Proposition de Paul Verges, président de la Région après le passage de Gamède

Un syndicat mixte pour l’aménagement des ravines et rivières

1er mars 2007

La Réunion doit tirer les leçons du passage de Gamède. C’est le message qu’a voulu faire passer le Président de la Région hier. La destruction du pont de la Rivière Saint-Etienne, les ravines submergées et le littoral touché par les vagues rappellent la nécessité et l’urgence de réfléchir à un aménagement du territoire qui garantisse la sécurité de la population. La Région préconise ainsi la création d’un syndicat mixte réunissant les communes, la Région et le Département. Un organe de concertation pour l’endiguement des ravines et la construction de ponts.

Les infrastructures routières de l’île ne sont pas adaptées aux conditions cycloniques. Gamède qui, pourtant, est passé au large de nos côtes, vient de le confirmer avec ses eaux abondantes et ses rafales de vent. L’effondrement du pont de la Rivière Saint-Etienne en est la conséquence la plus grave. Pour la Région, il convient de réfléchir à un aménagement du territoire tenant compte des conditions climatiques et de l’augmentation démographique. « Le cyclone qui vient de passer est une sorte de mise en garde. Dans 5 ans, nous aurons encore un cyclone de cette ampleur, et il faut nous y préparer, prendre des mesures de précaution, sachant que nous ne sommes pas loin d’atteindre le million d’habitants », a souligné Paul Vergès.
Comment se préparer à affronter des phénomènes de plus en plus impressionnants sur une île où il faut construire pour une population croissante ? La solution est simple pour la Région. Rien n’empêche les communes de remplacer les radiers par des ponts et de procéder à des endiguements, des mesures qui n’ont pas été prises depuis un demi-siècle. Pourtant, souligne Paul Vergès, « nous avons connu les crues et les inondations en 1932, 1948... Pourquoi y a-t-il 500 ravines et une seule endiguée ? Comment franchir les estuaires où un seul pont existe, des estuaires si larges que l’on ne peut pas prévoir où se feront les débordements ? ». Il cite en exemple la Rivière des Galets, où il existe 2 ponts, et la Rivière d’Abord qui bénéficie d’un pont en aval depuis 1974 en cas de submersion du radier. Pour définir les priorités d’aménagement, la Région propose donc la création d’un syndicat mixte (communes, Région, Département). Actuellement, chaque commune est responsable de l’endiguement et de l’aménagement de ses ravines mais, précise Marie-Pierre Hoareau, « peu de projets sont proposés, et la plupart mettent peu de logements en sécurité ». 40% des crédits n’ont pas été utilisés l’année dernière pour les endiguements. Le syndicat mixte permettra de financer ces aménagements en faisant appel aux collectivités, aux particuliers et aussi au monde économique. Une façon, pour Paul Vergès, « d’ajouter notre propre effort à celui de l’Etat et de l’Europe ». « 1948 est pour nous la date de la liberté, 1946 l’année de l’égalité. Aujourd’hui, nous devons emprunter la voie de la responsabilité et en faire la démonstration. Nous avons 20 ans pour aménager nos villes ».
Dans l’immédiat, la préoccupation reste l’effondrement du pont de la Rivière Saint-Etienne. Si la Région n’est pas compétente en la matière, elle recevra les maires du Sud pour entendre leurs préoccupations lors de la prochaine Commission permanente, ce vendredi. A long terme, la Région propose une solution définitive et alternative : la prolongation de la route des Tamarins de Stella à la Rivière, pour attraper le Bras-de-la-Plaine jusqu’au Sud.

Edith Poulbassia


An plis ke sa

Des SDF dans les centres d’hébergements
Paul Vergès a salué les exemples de solidarité des Réunionnais pendant le passage du cyclone, et donc le peu de personnes qui ont eu recours aux centres d’hébergements. Mais « quelque chose doit attirer notre attention » : le nombre de SDF et de personnes originaires de Mayotte dans les centres d’hébergements.

Transfert des fonds du protocole pour le pont de la Rivière Saint-Etienne ?
Une option qui n’est pas envisageable pour la Région. D’ailleurs, le Ministre François Baroin a annoncé la prise en charges de la reconstruction du pont par l’Etat. Les financements de la route du Littoral et du tram-train sont tout aussi nécessaires. Mais peut-être faudra-t-il revenir sur la solution B1, pour la nouvelle route du Littoral, y réfléchir pour « confirmer ou remettre en question », à la lumière des conséquences de la houle lors du passage de Gamède. Plus largement, ce sont les constructions sur le littoral qui doivent être remis en cause. « La notion d’espace maritime public a été déclassée et livrée à la spéculation à La Réunion ».


Solidarité nationale

La Réunion reçoit de nombreux soutiens

Le gouvernement n’a pas été le seul à exprimer sa solidarité pour notre île. La Région a reçu de nombreux soutiens. Julien Laupretre, Président du Secours populaire français, « s’associe au drame qui frappe notre île ». « Dès réception de la nouvelle, l’association s’est mobilisée pour revenir en aide aux sinistrés. Nous avons débloqué 20.000 euros en faveur des populations sinistrées et tentons de prendre contact avec notre partenaire sur place », précise le président dans la lettre adressée à Paul Vergès.
Marie-George Buffet, Députée de la Seine-Saint-Denis et candidate à la présidentielle, faisait par également se sa solidarité et de son soutien. « Je souhaite que l’Etat mobilise tous les moyens nécessaires à un rapide rétablissement des réseaux d’alimentation en eau et électricité à l’ensemble des foyers, et la remise en état pour la reprise de la vie sociale et économique de l’île ».
Francis Wurtz, Président de la Gauche Unitaire Européenne et Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) a fait appel à José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, dès l’annonce du retour du cyclone, pour qu’il fasse « jouer pleinement la solidarité européenne à cette population durement éprouvée ».
Nicole Borvo Cohen-Seat, Présidente du Groupe communiste républicain et citoyen du Sénat, Sénatrice de Paris et Vice-présidente de la Commission des lois, assurait de son soutien pour l’engagement rapide de la procédure de reconnaissance de l’État de catastrophe naturelle.
Enfin, le Président de la Région Guyane, Antoine Karam, a exprimé le soutien du peuple guyanais. « Je suis certain que votre beau pays trouvera en lui la force nécessaire pour se reconstruire et maintenir sa vitalité », écrivait-il dans sa lettre.


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