Forum Social Mondial

L’Afrique laissée à son destin : l’année Sankara ?

27 janvier 2007

Né en 2001 à Porto Alegre (Brésil), le Forum Social Mondial s’est tenu alternativement en des lieux centralisés - comme cette année à Nairobi - ou décentralisés, comme l’an dernier, dans trois pays différents (Mali, Venezuela et Pakistan). L’année prochaine sera une année de réunions décentralisées et le prochain Sommet réuni aura lieu en 2009, dans une ville du Sud à définir.
Commentant les “absents de marque” au 7ème Forum Social Mondial de Nairobi (Kenya) qui s’est conclu jeudi, un journaliste a pu écrire : « Pourquoi aller à Nairobi s’il n’y a aucune chance de passer à la télé ? » (Marianne, blog du 25 janvier).
Cette manière d’ironie devant la façon dont certaines hautes sphères politiques - pas seulement françaises - instrumentalisent les rencontres altermondialistes, vient souligner a contrario les dramatiques limites de la solidarité internationale envers l’Afrique. À l’évidence, le continent noir, continent oublié, « réceptacle de tous les damnés de la terre » a du mal à mobiliser autour de ses problèmes les ressorts de la communication mondialisante. L’Afrique est tristement laissée à son destin de continent spolié, aliéné et maintenu sous le joug.
C’est d’autant plus révoltant que les problèmes de l’Afrique - de la dette à l’égalité des sexes en passant par les accords de libre-échange - sont au cœur des problématiques générales de la mondialisation. Les Africains eux-mêmes n’ont de chance de rencontrer les altermondialistes des autres continents que lorsque les rencontres se passent chez eux. Ce manque d’intérêt ou de compréhension devant la situation africaine, ses mouvements sociaux et ses aspirations est une question que le mouvement altermondialiste ne pourra pas éluder bien longtemps.
Et dire que 2007 a été déclarée “année Sankara” !...

Pascale David


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Messages

  • Un autre monde est-il possible sans l’Afrique ?
    On s’interroge sur le peu d’échos qu’a rencontré le FSM à Nairobi à la fois dans la "gauche de la gauche" française au moment même où à l’évidence elle a besoin d’une clarification idéologique et programmatique, mais également à La Réunion où les futurs candidats champignons attendent la prochaine pluie électorale sans porter aucun débat.

    Qu’est-ce que l’altermondialisme à La Réunion ? S’il existe, il n’est encore qu’un espoir qui n’a pas trouvé à s’exprimer dans le champ politique. Pourtant n’aurait-on pas une parole réunionnaise sur la "possibilité d’un autre monde" ? N’y aurait-il pas des initiatives à prendre ?


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