
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
La sécheresse met le doigt sur les conséquences de la marchandisation de l’eau
25 octobre 2023, par
La sécheresse à La Réunion amène à restreindre la consommation de l’eau dans des communes faisant partie de la région traditionnellement la plus arrosée. Ceci est un nouvel indicateur de la nécessité de moderniser La Réunion. Quels effets sur le transfert de l’eau vers l’Ouest et la centrale EDF de Sainte-Rose ? De plus, l’augmentation du pouvoir d’achat des Réunionnais a entraîné la marchandisation de l’eau avec comme conséquence d’importants gaspillages. La crise climatique met à nu un système qui tôt au tard devra être remis en cause, n’ayons pas peur de nous moderniser !
Traditionnellement, l’Est était le château d’eau de La Réunion. Cela s’expliquait par des pluies abondantes et régulières eu égard à son exposition aux alizés. A l’opposé, l’Ouest et le Sud-Ouest étaient la région sèche. C’est ce que rappelle le paysage de savane consécutif à la destruction de la forêt primaire par la colonisation de La Réunion.
Mais depuis que le capitalisme s’est déployé, ce système économique a été la cause d’un si grand rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère que le climat est bouleversé à l’échelle du monde. Conséquence du capitalisme, la crise climatique touche La Réunion. Cela se traduit par une sécheresse générale qui devient la norme. Elle touche en premier lieu l’Est de La Réunion. C’est ce que rappelle l’arrêté préfectoral imposant de restreindre l’utilisation de l’eau potable dans 7 communes. Parmi les 7 collectivités, 4 sont dans l’Est : Saint-André, Salazie, Bras-Panon et Sainte-Marie. S’y ajoute la capitale Saint-Denis, intégrée dans le Bon pays, mais limitrophe de l’Est.
Cela pose tout d’abord des questions sur deux infrastructures.
Au moment où le chantier pharaonique du basculement de l’eau de l’Est vers l’Ouest a été lancé et poursuivi, ses décideurs n’ont pas tenu compte de la crise climatique qui allait frapper La Réunion. Elle était prévisible dès les années 1970 avec les premières simulations rendues possibles par l’augmentation de la capacité de calcul des ordinateurs. Elle a été inscrite dans l’opinion réunionnaise par la conférence de presse de Paul Vergès et Philippe Berne en 1997. Maintenant que la crise climatique s’est installée à La Réunion, le risque de voir surgir des conflits d’usage sur l’eau n’est pas à exclure.
Le chantier du transfert de l’eau de l’Est vers l’Ouest illustre le fait que désormais, il est nécessaire de tout remettre à plat en matière de consommation de l’eau à La Réunion.
Pour l’immédiat, des regards se tournent vers la centrale EDF de Sainte-Rose. Elle pompe de très grandes quantités d’eau pure qui sont ensuite jetées à la mer après avoir fait tourner une turbine.
Le remplacement de cette centrale, par notamment l’énergie solaire disponible en abondance à La Réunion, est donc une question d’actualité. Mais EDF n’est pas la seule responsable du gaspillage de l’eau à La Réunion.
40 ans en arrière, l’eau était à La Réunion un des principaux moyens de socialisation. En zone rurale et dans de nombreuses habitations urbaines, chacun allait chercher l’eau à la fontaine et laver le linge à la rivière ou au lavoir. Une des conséquences des luttes des Réunionnais pour l’égalité a été d’augmenter le pouvoir d’achat. Le capitalisme a aussitôt flairé le filon : les Réunionnais devenaient solvables. Ils pouvaient payer un service existant déjà en France, la généralisation de l’eau du robinet. L’eau est devenue une marchandise source de profit. Et pour qui refuse l’eau du robinet, il n’est plus possible d’aller à la fontaine. Quelques sociétés principalement françaises ont créé un monopole. Elles vendent une eau potabilisée à grands frais dans de véritables usines. Elles font ensuite payer encore plus cher l’évacuation de l’eau utilisée une seule fois vers de grandes stations d’épuration qui rejettent ensuite l’eau dépolluée vers la mer. Tout ceci transite par un réseau où près de 40 % de l’eau potable se perd entre l’usine de potabilisation et le robinet de l’usager. Si cela se passait dans un pays voisin de La Réunion, certains parleraient de branchements pirates...
La maintenance et la modernisation d’un tel réseau nécessite des investissements considérables qui sont supportés par les contribuables via des aides de l’État et de l’Europe, et par les consommateurs qui paient les factures d’eau. Entre 2020 et 2024, les dépenses prévues pour l’eau potable et l’assainissement devaient s’élever à plus de 530 millions d’euros. C’est plus que la somme dépensée pour construire le train à Maurice. Avec cela, les Réunionnais n’ont pas la garantie d’une amélioration de la situation par la baisse des prix et la fin des coupures, car tout est lié d’une part à la ressource disponible, et d’autre part à un système qui nécessite de sécuriser près de 6000 kilomètres de canalisation, un défi impossible à relever.
Puisque l’eau arrive dans n’importe quel logement sans effort physique de la part de l’usager, elle est utilisée abondamment. Cela amène à une moyenne effarante : 180 litres d’eau potable par jour par habitant à La Réunion, alors que 2 litres d’eau potable par jour suffisent pour n’importe quel être humain.
Comme chaque litre d’eau potable est facturé, il est donc une source de profit. Les sociétés capitalistes extérieures à La Réunion n’ont donc pas d’intérêt à voir ce système remis en cause. Resteraient-elles dans notre pays si la consommation d’eau potable journalière par habitant était ramenée à l’équivalent d’un jerrican de 10 litres ?
Pourtant dans de nombreux pays du monde, l’eau potable à tous les robinets n’est pas généralisée dans tous les logements loin de là. Cela amène mécaniquement les usagers à moins de gaspillage.
Les majors de l’eau promettent que l’eau sortie des stations d’épuration est dite de qualité « eau de baignade ». Si c’est vrai, alors cette eau peut être réutilisée pour tous les usages sauf la boisson. Pourquoi alors ne pas réinjecter dans le réseau toute cette eau déjà payée par l’usager pour qu’elle remplace l’eau potable dans tous les usages sauf la boisson ?
Si une telle possibilité n’est pas techniquement possible, refusée par les capitalistes de l’eau et/ou par le gouvernement de Paris, alors il appartiendra de réfléchir à comment récupérer un maximum de l’eau de pluie pour l’affecter à tout sauf la boisson.
Il est également important que les comportements changent. L’eau potable n’est pas faite pour arroser les pelouses, remplir les piscines, laver les voitures, nettoyer la cour, les murs ou le trottoir. Et il nous appartient d’être imaginatif pour, par exemple, récupérer de l’eau usée pour remplacer l’eau potable dans l’évacuation des excréments.
Ceci nous permettra de gagner du temps avant le déploiement d’un système de consommation de l’eau moins cher pour l’usager et adapté aux effets de la crise climatique. Dans ce nouveau système, l’eau ne pourra plus être une marchandise source de profit, n’ayons pas peur de nous moderniser !
M.M.
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