Sommet de l’OMC en Chine

L’agriculture au centre des négociations

13 décembre 2005

C’est aujourd’hui que commence à Hong-Kong le sommet de l’Organisation mondiale du commerce. Parmi les questions qui nous concernent directement : l’agriculture. L’OMC va-t-elle demander une baisse du prix du sucre encore plus importante que ce qu’a décidé le Conseil des ministres de l’Union européenne ? Ci-après une synthèse de différents articles parus dans le journal ’La Croix’.

La conférence ministérielle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) s’ouvre mardi 13 décembre à Hong Kong. Il s’agira de débattre, toute la semaine, d’agriculture, de coton africain, de droits de douane sur la banane... Six mille délégués, 2.000 représentants d’ONG et peut-être 10.000 manifestants sont en effet attendus dans l’île.
Comment baisser les droits de douane, comme le réclament les économies agricoles impatientes d’exporter vers le Nord, sans mettre en péril ses producteurs nationaux ? Comment soutenir ces producteurs sans les avantager de manière déloyale par rapport à leurs concurrents ? Comment écouler leurs surplus sans submerger les producteurs les plus pauvres ? Piège plus épineux et redoutable encore, comment laisser les plus dynamiques des pays du Sud accéder aux marchés de l’Occident et diminuer les cours mondiaux sans qu’ils n’écrasent l’autre Sud, le plus pauvre ?

Agriculture et services

À Hong Kong, c’est encore le dossier agricole qui devrait être au centre des négociations. Avec, sur le banc des accusés, les aides et protections à l’agriculture pratiquées par les États-Unis et l’Union européenne. En raccourci, les pays du Sud reprochent aux deux principaux acteurs occidentaux de vouloir faire ouvrir les frontières pour les secteurs qui leur conviennent - biens industriels et services - et conserver des barrières pour les produits agricoles qu’ils estiment devoir protéger d’une concurrence trop vive.
Depuis septembre, Américains et Européens ont mis sur la table des propositions visant à libéraliser leurs agricultures. Pour les pays du “groupe des 20” - réunissant les principaux exportateurs agricoles des pays émergents emmenés par le Brésil -, ces promesses empêchent toujours les pays les plus pauvres de vendre leurs produits agricoles aux pays riches.
L’agriculture montre, lorsqu’elle est intensive, qu’elle peut aussi être un facteur de puissance, un avantage à l’exportation pour conquérir de nouveaux marchés. À ce titre, le Brésil a les ambitions du grand exportateur agricole mondial qu’il est devenu. Le Canada, l’Afrique du Sud ou l’Australie, où les champs sont si étendus qu’on les parcourt en hélicoptère, misent aussi sur leur "or vert".

Craintes des ACP

Mais du côté des pays dits les moins avancés, et également les pays insulaires, les choses ne sont pas si simples. Réunis au sein du “groupe des 90”, ils voient d’un œil inquiet une remise en cause de leurs accords préférentiels signés avec l’Union européenne dans le cadre des accords ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
Dans le “groupe des 90”, l’agriculture est d’abord un moyen de survivre, de sortir de la pauvreté. Elle est un agent de développement avec de fragiles productions extensives destinées aux besoins locaux, sans être dédiées nécessairement à l’exportation, au risque de monocultures accroissant finalement leur dépendance.
Au-delà du délicat problème agricole, le succès de Hong Kong dépendra de la motivation des pays membres à arriver à un accord commercial multilatéral.

(Source “La Croix”)


Le cycle de Doha

C’est en 2001 à Doha, capitale du Qatar, qu’a été lancé le "cycle du développement" ou "cycle de Doha". Il est censé permettre aux pays les moins avancés (PMA) de mieux profiter des avantages du libéralisme économique. Ce lancement intervenait deux mois après le traumatisme des attentats du 11 septembre et deux ans après la précédente conférence de l’OMC à Seattle, où les antimondialistes, pas encore qualifiés d’altermondialistes, avaient déplacé l’attention des salles des négociations aux rues américaines.
Le "cycle de Doha" devait prouver que l’OMC n’est pas seulement une enceinte destinée à permettre aux deux blocs majeurs du monde développé - Union européenne et États-Unis - de mieux accéder aux marchés du Sud. Pourtant, deux ans après Doha, en 2003, la conférence ministérielle de Cancun, au Mexique, se soldait par un échec. Quatre pays ouest-africains exportateurs de coton bloquaient le consensus nécessaire entre les 149 membres. Ils estimaient ne pas avoir reçu d’assurances, notamment des États-Unis, sur la suppression des subventions aux exportations de coton.


