La FAO estime que la précieuse ressource est sous-exploitée

L’Afrique ne manque pas d’eau

2 août 2004

L’eau ne fait pas défaut à l’Afrique. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, le continent n’est pas en manque mais peine plutôt à optimiser l’exploitation de la précieuse ressource. La Division des eaux et des terres de la FAO revient sur les causes de cette situation et explique comment elle tente d’inverser la tendance.

L’article que nous reproduisons ci-dessous est paru sur le site Afrik.com

L’idée selon laquelle l’Afrique manque cruellement d’eau serait erronée. C’est en tout cas le constat que fait la Division des eaux et des terres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, la FAO est revenue sur ce qui explique la sous-exploitation des ressources hydrauliques en matière agricole et explique quelles sont ses actions pour renverser cette tendance.

L’Afrique manque-t-elle d’eau ?

La FAO : Tout d’abord, il faut bien séparer le Maghreb et l’Afrique noire. Contrairement à ce que certains disent, l’Afrique sub-saharienne ne manque pas d’eau. Nous pouvons citer pour exemple le Congo, où il y a tellement d’eau et de terres cultivables qu’il pourrait nourrir tout le continent. Ce n’est pas le cas des pays du Maghreb, qui possèdent des installations hydrauliques de qualité, qui sont plus secs. Le problème de l’Afrique sub-saharienne est qu’elle ne maîtrise pas l’exploitation de l’eau.

Comment expliquez-vous ce phénomène ?

- L’une des raisons de cette sous-exploitation est que, depuis sept ou huit ans, les bailleurs de fonds sont réticents à investir dans les projets d’irrigation. Un retrait dû au fait que les Africains ne s’appuient pas en priorité sur les infrastructures modernes pour leurs activités agricoles (seuls 7% des terres arables sont irriguées en Afrique, d’après Jacques Diouf, directeur général de la FAO - NDLR). Cet échec s’explique notamment par le fait que les systèmes d’irrigation impliquent une organisation, une collaboration et l’établissement d’un réseau de distribution de l’eau, dont les Africains n’ont pas encore l’habitude. Ils privilégient en priorité les cultures qui poussent très bien avec l’eau de pluie, comme les céréales et les tubercules.

Que préconise la FAO pour optimiser l’utilisation des ressources hydrauliques ?

- Il faut travailler par étapes. La plus simple est de promouvoir davantage la culture de denrées auxquelles l’eau de pluie suffit pour pousser, de sensibiliser à la collecte des eaux de ruissellement et d’installer plus de pompes à pédale. Ensuite, il est possible d’envisager la mise en place de périmètres villageois (surface où est installée un système d’irrigation), dotés de barrages. Certains périmètres existent déjà, mais ont parfois plus de trente ans. Ils ont été délaissés et se sont détériorés par manque de maintenance. Nous envisageons de les réhabiliter, avant de les laisser aux paysans que nous aurons sensibilisés à leur importance.

À combien revient un périmètre villageois ?

- Un petit aménagement comportant uniquement une pompe à pédale peut revenir à 400 euros l’hectare. Si le système d’irrigation voulu est plus sophistiqué et qu’il nécessite, par exemple, l’installation d’un barrage et d’un réservoir, le prix peut grimper jusqu’à 10.000 euros. Ce qui constitue un autre frein à l’utilisation de méthodes plus modernes. Les autorités ont d’autres priorités, comme la lutte contre le SIDA ou les guerres. Mais en Afrique tout est beaucoup plus cher. En Asie, un périmètre simple peut coûter 2.000 euros.

Comment s’explique cette différence de prix ?

- La principale raison est que la plupart des matériaux nécessaires aux travaux d’irrigations ne sont pas fabriqués en Afrique. Il faut donc les importer, ce qui gonfle le prix. Par ailleurs, très peu de compagnies produisent ces matériaux. Du coup, il y a très peu de fournisseurs, donc peu de concurrence, ce qui participe aussi à faire grimper les coûts.

Où en est le recyclage de l’eau pour les cultures ?

- Certains pays utilisent des ressources d’eau non-conventionnelles comme les eaux de drainage (opération consistant à faciliter l’écoulement de l’eau retenue en excès dans les terres trop humides) pour irriguer leurs cultures. Dans d’autres États, comme la Namibie et l’Afrique du Sud, les eaux usées sont de plus en plus recyclées puis réutilisées pour les cultures. Au Zimbabwe, on irrigue les arbres avec les eaux usées, mais pas pour les cultures agricoles. Par contre, de plus en plus dans les zones péri-urbaines, comme à Nairobi (Kenya) et à Accra (Ghana), certains paysans pauvres utilisent les eaux usées dans les champs.

