Nouvelle contestation du projet Pole Océan de Saint-Denis

« Viable pour ses promoteurs, mais pas pour les commerçants dionysiens »

28 août 2004

C’est face à une importante assemblée de commerçants dionysiens, que Louis Bachoud, expert en urbanisme commercial mandaté par la CCIR, a présenté hier les conclusions de l’analyse des données relatives au projet Pôle Océan.

Louis Bachoud, expert en urbanisme commercial mandaté par la CCIR, chargé d’évaluer l’impact du projet pôle Océan à Saint-Denis, souligne les "différences très substantielles", entre l’étude économique réalisée par la SODIAC (Société dionysienne d’aménagement et de construction) à la demande de la mairie de Saint-Denis, et les analyses menées conjointement avec le cabinet AID.
Sortir de terre cette infrastructure gigantesque occasionnerait une perte estimée entre 23 et 25% du chiffre d’affaires du carré piéton, bien loin des 10% annoncés par l’étude d’impact initiale. "Notre étude d’impact ne révèle pas du tout les mêmes résultats". Selon Louis Bachoud, après un épluchage minutieux des 30 kilos de ce dossier, le projet Pole Océan est bien "viable pour ses promoteurs, mais pas pour les commerçants dionysiens". Considérant pour exemple, le complexe cinématographique ambitionné par le projet, Louis Bachoud s’étonne du manque de prise en compte des infrastructures voisines (de Sainte-Marie à Saint-Paul) et parle de la mort du cinéma en centre-ville.
Il relève également la surprenante verticalité définie dans la conception des bâtiments, avec une hauteur autorisée très loin d’une conception proche de la représentativité culturelle réunionnaise, et qui entraverait en plus la vue sur la mer. Bâtis de France aurait concédé à Louis Bachoud qu’"en effet, autre chose aurait pu être envisagé, plus proche de la créolité". Pour cet éminent expert en urbanisme commercial, en plus d’une atteinte flagrante à l’activité commerçante du centre-ville, il s’agit aussi d’une attaque portée au patrimoine culturel réunionnais, tel que le définissait Albert Trollet dans ses "Flâneries dionysiennes".
Toute poésie à part, Louis Bachoud se révèle "très surpris de constater que la réglementation précède la prospection", qu’aucun SCOT (Schéma de cohérence territoriale) sur la communauté de commune ne précède, comme il se devrait, le PLU (Plan local d’urbanisme) dont le Pole océan est présenté en axe majeur.
Bien que commerçants et experts en charge aient essayé d’instaurer le dialogue avec la SODIAC pour faire une comparaison des données, ou le maire, pour qu’il envisage sous un nouveau jour ce projet, c’est le silence radio. Une procédure est actuellement en cours au tribunal administratif. Maître Nativel mène une opération contentieuse pour un référé de suspension, alors que les associations de commerçants viennent de mandater le cabinet ORDIS du Port, pour mener une étude d’impact du projet qui irait de la ville portuaire jusqu’à Saint-André.

Estéfany


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