Convention-cadre des Nations unies sur le Changement climatique

« Une note positive » à Bonn sur le climat

17 juin 2013, par Céline Tabou

Les pourparlers des Nations unies lancés à Bonn ont pris fin vendredi 14 juin. Ceux-ci interviennent dans le cadre de négociations d’un accord international espéré sur le climat à Paris en 2015. Malgré des points de tension avec la Russie, des progrès ont été réalisés, d’après la responsable climat de l’ONU, Christiana Figueres.

Dans son rapport, l’AIE confirme que « si nous continuons sur la trajectoire actuelle, l’augmentation de la température ne sera pas de 2 degrés, mais de 5,3 degrés, ce qui aurait des conséquences désastreuses en termes d’évènements climatiques extrêmes, d’élévation du niveau de la mer… ».
(photo Toniox)

Rassurée de la prise de conscience des gouvernements des changements climatiques et de la nécessité de mettre en place une nouvelle politique d’adaptation et d’aménagement, Christiana Figueres, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC), a rappelé l’objectif des États à signer « un accord global contraignant tous les pollueurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre » (GES).

Contenir le réchauffement à 2°C

En dépit des prévisions et du danger pour la planète d’atteindre un réchauffement climatique de 2°C, celui-ci a été atteint. Tant et si bien que les gouvernements ont décidé de contenir ce réchauffement à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Cette ambition reste incertaine pour certains observateurs, en raison du peu de résultats obtenus depuis 1995 dans le processus de négociations auprès de plus de 190 pays.

Les dernières publications sur le climat mettent en avant des prévisions moroses de 3 à 5°C. Ces perspectives négatives ont alerté les responsables internationaux, notamment Christiana Figueres, qui a expliqué le 10 juin, à l’occasion de la diffusion d’une étude de l’Agence internationale de l’Énergie, que celle-ci « arrive à un moment crucial des négociations sur le changement climatique. Encore une fois, il nous est rappelé qu’il y a un gouffre entre les efforts jusqu’à présent consentis et l’engagement nécessaire à maintenir la hausse de la température mondiale à moins de deux degrés ». Cette dernière a d’ailleurs indiqué qu’il était possible d’atteindre les objectifs, « en utilisant des technologies éprouvées et des politiques connues, et sans entraver la croissance économique dans aucune région du monde ».

Le rapport de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), intitulé “Redessiner la carte de l’énergie et du climat”, a proposé aux négociateurs de réaliser 80% de l’effort de réduction de gaz à effet de serre, en les faisant passer actuellement de 4 gigatonnes de CO2 à 3,1 gigatonnes de CO2 d’ici 2020. L’agence préconise pour cela l’adoption de mesures d’efficacité énergétique (-1,5 Gt), la limitation de la construction et de l’utilisation des centrales à charbon inefficaces (-640 Mt), la minimisation des émissions de méthane dans les processus de production de gaz et pétrole (divisées par 2) et l’élimination partielle des subventions aux énergies fossiles (-360 Mt). (Actu-environnement.net).

Divergences d’opinions

Le vice-président indien du groupe de travail sur l’accord de 2015, Jayant Moreshver Mauskar, a expliqué qu’un « voyage de 10.000 km commence par un premier pas, et nous en avons fait plusieurs », ajoutant que « les vraies difficultés sont désormais devant nous ». Lors des négociations, des certitudes sont apparues, l’engagement des États pour une réduction de leurs GES et la mise en forme juridique du prochain accord. De son côté, l’Union européenne tente de mettre en place un système au sein duquel tous les pays indiqueraient les efforts qu’ils sont prêts à consentir. Ce système serait muni d’un mécanisme pouvant hausser le niveau d’ambition.

Face à ces engagements, le groupement d’ONG, Climat Action Network, a appelé les dirigeants à s’engager à mettre leurs promesses sur la table d’ici 2014.

Pour Ruth Davis, de Greenpeace, « avoir suffisamment de temps pour négocier ces engagements est vital pour éviter le type de chaos de dernière minute qui a fait du Sommet de Copenhague en 2009 un tel désastre ».

Le groupe des pays en développement (G77) et de la Chine est resté sur sa position de ne pas les mettre au même niveau que les pays industrialisés « historiquement responsables du réchauffement » . Ce positionnement devrait être un point de tension lors des prochaines négociations.

La Russie a de son côté bloqué les travaux d’un autre groupe, en exigeant de « mettre à l’ordre du jour la question des procédures de prises de décision, par consensus, dans ces négociations internationales », a indiqué l’“Agence France Presse”.

Les représentants russes se sont indignés de la façon dont l’accord de Doha en 2012 a été adopté en dépit de leurs protestations. Ce blocage a été dénoncé par l’envoyé de l’UE, Jürgen Lefevere, qui a indiqué que « c’est un contretemps regrettable (...) dans la mesure où aucun travail formel n’a été fait ».

La prochaine conférence mondiale sur le climat aura lieu au Pérou en 2014, avant celle de Paris, destinée à mettre en place un accord de lutte contre le réchauffement.

Céline Tabou

+5,3 degrés

Rapport de l’Agence internationale de l’Énergie.



Dans son rapport, l’AIE confirme les mises en garde faites précédemment sur le réchauffement climatique. « Si nous continuons sur la trajectoire actuelle, l’augmentation de la température ne sera pas de 2 degrés, mais de 5,3 degrés (par rapport à l’époque préindustrielle - NDLR), ce qui aurait des conséquences désastreuses en termes d’évènements climatiques extrêmes, d’élévation du niveau de la mer et entraînerait d’énormes coûts économiques et sociaux », a prévenu la directrice générale de l’AIE, Maria van der Hoeven, lors de la présentation du rapport lundi 10 juin à Londres.

L’AIE, branche de l’OCDE, a proposé quatre séries de mesure citées plus haut, qui permettraient de réduire de 3,1 gigatonnes les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, soit 80% des économies recherchées par l’objectif de 2 degrés. Ces mesures « ne permettent pas d’atteindre (complètement) l’objectif de 2 degrés, mais en ces temps de difficultés économiques, elles feront du bon travail », a précisé l’économiste en chef de l’AIE, Fatih Birol. Si les États ne décidaient pas d’agir dès maintenant pour respecter la cible des 2 degrés, ils économiseraient 1.500 milliards de dollars, mais ils leur en couteraient alors 5.000 milliards à partir de 2020 pour atteindre le même but, selon l’agence.

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