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par le Dr Raymond Vergès

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Une étude accable un peu plus les crédits carbone liés à la protection des forêts

Ces crédits permettent le greenwashing

samedi 16 septembre 2023


Une douzaine de chercheurs, venant majoritairement de l’université de Berkeley (Californie, États-Unis), critiquent à nouveau les crédits carbone, censés compenser les émissions de gaz à effet de serre. Selon eux, la mesure serait impuissante face à la déforestation.


Les projets de protection des forêts contre la déforestation ne sont « pas des outils adaptés » pour générer des crédits carbone censés permettre aux entreprises de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre, conclut une nouvelle étude accablante pour le secteur, publiée vendredi.

Durant plusieurs mois, des chercheurs et médias mettent l’accent sur le secteur des crédits carbone, critiqué pour ses méthodes douteuses qui augmentent les risques de greenwashing par les entreprises souhaitant afficher leur « neutralité carbone ».

Des chercheurs, la plupart issus de l’Université de Berkeley en Californie, se sont attaqués aux quatre méthodologies sur lesquelles Verra, le plus grand organisme mondial de certification de crédits carbone, se base pour en émettre.

La règle est qu’un crédit représente une tonne de CO2, soit retirée de l’atmosphère grâce à la croissance des arbres, soit empêchée d’y pénétrer grâce à la déforestation évitée.

Or, la conclusion de l’étude, financée par l’ONG Carbon Market Watch, est sans appel : « les projets REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, NDLR) ne sont pas adaptés pour générer des crédits carbone ».

« La configuration actuelle du marché des crédits carbone n’est pas efficace pour réduire la déforestation et protéger les populations locales », ajoutent-ils.

Dans le détail, les chercheurs ont appliqué les quatre méthodologies de Verra à plusieurs projets de protection des forêts en faisant varier plusieurs critères. Les résultats montrent que, malgré les exigences fixées pour obtenir une certification, la « flexibilité allouée par Verra aux personnes développant ces projets » leur permet de choisir les hypothèses les plus avantageuses de manière à exagérer le nombre de crédits carbone associés.

Ainsi, ces méthodologies se basent sur des critères difficiles à évaluer : la déforestation qui aurait eu lieu si le projet n’avait pas été mis en place, la capacité réelle d’absorption des arbres ou encore les risques encourus par la forêt (possibles incendies, sécheresse liée au réchauffement climatique).

Les chercheurs ont ainsi observé des écarts significatifs dans le nombre de crédits alloués en fonction de la méthodologie utilisée et des hypothèses ensuite retenues. De plus, les « auditeurs » censés contrôler la conformité des projets aux critères de Verra « pensent que leur rôle consiste à s’assurer que la méthode de calcul des émissions » respecte le cadre imposé par Verra. Mais ils ne vérifient pas si le résultat « est exact » ou si les estimations sont assez « prudentes ».

Les auteurs reconnaissent que Verra a mis à jour ses méthodologies en août avec « des améliorations importantes » qui ne sont pas prises en compte dans leur étude. Cependant, ils affirment que des « changements additionnels substantiels sont encore nécessaires pour éviter l’exagération dans l’émission de crédits carbone ».


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