Protection de l’environnement

Une nouvelle vie pour les vieux pneus

9 octobre 2006

Officiellement inauguré ce vendredi 6 octobre 2006, Solyval a lancé en janvier dernier son activité de recyclage et de valorisation des pneus usagés. Une première à La Réunion et dans la zone où il n’existe pas d’unité de traitement de ce type.

Installé dans la ZAC Environnement au Port, Solyval a commencé à être "pensé" en 2001. "Après 5 ans de gestation, de lourdeurs administratives à aplanir et de foncier à trouver, l’unité peut enfin commencer à produire", note Guy Dupond, Président de l’Agence de développement (AD) qui a soutenu dès le début le projet d’unité de recyclage.
L’usine, livrée clés en main par la société métropolitaine MTB Recycling - leader dans son secteur d’activité aux États-Unis et au Japon -, fonctionne depuis janvier dernier. Elle a la capacité de broyer et de recycler 8.000 tonnes de pneus par an, soit le double du gisement local. Elle emploie une vingtaine de salariés. Pour le moment, les matériaux sont déposés sur le site en apport volontaire, "mais nous devrions pouvoir procéder rapidement à des collectes. Notre agrément est en attente de signature à la Préfecture", indique Johnny Law Yen, Président de Solyval.
Le process déployé par l’unité portoise sépare les différents composants du pneu (caoutchouc, acier et textile) et les broie pour les transformer en "chips", granulats et "poudrette". Les chips peuvent ensuite être utilisés dans l’enrobage de bitume des routes par exemple. À ce propos, Guy Dupond souhaite que "les donneurs d’ordre en matière de construction de routes incluent dans leurs appels d’offre la fourniture de chips produites localement".
Quant aux granulats et à la poudrette, il s’agit de matériaux utilisables pour la construction des sols souples d’aires de jeux et de terrains de sports. "Actuellement, les constructeurs sont obligés d’importer ces matériaux. Nous serons en mesure de répondre entièrement à leurs besoins", remarque Johnny Law Yen. Il ajoute que le surplus de production sera exporté en Europe et "à moyen terme, dans la zone, l’Asie notamment".
Le chef d’entreprise explique ensuite que Solyval est né d’un constat simple. La Réunion produit annuellement 4.000 tonnes de pneus usagés (la métropole en produit 450.000 tonnes), et depuis 2002, la législation européenne sur la protection de l’environnement interdit leur dépôt en décharge ou en centre d’enfouissement. Non polluants en tant que tels, mais encombrants, sales et surtout potentiels gîtes larvaires de l’aedes albopictus (le moustique vecteur du chikungunya), les pneus usagés, au mieux s’entassent dans des centres de réception, au pire "s’égarent" dans la nature. "Il était évident qu’il fallait faire quelque chose", estime Johnny Law Yen. La commune du Port accepte les 12.000 m2 d’implantation de l’usine. La SODIAC aménage les locaux. L’AVPUR (avenir pur - structure composée de commerçants et d’importateurs de pneus) accepte le partenariat, et par consommateur interposé, verse 2,64 euros par pneu importé. L’Europe, le Conseil régional et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) financent à 65% les 1,7 million d’euros nécessaires pour la mise en place du process de recyclage. Solyval peut commencer à produire.


Déchets : c’est l’affaire de tous

La campagne de sensibilisation pour lutter contre la prolifération des déchets est une bonne initiative à première vue. Mais, si on peut demander à chacun - à chaque citoyen - de prendre conscience des enjeux, de se mobiliser et d’agir en conséquence, il convient de demander la même chose aux entreprises et à tous les producteurs de déchets industriels.

Et la question des déchets industriels a pris un tour dramatique avec l’intoxication massive, fin août, d’habitants d’Abidjan (Côte d’Ivoire), par des matériaux débarqués d’un navire, le “Probo-Koala” déjà refoulé d’Europe. Au moins 8 morts en Côte d’Ivoire, une pollution sans précédent, une tentative de lynchage, des émeutes, une crise politique et des procès retentissants à venir.

Il ne s’agit pas de faire l’amalgame entre cette situation dramatique et la notre - loin s’en faut -, et d’ailleurs, devançant les critiques éventuelles, le MEDEF Réunion, la semaine passée, a organisé une rencontre autour du thème “Le traitement et la valorisation des déchets”. Car, comme le soulignait notre confrère “Le Monde” : "il existe aujourd’hui une justification économique à faire le choix du tri et du recyclage". Nous consacrons d’ailleurs un premier article à une entreprise innovante qui vient de se créer au Port ; car, hier considérés comme des données pénalisantes, aujourd’hui le traitement des déchets et leurs valorisations font partie et sont les acteurs des développements économiques d’une région.

Cette Semaine Nationale de la Réduction des Déchets doit être l’occasion pour tous, citoyens, entreprises, mais aussi collectivités locales ou territoriales de se demander quelle est sa part de responsabilité dans la production des déchets, et quels moyens à mettre en œuvre pour les réduire.

“Témoignages” va consacrer toute cette semaine à ce dossier essentiel à La Réunion, car île, elle doit absolument trouver des "propres" solutions, tant au niveau de chacun qu’au niveau de tous les acteurs économiques...

AIC


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Messages

  • j’ai une série de vieux pneus de camions,dont je voudrait me débarasser.j’aimerai connaitre le prix pour l’evacuation de ces pneus de camions,tel:0495100270 merci


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