Saint-Paul

Un travail de titans pour libérer les ravines des pestes végétales

23 janvier 2010, par YVDE

L’Association citoyens contre le chick (ACCC) et la Municipalité de Saint-Paul ont entrepris de nettoyer quatre ravines des pestes végétales qui les étouffent. Un travail de titans, indispensable pour protéger la faune, lutter contre la prolifération des rats et des moustiques et pour réguler les cours d’eau, ce qui contribuent à lutter contre les inondations. Une expérience qui pourrait s’étendre aux quelque trois cents ravines de l’île et créer de mille à deux mille emplois.

« Maman, on voit l’eau », dit à sa mère une petite fille en s’approchant des berges de la Ravine Saint-Gilles. Les pensées d’eau, les lianes patate, les persikèr ont disparu — seules demeurent quelques plantes aquatiques qui jouent le rôle de filtres, de frayères (1) pour les poissons, voire même de tapis vert pour les poules d’eau. Autant de pestes végétales auxquelles l’Association citoyens Contre le Chick (ACCC) et ses partenaires, dont la Municipalité de Saint-Paul, ont décidé de s’attaquer depuis le 1er octobre 2009 dans quatre ravines saint-pauloises : Saint-Gilles, Boucan, l’Ermitage et le Bras de Carosse.
Un véritable combat au corps à corps que mènent douze stagiaires sous Contrat unique d’insertion pro (CUI pro). Avec une corde lestée, deux stagiaires dans une barque repoussent les pensées d’eau. Avec une fourche, elles sont mises sur les berges, puis entassées un peu plus loin, avant qu’un camion vienne les chercher dans le cadre d’un contrat avec le TCO pour une déchetterie où elles seront valorisées.
Ce n’est pas le plus difficile. Les “nettoyeurs” de ravines affirment que la liane patate et le persikèr, profondément enracinés, leur donnent plus de mal. De plus, ces pestes végétales, dans un milieu chaud et humide, se développent à la vitesse grand “V”. Jean-Alain Cadet, directeur de l’Association citoyens contre le chick (ACCC) montre un petit bras de la ravine Saint-Gilles qui, six mois après l’intervention des CUI pro offre le visage d’un chemin planté des pestes végétales déjà citées. La nature a repris le dessus. Cela pose évidemment la question du suivi. Il est en effet impératif, après avoir nettoyé la ravine de poursuivre en permanence l’entretien. Sinon, ce sera « retour à la case départ ».

Santé publique

D’autant que l’ACCC s’est également donné comme mission la prévention auprès des populations riveraines. Ces pestes végétales amènent les rats et leur cortège de leptospirose — à tel point que les stagiaires ont dû être vaccinés —, et les moustiques dont on connaît les méfaits.
Jean-Claude Melin, 3ème adjoint à la Mairie de Saint-Paul, chargé de Saint-Gilles, estime que ce travail est essentiel, non seulement pour le confort des promeneurs et des riverains, mais aussi pour sauvegarder la faune aquatique des ravines, et notamment les poissons qui peuvent être étouffés par les pestes végétales. Il explique que, notamment en cette saison des pluies, quand « l’eau arrive avec un fort débit, les pestes végétales sont poussées vers l’océan, et si le cordon dunaire cède, elles passent dans le port où cela pose des problèmes aux embarcations et vers la haute mer, ce qui n’est pas bon pour l’environnement. De plus, quand on enlève les pestes végétales, on améliore la fluidité du courant et l’on contribue à éviter les inondations, notamment dans la rue du général de Gaulle, dont une partie est située en zone inondable ».
C’est incontestablement « un travail de titans », que livrent les 12 CUI pro. Ils pourront obtenir, à l’issue de leur stage d’un an, un CAP agricole, option entretien d’espaces ruraux qui leur permettrait, si l’on surmonte les difficultés administratives (voir encadré), d’obtenir un emploi permanent dans le cadre d’un grand service de l’environnement que réclame le Parti communiste réunionnais, et qui pourrait permettre la création, d’après les études, de plusieurs milliers d’emplois.

YVDE 

(1) Lieu où certaines espèces comme les poissons, les grenouilles, les mollusques et les crustacés produisent ou déposent leurs œufs. Source : www.futura-sciences.com/fr/definition/t/zoologie-2/d/frayere_397/


La possibilité de créer de mille à deux mille emplois

L’Association citoyens contre le chick (ACCC) tente de mettre en place, depuis plusieurs mois, un Service permanent d’entretien des ravines urbaines (SPERU) qui prendrait en charge les quelque trois cents ravines de l’île.
Un dossier a été transmis aux services de l’État (Direction régionale des affaires sanitaire et sociale (DRASS), Service de lutte anti-vectorielle au Conseil général… Il s’agit, pour Jean-Alain Cadet, directeur de l’ACCC, d’étudier un cadre juridique actuellement inexistant, et un financement spécifique pour cette action. Déjà, des contacts ont eu lieu au Tampon où une action va démarrer, aux Avirons, avec le Glaive qui emploie plus de quatre cents personnes avec lequel, « nous sommes sur la même longueur d’onde », note le directeur de l’ACCC…
Pas question pourtant de tenter de s’accaparer le marché, mais plutôt d’agir en fonction des situations locales.
Cependant, pour Jean-Alain Cadet, on pourrait, sur cette question de l’entretien des ravines urbaines, créer mille à deux mille emplois de “nettoyeurs de ravines”, d’agents d’entretien et de médiation, etc. Et puis se pose l’aménagement des berges afin que nos ravines deviennent de plus en plus des lieux de promenades.
C’est là, la préfiguration de ce grand service public de l’environnement que le Parti communiste réunionnaise appelle de ses vœux, et pour la création duquel il a déjà engagé un certain nombre d’actions.


Paroles de stagiaires…

Johnny affirme que le début du travail était un peu compliqué. Mais, dit-il, « firamizir sava, ansanm, nou avans. Na in bon lantant ». Karl assure que le « travay lé trankil. Soman kontra lé in pé kour. Ziska mintnan lé pa tro dir. Soman la nou sa va atak in zafèr pli dir. Lo bann zèrb lé pli gran, lé pli dann fon ». Il évoque l’avenir en rappelant que « nou sé bann ga lo kartyé. Nou sré kontan fé travay-la po toultan. In trin suivi koi… ».
Jacky est plutôt fier de son travail. « Nou mèt prop partou. Bann domoun lé kontan. Minm bann poisson lé kontan, zot i gingn respiré. Lo matin nou koné akoz nou lèv. Sé in sipèrb boulo. Inpé fatigan. Mé nou lé éré, nou na sa pou fé ».
Vincent est chef d’équipe. C’est un travail de titans. Pour les pensées d’eau, ça va vite, mais les lianes patate sont plus enracinées. C’est plus difficile. Cela ralenti le travail. C’est un gros travail. Mais après, il faut entretenir. C’est utile pour Saint-Gilles qui est un peu une vitrine de La Réunion. Ce travail est important pour l’environnement et le tourisme.

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