord et le continent Antarctique dans le Sud. Leur carapace de glace réfléchit la lumière du soleil, elle protège la planète des changements climatiques trop rapides. Ces 2 étendues représentent 80% des ressources mondiales en eau douce.
En gelant et en dégelant, les océans polaires contribuent aux grands courants océaniques qui contrôlent l’ensemble du climat mondial, mais aussi le cycle du carbone dans les océans et donc la chaîne alimentaire.
Autre argument plaidant pour la recherche dans les zones extrêmes du globe : les régions polaires sont des témoins privilégiés des évolutions environnementales et climatiques à l’échelle de la planète. La découverte du trou d’ozone en 1980, conséquence de l’utilisation, essentiellement dans les pays de l’hémisphère Nord, de substances nocives pour la couche d’ozone tel les CFC (ChloroFluoroCarbones), a été en cela un révélateur : des transformations de l’atmosphère dangereuses pour l’humanité se trouvaient amplifiées au niveau des Pôles et plus particulièrement de l’Antarctique.


Témoins privilégiés des changements climatiques

Dans les régions polaires, des changements climatiques majeurs pourraient entraîner des variations d’épaisseur de la calotte glaciaire avec des répercutions planétaires sur le niveau des océans.
Dès aujourd’hui, la réduction de la banquise arctique a des conséquences environnementales, sociologiques et géopolitiques importantes. À la fois témoin et acteur du climat et de son évolution, les régions polaires appellent un effort de recherche pluridisciplinaire important. Tous les scientifiques s’accordent pour penser que c’est dans les régions polaires que les changements climatiques seront les plus rapides.
Dans le débat sur le lien entre le réchauffement climatique actuel et l’augmentation des gaz à effet de serre liés aux activités humaines, et notamment à l’usage des combustibles fossiles, l’étude des glaces polaires amène des éléments d’analyse importants. En effet, en forant à grande profondeur la calotte glaciaire et en étudiant ainsi des glaces de plus en plus anciennes, il est possible de reconstituer les climats du passé.
Les résultats obtenus montrent sans ambiguïtés une corrélation entre évolution du climat et teneur en gaz à effet de serre. Or, les concentrations de ces gaz dans l’atmosphère actuelle sont très supérieures (près de 25% pour le gaz carbonique) aux valeurs déduites de l’étude des calottes de glace des 650.000 dernières années.


50.000 chercheurs, 200 projets, 60 pays, 6 thèmes

Les 200 projets suivis par 50.000 chercheurs de plus de 60 pays s’organisent autour de 6 thèmes de recherche définis au niveau international.

- Prendre le pouls des régions polaires : évolution du climat, de l’environnement et des écosystèmes dans les régions polaires.

- Quantifier et comprendre les changements environnementaux et humains, passés et actuels, afin d’améliorer nos prévisions pour le futur.

- Faire progresser notre compréhension des liens entre les régions polaires et le reste de la planète, à plusieurs échelles, et des processus contrôlant ces interactions.

- Étudier l’inconnu aux frontières de la science dans les régions polaires : organisation et structure de la biodiversité polaire, marine et terrestre, à tous les niveaux trophiques, diversité génétique et diversité fonctionnelle dans les environnements extrêmes, composition et morphologie des fonds marins et de la croûte terrestre dans les régions couvertes de glaces.

- S’appuyer sur la position géographique unique des régions polaires pour mettre en place ou développer des observatoires sur la Terre profonde, le magnétisme terrestre, l’espace, le soleil et au-delà.

- Étudier les processus culturels, historiques et sociaux responsables de la résilience et du maintien des sociétés humaines arctiques et identifier la spécificité de leur contribution à une diversité culturelle globale.


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