Les véhicules hors d’usage (VHU) sont des déchets valorisables

Une seconde vie est possible

5 avril 2008

Bien souvent, les véhicules en fin de vie sont laissés au fond du jardin, abandonnés sur le bord de la route ou, plus radicalement, brûlés. Astreints à la même réglementation que les déchets, les VHU sont aussi valorisables. Petit tour chez le démolisseur agrée Ah-Khane à Sainte-Marie.

Faute d’usine de traitement à La Réunion, les batteries sont envoyées en Métropole.
(photos S.L.)

Le code de l’environnement oblige les propriétaires de véhicules en fin de vie ou accidentés, appelés communément véhicules hors d’usage (VHU), à en assurer l’élimination en les confiant à un opérateur agréé (démolisseur, broyeur ou centre de regroupement désigné par un constructeur automobile). Sachant que les VHU contiennent des polluants, leur prise en charge nécessite un agrément.

La valorisation des VHU est obligatoire

Le Centre de Démolition Automobile Ah-Khane, situé dans la ZA de La Mare à Sainte-Marie, a obtenu son agrément en mai 2006. Il travaille principalement avec les assurances sur des véhicules économiquement irréparables, mais tout particulier peut lui confier son VHU, sachant que le dépôt est gratuit et ne donne lieu à aucune facturation. Par contre, et c’est à savoir, le particulier peut lui vendre des pièces détachées du véhicule. La mission du démolisseur est de sécuriser et de dépolluer le véhicule avant son broyage. La dépollution consiste d’abord à vidanger les divers liquides de refroidissement, de freins et lave-glace, les huiles de moteur, le carburant. La batterie, contenant des éléments extrêmement polluants, est enlevée, et s’il y a lieu, l’air conditionné est ponctionné. A La Réunion, les huiles usagées sont confiées à la centrale thermique de Bois-Rouge, alors que les différents liquides sont exportés vers la Métropole. Depuis le 18 septembre 2000, la valorisation des VHU est devenue obligatoire. Elle se fait sur 3 modes : le réemploi des pièces, le recyclage des matières et la valorisation énergétique.

« Nous manquons de filières... »

« Lorsqu’il s’agit de carcasses, il n’y a que la ferraille de valorisable », explique Florence Mussard, Ingénieure Environnement du centre. Elle est alors dépolluée, compactée et transmise à une usine de sidérurgie pour ré-exploitation. Cette mission est confiée au CRMM (Centre de Récupération des Métaux de la Mare), affilié au même groupe, installé juste à l’arrière du démolisseur « qui va compacter la ferraille ou se diriger vers un broyeur agréé ». Les résidus ultimes de broyage sont ensuite placés en centre d’enfouissement technique. « Si le véhicule possède encore ses organes, on peut revaloriser les différentes matières », explique encore l’Ingénieure. Les pneus sont confiés pour traitement à l’entreprise Solival, qui pourra par exemple proposer des gazons synthétiques pour sécuriser les aires de jeux. Le caoutchouc des pneus peut aussi entrer dans la construction de murs anti-bruit ou servir de source d’énergie. Faute d’usine de traitement à La Réunion, les batteries sont quant à elles envoyées en Métropole. « C’est le grand souci ici, note Florence Mussard. Nous manquons de filières et sommes obligés d’envoyer vers la Métropole », ce qui engendre un surcoût. Enfin, toutes les pièces du véhicule, des attaches de ceinture aux phares en passant par les sièges, sont réutilisées, vendues d’occasion.

Les effets du tout consommation

En même temps que les véhicules neufs se multiplient sur les routes réunionnaises (de 2000 à 2005, +18,6% d’immatriculation tous types de véhicules confondus), d’autres sont délaissés. Il peut s’agir de véhicules en fin de vie ou accidentés, transmis par les assurances, comme on l’a vu, mais aussi d’automobiles dont les particuliers n’ont plus besoin, ou encore de reprises lors d’une vente d’une auto neuve par les concessionnaires.
Conséquence directe de la société du tout consommation, il n’y a pas que les épaves qui figurent au rang des VHU. Plus de confort, effet de mode... le secteur automobile s’en porte bien, mais le développement durable beaucoup moins. S’il ne faut pas désespérer qu’un changement de mentalité s’opère en faveur d’une consommation réfléchie, en attendant, la création de vraies filières de recyclage et de valorisation permettrait de créer des emplois et de générer une dynamique d’auto-gérance cette fois.

Stéphanie Longeras

Semaine du développement durable

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus