
Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
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L’assassinat de Joseph Landon - 2 -
22 décembre 2006
Voici la suite de l’article paru hier sur la mort de Joseph Landon.
(...)
La victime gisait à environ 3 mètres du bord du chemin, recroquevillée les bras tendus vers le visage, comme pour esquisser un ultime geste de défense.
Avertie de cette macabre découverte à 7h40, la gendarmerie du Port ordonne le transfert du cadavre à l’hôpital de Bellepierre aux fins d’autopsie. Du rapport du médecin légiste, il ressort que la mort de Landon est consécutive à une hémorragie interne provoquée par l’éclatement de la rate. Le rapport signale en outre une blessure au visage de la victime dont la mort a dû survenir quelque 2 heures après avoir été frappée.
Dès réception du rapport d’autopsie, le Parquet de Saint-Denis décide l’ouverture d’une information destinée à retrouver les auteurs du crime commis dans la nuit du 17 au 18 mai.
L’enquête diligentée par le Parquet semble s’être limitée à l’audition de la majorité des habitants de La Ravine à Marquet dont certains se sont plaints d’avoir été soumis à un interrogatoire musclé. Au terme de ladite enquête, c’est une ordonnance de non-lieu qui est rendue le 16 janvier 1975 par le magistrat instructeur.
Une telle décision est pour le moins que l’on puisse dire très mal accueillie par une opinion qui n’oublie pas que les meurtriers de François Coupou et de Thomas Octave Soundarom tués respectivement le 29 mai 1958 à Saint-Denis et le 5 février 1962 à Saint-Louis n’ont jamais été inquiétés. Une opinion qui n’oublie pas non plus que les innombrables personnes sauvagement agressées lors des campagnes électorales ou manifestations de rues des dernières décennies n’ont pour la plupart obtenu aucune réparation devant les tribunaux.
Après l’ordonnance de non-lieu, les semaines et mois passent sans que rien, absolument rien, n’apporte aux habitants de La Ravine à Marquet, accablés par le drame de mai 1974, l’espoir que la lumière se fera sur cette mystérieuse affaire.
Le village est encore en deuil lorsque, début février 1976, Roland Payet, un employé de l’entreprise Tomi désireux de « décharger sa conscience d’un secret », se confie à Ginette Landon, veuve de la victime.
Il révèle à cette dernière un certain nombre de faits relatifs à l’épouvantable nuit du 17 au 18 mai 1974 au cours de laquelle son époux a trouvé la mort.
Ces faits ne tardent pas à être rapportés au Parquet de Saint-Denis via le commissariat de police du Port où Madame Landon s’empresse de porter plainte.
Une enquête est alors ouverte le 16 févier 1976, presque 2 ans après la mort de Landon.
Disons tout de suite que sans la perspicacité de Roland Payet, responsable du parc automobile de l’entreprise Tomi, la réouverture du dossier Landon n’aurait sans doute pas été possible.
Il faut souligner en effet que dès le 18 mai 1974, Roland Payet avait été intrigué par la présence sur l’une des camionnettes de l’entreprise « de taches de sang et de traces d’accident ». Ce véhicule de service ayant été confié la veille à Paul Lefèvre, également chauffeur chez Tomi, Roland Payet presse Lefèvre de questions. Ce dernier est ainsi amené à relater l’abominable crime commis sous ses yeux et avec sa complicité quelques heures plus tôt par Augustin Hamilcaro qu’accompagnait l’ancien légionnaire métropolitain Gilbert Bourdat.
Après ce terrible aveu, Lefèvre confie à Payet qu’il estime prudent de quitter La Réunion et qu’il s’empressait de « faire des papiers pour aller en France ».
Nous le verrons plus loin, Hamilcaro, lui aussi, éprouvera le besoin de s’éloigner de La Réunion après la confession de Lefèvre. De son côté, Gilbert Bourdat ne tardera pas à quitter son domicile sans laisser d’adresse.
Avant la relation de ce qu’a révélé l’enquête ouverte le 16 février 1976, une présentation des principaux protagonistes du crime commis au Port dans la nuit du 17 au 18 février est nécessaire.
Commençons par la victime.
Joseph Ludget Landon est né à Cilaos le 5 septembre 1939. L’isolement du cirque consécutif à la Seconde Guerre mondiale conduit ses parents à venir se fixer à La Ravine à Marquet où, la paix revenue, il est relativement facile de trouver du travail.
