G8 : un sommet mitigé...

9 juin 2007

Les dirigeants du groupe des huit pays les plus industrialisés du monde (G8) sont parvenus à un compromis sur le changement climatique, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel jeudi à des journalistes à Heiligendamm dans le nord de l’Allemagne.

Les dirigeants ont convenu de réduire grandement les émissions de gaz à effet de serre pour la lutte contre le changement climatique, a dit Mme Merkel avant de qualifier le nouvel accord d’un « grand succès » et d’un « vrai tournant ». Selon la chancelière allemande, les dirigeants du G8 ont convenu de « considérer sérieusement » la réduction des émissions de CO2 de 50% d’ici 2050 par rapport à 1990.
Ils ont également convenu de traiter le changement climatique dans le cadre des Nations Unies, a affirmé Mme Merkel.
« Ce qui peut être réalisé le plus possiblement a été réalisé », a note Mme Merkel.
L’accord a envoyé un « fort message » à la conférence de l’ONU sur le climat, qui se tiendra en décembre prochain à Bali, en Indonésie, pour lancer les négociations internationales pour un accord post-Kyoto.
En commentant le nouvel accord du G8, l’organisation écologiste Greenpeace a déclaré qu’elle en était déçue. « C’est trop petit » et les dirigeants du G8 ont enfin échoué à se mettre d’accord sur les objectifs obligatoires. Avant le sommet du G8, l’Allemagne, qui assume la présidence du G8, a appelé à prendre des mesures pour limiter le changement de la température globale à deux degrés Celsius dans ce siècle et pour réduire les émissions de CO2 de 50% d’ici 2050 par rapport à 1990.
Mais, les États-Unis, le plus grand producteur de gaz à effet de serre, ont exprimé leur « opposition fondamentale » à la proposition de l’Allemagne. Le Président américain George W. Bush a annoncé, il y a une semaine, un plan séparé, appelant les 15 plus grands pays producteurs de gaz à effet de serre à fixer un objectif mondial pour réduire les gaz à effet de serre d’ici fin 2008.
Pour l’Allemagne, l’initiative des États-Unis représente un changement positif par rapport à leur position antérieure, mais elle n’est pas suffisante.
Les États-Unis, qui n’ont pas signé le Protocole de Kyoto, demeurent opposés aux objectifs obligatoires, prétendent que la protection de l’environnement ne peut pas venir au prix d’affecter la croissance économique.
Le réchauffement climatique est l’un des principaux thèmes du Sommet du G8, qui s’est ouvert mercredi soir à Heiligendamm pour trois jours de travaux.
Les dirigeants du G8 doivent discuter encore du système de défense anti-missile américain en Europe orientale, des Hedge Funds, du développement de l’Afrique et de la sécurité régionale.


Dans la presse internationale

• Climat : "les objectifs quantitatifs ne sont pas négociables", dit Sarkozy à Bush

« Les objectifs quantitatifs ne sont pas négociables » sur le dossier climatique, a prévenu jeudi Nicolas Sarkozy, s’adressant directement au Président américain George W. Bush lors d’une séance de travail du G-8. « Nous ne pouvons plus attendre », a insisté le Président français. « Nous devons maintenant fixer à l’échelle du monde nos objectifs quantitatifs sur lesquels la communauté scientifique mondiale s’est accordée et nous devons nous donner les moyens de les atteindre. »
« Il faut un objectif clair, simple et compréhensible, qui exprime une exigence et une volonté », a plaidé Nicolas Sarkozy. « Ne pas nous engager résolument dans cette voie sonnerait comme un renoncement ». Il a donc "conjuré" le peuple américain « de faire encore un effort ».

(Presse Canadienne)

• G8 : accord "fructueux" sur le changement climatique

Les dirigeants du G8 sont parvenus à un accord "fructueux" sur la lutte contre le changement climatique. Ils sont convenus d’"envisager" un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% dici 2050, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel. «En termes d'objectifs, nous avons adopté un langage clair (...) qui reconnaît que la hausse des émissions de CO2 doit être d'abord enrayée puis suivie dimportantes réductions », a-t-elle ajouté. Les États-Unis s`opposaient à la définition du moindre objectif chiffré lors de ce sommet.

