“Réduisons vite nos déchets, ça déborde”

Une semaine de sensibilisation et d’action

9 octobre 2006

Cette semaine du 9 au 15 octobre 2006 a été désignée par l’ADEME Semaine nationale de réduction des déchets, dans le cadre d’une campagne qui a commencé l’an dernier en octobre. C’est l’occasion de réfléchir à la façon dont nous produisons nos déchets et comment en produire moins.

Si nous voulons aller le plus loin possible dans l’accompagnement de la Semaine nationale de réduction des déchets, beaucoup de choses qui semblent être à la base de notre mode de vie et de nos comportements vont se trouver questionnées et, pour un certain nombre, montrés du doigt et remis en cause.
Nous vivons dans une société qui, dans les 40 dernières années, a fait doubler la quantité des déchets rejetés par chacun d’entre nous. En France aujourd’hui, la production des déchets est de l’ordre de 360 kg par an et par personne.
À La Réunion, depuis plus d’une dizaine d’années, nous produisons annuellement plus de déchets que nous n’exportons de tonnes de sucre. La proportion serait aujourd’hui du simple au double : deux fois plus d’ordures à détruire que de sucre à vendre. Notre sucre est une richesse et une valeur d’exportation. Les déchets, dans la situation présente, coûtent plus qu’ils ne rapportent. Mais pourraient aussi être valorisés...
Réduire cette quantité de déchets est un enjeu économique et un enjeu de société.

3 emballages quand 1 seul suffirait

S’il est vrai que chacun peut se dire concerné, nous ne le sommes pas au même titre, ni au même niveau de responsabilité : ceci pour couper court, par avance, à toute tentative de culpabilisation abusive des citoyens de base. Comme s’ils étaient toujours les producteurs de leurs déchets.
Nous sommes régulièrement gratifiés, à La Réunion, de discours à forts relents colonialistes désignant les Réunionnais comme des irresponsables ou des fortes têtes auxquelles on ne pourrait que très difficilement faire entendre raison. Autant dire tout de suite que toute campagne de “sensibilisation” qui s’égarerait sur ce terrain aurait peu de chance de s’avérer productive.
Tout simplement parce qu’elle ne situerait pas les responsabilités à leur juste niveau par ordre d’importance.
Nous jetons beaucoup parce que notre mode de production produit beaucoup d’objets inutiles. Par exemple, 3 emballages quand 1 seul suffirait, comme chacun peut s’en rendre compte en achetant un pack de yaourts dans un magasin : en plus du godet (en plastique) vous achetez un emballage en carton et un film plastique. Dans un premier temps, à l’exception du yaourt, le tout ira à la poubelle.

Les “gestes qui comptent”

Peut-on faire autrement ?
C’est à quoi nous invite à réfléchir le Ministère de l’Écologie et du développement durable, et l’ADEME avec des partenaires industriels - comme Véolia propreté - ou associatifs, comme France Nature Environnement (FNE), Consommation Logement et Cadre de vie (CLCV) ou encore le Réseau des Ressourceries et Recycleries. Tels sont, en France, les partenaires invités à participer aux 200 actions mises en place "pour inciter chacun à agir pour la réduction des déchets".
Les organisateurs de cette campagne lancent un appel aux institutions et aux collectivités, aux enfants des écoles comme au tout public : associations, entreprises et citoyens. Nous pouvons tous, en effet, nous réunir "pour organiser des actions concrètes sur le terrain", dit l’ADEME.
L’Agence nationale propose 5 grands thèmes pour la semaine : Ça déborde ; mieux produire ; mieux consommer ; réutiliser et mieux jeter. Pour agir, les organisateurs proposent une réflexion collective cherchant à définir "comment devenir un éco-consommateur". Notons encore une fois que cette façon de poser le problème semble exonérer par avance ce qu’on appelle depuis les années 70 "la société de consommation".
C’est mal parti...
À titre d’exemple, les “gestes qui comptent” parce qu’ils permettraient de réduire la production de déchets seraient les suivants :
- choisir les produits en détail ou en vrac : Ce serait bien, en effet, de pouvoir acheter par exemple les seuls comprimés prescrits par le médecin plutôt que les emballages de l’industrie pharmaceutique. Si les pharmaciens se mettaient à la vente “en détail ou en vrac”...

- préférer les sacs réutilisables : le bon vieux cabas, le soubik ou le bertèl... plutôt que les sacs en plastique... que nos magasins continuent à nous prodiguer généreusement.

- mettre un "STOP PUB" sur sa boîte à lettres

- utiliser les produits jetables à bon escient

- limiter les impressions papier, au bureau ou chez soi

- boire plutôt l’eau du robinet

- privilégier le bon conditionnement

- privilégier le minimum d’emballage

- économiser les piles

- réutiliser ce qui peut l’être

- fabriquer son compost

- opter pour les écorecharges

- choisir les produits "labels Environnement"
Il y a dans cette suite de propositions beaucoup d’idées à prendre, quitte à les adresser aux bons destinataires. L’absence de réflexion ou la passivité des consommateurs ne sont pas une donnée nulle dans la quantité de déchets produits, mais encore une fois, c’est peut-être prendre le problème par le petit bout de la lorgnette... tout en reconnaissant que seule une pression démocratique peut s’avérer efficace à long terme.
La question semble bien être celle que se posait déjà Archimède - quel levier actionner ? - à ceci près que la mécanique s’est beaucoup compliquée depuis.

P. David


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