Bien qu’illettré et sans formation, le jeune Joseph Landon parvient à se faire embaucher par la SBTPC, comme apprenti d’abord, comme charpentier ensuite. Dans cette entreprise de Bâtiment et travaux publics, l’une des plus importantes de l’île, le Cilaosien est apprécié pour sa conscience professionnelle, sa disponibilité, sa gentillesse et son calme.
Marié et père de 5 enfants dont l’aîné n’a que 8 ans en 1974, Joseph Landon a du mal à élever sa famille uniquement avec son salaire. Aussi consacre-t-il son “temps libre” à effectuer des travaux les plus divers chez des particuliers.
N’ayant pratiquement jamais de loisir, Joseph Landon n’a évidemment pas le temps de s’occuper de politique. Ce qui ne l’empêche pas toutefois d’assister aux réunions publiques qui se tiennent dans son quartier et très exceptionnellement à celles qui ont lieu au centre-ville du Port. Il ne fait pas partie de ces équipes de militants qui, au Port comme ailleurs, prennent de très gros risques en s’engageant au cours des décennies 1960 et 1970 dans le combat contre l’arbitraire, pour le respect de la dignité des Réunionnais et le respect des libertés démocratiques sans cesse bafouées. Son militantisme se limite à l’exercice de son droit de vote.
Les “nationaux” locaux n’ont en conséquence aucune raison de le prendre pour cible. Mais il est vrai que lorsque l’on est en proie à des fantasmes comme l’étaient à cette époque ceux que le spectre du “séparatisme” empêchait de dormir, on est fatalement amené à donner des coups dans toutes les directions.
Que dire du second protagoniste Augustin Hamilcaro, principal responsable de la mort de Landon ?
Augustin Hamilcaro est né à la Montagne (Saint-Denis) le 27 février 1936. Totalement illettré, il reçoit à 16 ans une formation d’aide mécanicien au garage Wetley à Saint-Denis. Il travaille ensuite à la SEGEFOM, puis à la SERCA et enfin à la SETCOR où il est en poste en mai 1974. Un an plus tard, par crainte sans doute d’être dénoncé, il opte pour le métier de marin. Ce qui le conduit à participer à de longues campagnes de pêche pour le compte de “l’Armement des Mascareignes” .
Pendant son séjour au Port où il se fixe en 1960, il acquiert dans les milieux sportifs une solide réputation. Malgré sa petite taille, il est loin de passer inaperçu sur les terrains de football. Il pratique aussi l’haltérophilie, mais affectionne particulièrement les sports de combat. C’est d’ailleurs la lutte gréco-romaine qui lui permet d’obtenir le titre de champion de La Réunion dans la catégorie “coq”.
Toutefois, Hamilcaro ne consacre pas ses loisirs uniquement aux activités sportives. En période électorale, il met volontiers ses muscles au service d’hommes politiques de droite dont il se vante d’assurer la protection rapprochée. Il porte en outre la double casquette “d’agent de sécurité” et de colleur d’affiches. Lors des législatives de mars 1967, on le voit constamment au Port dans le sillage du candidat Gabriel Macé, un pétainiste devenu soudainement gaulliste après la libération de l’île le 28 novembre 1942.
Plus tard, pendant la campagne des cantonales du 23 septembre 1973, il fait partie de l’équipe des gros bras dont s’entoure au Port le candidat unique de la droite Maurice Tomi. Il ne cache pas sa fierté de jouir de la confiance d’hommes puissants et il s’efforce de s’en montrer digne.
C’est tout naturellement qu’il répond à l’appel de Maurice Tomi lors de la campagne présidentielle de mai 1974 au cours de laquelle il assassine froidement Landon.
Après avoir purgé une courte peine de prison à Saint-Denis, suite à son implication dans l’assassinat de Landon, il est de retour au Port où on le voit pour la dernière fois à la fête de “Témoignages” le 20 décembre 1979. Diminué physiquement en raison d’une consommation excessive d’alcool, il ne peut plus faire du sport et éprouve des difficultés à se faire embaucher. Il se retire alors à Saint-Benoît où il meurt le 21 octobre 2004.
(à suivre)
Eugène Rousse
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