Un demi-siècle de négociations commerciales

Octobre 1947 : création de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Huit cycles de négociations seront conduits dans ce cadre.
L’un des plus importants, le cycle de Tokyo (1973-1979), sera l’occasion d’abaisser les droits de douane de 33% sur les produits industriels des pays développés (à l’exception de l’automobile, du textile et des semi-conducteurs) et de signer des "accords-cadres" concernant des matières non tarifaires comme les marchés publics, les subventions, les obstacles techniques, etc.
Le cycle de l’Uruguay (1986-1993) poursuit l’ouverture des marchés. Les pays industrialisés consentent à une réduction de 40% de leurs droits tarifaires tout en protégeant leurs secteurs jugés les plus sensibles. Les négociations multilatérales s’appliqueront désormais aux secteurs du textile, des produits agricoles, des services et à la propriété intellectuelle.

Avril 1994 : création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par les accords de Marrakech, qui reprennent les résultats des négociations du cycle de l’Uruguay.

Décembre 1996 : la conférence de Singapour élargit le programme de travail de l’OMC. Il comprendra désormais l’investissement, la transparence, l’environnement, la situation des pays les moins avancés, etc.

Mai 1998 : conférence de Genève. Préparation du prochain cycle. Les ONG pourront collaborer.

Novembre 1999 : conférence de Seattle. Échec du lancement d’un nouveau cycle.

Novembre 2001 : conférence de Doha. Lancement d’un nouveau cycle axé sur le développement, incluant notamment un traitement spécial et différencié en fonction du pays.

Septembre 2003 : conférence de Cancun. Échec de la conférence.

Décembre 2005 : conférence de Hong Kong.


La Chine a plus exporté qu’importé de véhicules sur 10 mois

Les exportations automobiles de la Chine ont dépassé les importations pour la première fois pendant la période janvier-octobre, rapporte l’agence Chine nouvelle.
Les exportations automobiles chinoises ont plus que doublé sur ces 10 mois, à 135.000 unités, alors que les importations ont baissé de 11,6% à 128.000, précise l’agence en reprenant des chiffres du ministère du Commerce.
Les véhicules exportés, des camions pour plus de la moitié mais aussi des petites voitures à faible coût, ont pris pour l’essentiel la direction de pays en voie de développement comme l’Algérie, la Syrie ou le Viêtnam.
Les véhicules importés, eux, étaient pour la plupart des grosses berlines du Japon, d’Allemagne ou des Etats-Unis, affichant un prix moyen de 29.180 dollars l’unité.
La Chine doit supprimer d’ici la fin 2006 les tarifs douaniers sur ses importations automobiles, conformément aux engagements pris lors de son adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce en 2001.


Sondage : 52% des Français craignent la mondialisation libérale

Pour une majorité de Français (52%), la mondialisation est une source de crainte, révèle un sondage BVA sur "les Français, l’OMC et la mondialisation" pour Libération et Europe 1 publié lundi. 38% des personnes interrogées pensent au contraire que la mondialisation est une source d’espoir, 6% pensent les deux et 4% ne se prononcent pas.
Les Français jugent aussi majoritairement (72%) que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ne prend pas suffisamment en compte les intérêts des pays en voie de développement, selon cette enquête publiée à la veille de l’ouverture de la conférence ministérielle de l’OMC à Hong Kong.
Sur l’impact de la mondialisation dans les pays développés, les personnes interrogées jugent que les habitants de ces pays y gagnent en tant que consommateurs (54%) mais y perdent en tant que salariés (57%). C’est pour les agriculteurs des pays développés que les Français perçoivent le plus la mondialisation économique comme une menace (60%).
Ils sont partagés sur l’effet de la mondialisation sur les habitants des pays pauvres. 49% et 48% estiment respectivement que les consommateurs et les agriculteurs des pays pauvres sont menacés par le phénomène. Une faible majorité (51%) pense que les salariés de ces pays en sortent gagnants.


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