Les pays du Maghreb disposent d’installations plus performantes que les Africains vivant au Sud du Sahara. Comment l’expliquez-vous ?

- Les pays du Maghreb ont dû trouver des alternatives pour palier le déficit de pluie. Ils n’avaient pas d’autre choix que d’irriguer s’ils voulaient avoir une activité agricole. Certains pays développent des méthodes coûteuses pour irriguer leurs cultures. Comme la Libye, qui utilise ses eaux souterraines fossiles. Une opération qui nécessite de profonds forages et de lourds moyens techniques.

Certains pays africains risquent-ils de connaître une pénurie d’eau ?

- Les pays les plus exposés sont ceux qui sont le plus industrialisés. Ils utilisent tous les moyens d’exploiter leurs ressources d’eaux, au risque de les épuiser. À ce propos, une réflexion est en cours en Afrique du Sud, car ce pays irrigue énormément.


L’article que nous reproduisons ci-dessous est paru sur le site Afrik.com

De l’eau douce en pleine mer

Unique en son genre, la toute jeune société française Nymphea Water recherche et capte de l’eau douce en pleine mer. L’exploitation de sources off shore s’inscrit comme une véritable alternative économique aux usines de dessalement. De nombreux pays côtiers, notamment africains, sont intéressés.

Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, il existe bel et bien des eaux de sources sous-marines. Sources que la société française Nymphea Water se propose de rechercher et d’exploiter. Un commerce inédit qui, pourtant, peut s’avérer extrêmement concurrentiel face à celui des usines de dessalement.
C’est avec le réchauffement de la planète, impliquant la montée du niveau de la mer, que certaines sources, qui coulaient jadis à la surface de la terre, se sont retrouvées noyées sous les eaux salines. "Nous trouvons différents cas de figure. L’eau peut être parfaitement douce ou plus ou moins saumâtre", explique Paul-Henry Roux, directeur du développement de Nymphea Water. "Mais même jusqu’à 5 grammes de sel par litre, une eau reste intéressante à exploiter. Nous pourrions fournir les usines de dessalement qui doivent habituellement traiter une eau de mer à 38 grammes par litre".

3.000 ans après les Phéniciens

Recherche, étude et captage, le travail d’exploitation s’effectue en trois phases lorsque la ressource n’est pas localisée. Et seulement deux phases lorsque la source est déjà connue. Une caméra infrarouge embarquée à l’intérieur d’un avion survolant les eaux détecte les nouvelles sources grâce à la différence de température qu’elle enregistre entre les eaux de source (à la température relativement stable) et l’eau de mer (plus ou moins chaude en fonction de la saison).
Une équipe de plongeurs est alors envoyée sur place pour étudier la source, son débit, sa salinité. "Pour le captage, nous utilisons une cloche pour couvrir la source. Pour l’isoler avant qu’elle ne se mélange à l’eau de mer. Puis nous acheminons l’eau douce à terre à l’aide d’un tuyau sous-marin. Nous n’avons rien inventé. Il y a 3.000 ans, les Phéniciens en Syrie utilisaient déjà un système de cloche en bronze avec un tuyau en cuir pour récupérer l’eau douce sous-marine", explique Paul Henry Roux.

Jusqu’à 7 fois moins cher

La société française, en fonction des sites susceptibles de receler une source off shore (les reliefs karstiques - roches calcaires -, signe favorable de présence d’eaux souterraines) propose aux États concernés un contrat d’exploitation. "C’est comme pour l’aventure pétrolière off shore", s’enthousiasme le directeur commercial de la toute jeune société (créée en 2000). "L’eau est devenue une denrée presque aussi précieuse. Et il faut aller la chercher là où elle est".
De 40 à 80 centimes d’euro le mètre cube, contre 50 centimes à 3 euros pour les usines de dessalement, l’exploitation des eaux sous-marines peut être très compétitive. "Cela dépend de l’éloignement de la source à laquelle nous sommes forcément liés. Mais à conditions égales, nous sommes très concurrentiels". Beaucoup de pays méditerranéens, dont tous les pays du Maghreb, sont intéressés par les activités de Nymphea Water dont la première véritable exploitation commerciale est située en Italie.


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