Nassimah Dindar et le Plan départemental d’élimination des déchets

Un syndicat mixte pour « une prise de position partagée »

5 novembre 2007, par Manuel Marchal

Le Conseil général a la responsabilité du Plan départemental d’élimination des déchets. Dans le cadre de sa révision, le Département souhaite la création d’un syndicat mixte associant la collectivité et les communautés d’agglomérations. À ce syndicat mixte de se prononcer d’ici juin prochain sur les solutions à mettre en œuvre pour régler la question des déchets qui ne peuvent pas encore être recyclés. Ces derniers sont aujourd’hui destinés à l’enfouissement, mais les deux centres techniques vont arriver à saturation.

Dans le domaine de la gestion des déchets, le Département est en première ligne. La collectivité a en effet la compétence d’élaborer le Plan départemental d’élimination des déchets ménagers (PDEM). Les collectivités locales doivent tenir compte de ce document qui leur est opposable. Présidente du Département, Nassimah Dindar évoque les enjeux du PDEM.
Ce plan est en révision, car il n’est plus adapté à la situation et aux enjeux, précise-t-elle. Son adoption est prévue après mars 2008.
Actuellement, 18% des 500.000 tonnes de déchets produites annuellement sont retraités. C’est insuffisant, et un effort considérable doit être fourni.
Ce Plan devra également tenir compte de la croissance démographique. Le Conseil général vise une valorisation de 50%, ce qui représenterait 350.000 tonnes dans quelques années, ajoute en substance la présidente du Département. Ce chiffre montre combien il est important de réduire la pollution à la source.
Le Plan départemental veut lutter contre le suremballage. « Nous voulons éliminer tous les sacs plastiques », affirme Nassimah Dindar. Diminuer la production de déchets passe par « la prévention » et la « sensibilisation à l’éco-citoyenneté ». L’enjeu important est que « chacun puisse progresser ensemble ».
« Ce que l’on jette, on le jette sur nous-même », insiste Nassimah Dindar, « il n’y a qu’une seule Réunion, La Réunion, c’est notre case ».
Elle ajoute que la collectivité a mis en place une clause environnementale au titre des marchés publics.

« Sujet sensible »

Le PDEM mettra également l’accent sur le tri, afin de recycler tout ce qui peut l’être. Ce Plan devra aussi proposer des pistes pour l’assainissement. 600 millions d’euros sont nécessaires alors que les « crédits européens sont largement insuffisants ».
Reste la question du traitement des déchets qui ne peuvent être réutilisés et sont aujourd’hui enterrés. Que deviendront en effet ces plusieurs centaines de milliers de tonnes de déchets alors que la saturation guette les deux centres d’enfouissement technique de Pierrefonds et de Sainte-Suzanne ? Pour Nassimah Dindar, il est important d’agir rapidement, « afin de ne pas arriver à un point de non-retour ». Sur ce « sujet sensible », seules « des solutions partagées deviennent durables ».
Dans cette perspective, le Conseil général prône la création d’un syndicat mixte associant notamment le Département et les établissements publics de coopération intercommunale compétents dans la gestion des déchets, c’est-à-dire les communautés d’agglomérations. La création de ce syndicat mixte sera à l’ordre du jour le mois prochain. Ce sera « au syndicat mixte de se prononcer » dans le cadre d’une « prise de position partagée ». La décision doit être prise « avant juin 2008 », tout en sachant que le choix des solutions devra tenir compte des « modalités de financement ».

L’exemple des énergies renouvelables

La gestion des déchets s’inscrit plus largement dans la lutte pour le développement durable de La Réunion. Nassimah Dindar note que des progrès importants ont été accomplis dans les énergies renouvelables. Plusieurs exemples de projets réalisés ou en cours vont dans le sens de la stratégie régionale d’autosuffisance énergétique. Le Département va veiller à ce que les anciens et les futurs collèges soient équipés afin de produire de l’électricité à partir d’énergies propres. À moyen terme, le potentiel hydroélectrique du chantier du basculement de l’eau devrait être exploité, tandis qu’une étude vise à identifier le potentiel foncier pouvant accueillir des fermes photovoltaïques.
À partir de cela, Nassimah Dindar souligne que si on avance sur les énergies renouvelables, il faut aussi avancer sur la question de la gestion des déchets.

Manuel Marchal

Priorité : réduire la croissance de la production

Tout comme l’énergie, la production de déchets est marquée par une forte croissance. Car si le prochain Plan départemental d’élimination des déchets se fixe comme objectif le recyclage de 50% de 700.000 tonnes, cela signifie qu’en quelques années, la production de déchets augmenterait de 50%. C’est pourquoi, la réduction de la production à la source est essentielle.
Pour l’énergie, la politique mise en œuvre par la Région a permis de faire évoluer les choses dans le bon sens en agissant sur cette croissance, grâce à des actions favorisant la maîtrise de la demande en énergie. Résultat : la part des énergies renouvelables augmente, et la lutte pour le développement durable progresse.


A propos de l’assainissement

Quels crédits pour quels projets ?

Il est actuellement beaucoup question de l’assainissement. Le sénateur-maire de Saint-André souligne que cela devrait être la priorité des financements dont bénéficie La Réunion. Or, force est de constater que le problème qu’il rencontre dans sa commune n’existe pas partout à La Réunion. Pourquoi ?
L’exemple du Port répond à cette question.
En 1971, la nouvelle équipe municipale a entrepris de régler la question de l’assainissement. Elle a donc mobilisé des fonds, monté des projets. 36 ans après, le résultat est là : l’assainissement du Port est réalisé.
Si les égouts débordent à Saint-André, c’est le résultat de 36 ans d’une politique. Pendant que des élus se battaient pour faire avancer leur commune en investissant dans des projets d’avenir, d’autres avaient des objectifs différents. Il est pourtant toujours possible de monter des projets avec des fonds européens, mais il faut pour cela que pour 1 euro versé par l’Union Européenne, la commune verse aussi 1 euro. Il faut également que le projet existe et tienne la route. Et alors, peut s’engager un vaste projet d’infrastructure. Mais à Saint-André, pas de volonté politique pour régler le problème depuis 30 ans, donc pas d’assainissement viable.


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