(Sources RTN - Suisse)

• Le changement climatique menace le patrimoine

Et d’après le Fonds pour les Monuments Mondiaux, le WMF, ce même changement climatique menace à présent le patrimoine culturel. L’organisation privée vient de publier sa liste des sites les plus menacés dans le monde.
Selon le rapport du World Monuments Fund, l’élévation du niveau des eaux et d’autres conséquences du changement climatique, sont en train de menacer des monuments culturels du Canada à l’Antarctique.
Un des lieux les plus menacés est l’île Herschel au Canada. L’organisation annonce que l’île devrait disparaître sous les mers.
« C’est seulement le début de ce que nous pouvons espérer voir dans le futur pour ce qui est des patrimoines culturels,et franchement, l’habitat humain en général », a déclaré Michelle Berenfeld, Directrice du Programme, WMF. Au moins 6 sites historiques présents sur la liste seraient affectés par le réchauffement global. Parmi eux, figure la Nouvelle-Orléans, qui a été ravagée par l’ouragan Katrina en 2005. Les conflits armés, quant à eux, assombrissent l’avenir de tous les patrimoines culturels en Irak. La liste comprend également des sites divers comme la route 66 aux États-Unis, la fameuse route qui relie l’est à l’ouest du pays.

Ci Xiaoning, CCTV - Chine


Réactions

L’Agence internationale de l’énergie :

L’AIE affirme que cet accord est “un premier pas important”. Son directeur, Claude Mandil, a cité notamment au nombre des acquis “énormes” la reconnaissance d’une action urgente contre le réchauffement, la nécessité d’une réduction substantielle des émissions de CO2, la référence aux propositions de l’Union européenne, du Japon et du Canada sur la division par deux des émissions d’ici 2050 et le fait que la procédure sur les suites à donner au Protocole de Kyoto pour l’après 2012 devrait aboutir d’ici 2009.

Greenpeace :

L’organisation écologique parle au contraire « d’occasion historique ratée », alors qu’il y a « l’absolue nécessité d’agir » face à des conséquences dramatiques si les températures mondiales augmentent de plus de 2° Celsius par rapport à leurs niveaux préindustriels.
« Le seul élément positif, c’est la reconnaissance que les Nations Unies restent le cadre pertinent pour les négociations », affirme à 20minutes.fr Yannick Jadot, responsable des campagnes de Greenpeace.

WWF :

l’organisation de défense de l’environnement est plus modérée. « C’est ce qui compte, c’est qu’ils soient tous d’accord pour préparer la conférence de Bali », a estimé le directeur du programme Climat au WWF, Hans Verolme, en référence à la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui aura lieu en décembre.

Oxfam :

A Londres, l’ONG a certes salué « le pas en avant » effectué par le G8, mais a regretté « profondément » que les États-Unis ne se soient pas engagés sur un objectif précis. Notant que le G8 avait une « opportunité sans précédent » d’accentuer les efforts pour la lutte contre le réchauffement, Antonio Hill, conseiller à Oxfam, a jugé que les pays « avaient effectué un pas en avant, mais ils devraient courir maintenant ».

Jean-Louis Etienne, explorateur :

Les chefs d’États au G8 « se sont mis d’accord pour ne pas déranger George Bush, puisque c’est lui le principal obstacle », a-t-il commenté jeudi, ajoutant qu’« on voit encore une fois à quel point il est difficile de faire venir les Américains sur des projets où il y a une action globale ».

Ban Ki-moon :

Le secrétaire général de l’ONU a salué le compromis trouvé par les Huit. « Il estime très encourageant leur engagement en faveur d’un processus multilatéral dans le cadre de l’ONU », ajoutant que « l’acceptation par les dirigeants de leur responsabilité d’agir pour la réduction des émissions (...) est louable, de même que leur intention déclarée de conclure d’ici à 2009 les négociations sur un accord pour l’après 2012 ».

La Maison Blanche :

« Nous avons connu une très bonne journée sur la question du changement climatique », a déclaré un proche conseiller de George Bush, Steve Hadley. Le communiqué final du sommet est sur ce sujet « un document de consensus qui peut représenter une voie pour aller de l’avant », a-t-il ajouté, y retrouvant nombre de principes du président George W. Bush, dont le refus de fixer dès à présent un objectif de réduction à long terme des gaz à effet de serre.


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