L’INSEE vient de publier les chiffres de la population légales à l’échelle de la République. Comme tous les ans, les habitants de Mayotte ne sont pas intégrés dans ces statistiques. « Ouest-France » a interrogé Louis Wolff, directeur de l’INSEE Océan Indien, sur cette singularité. Ce dernier indique qu’à partir de 2025, Mayotte sera dans ces chiffres, car ce n’est pas avant que la totalité de la population de ce territoire aura été recensée.
Le directeur de l’INSEE Océan Indien évoque aussi les particularités démographiques de Mayotte. « La croissance démographique annuelle approche les 4 %, on ne voit ça nulle part ailleurs, en France, Europe ou même dans le monde (…) La population de Mayotte, telle que mesurée par l’Insee, a doublé en 20 ans. Ça n’existe nulle part ailleurs, c’est monumental ». Il souligne d’ailleurs que rien ne permet de prouver que les 300 000 habitants dénombrés par l’INSEE à Mayotte sont inférieurs à la réalité. Le directeur de l’INSEE Océan Indien souligne en effet que les habitants n’ayant pas les papiers exigés par Paris pour vivre à Mayotte sont motivés à se faire recenser : « Les habitants, et notamment les personnes en situation irrégulière, sont très soucieux d’avoir des preuves de leur existence administrative sur le territoire. Parce que c’est ce qui, à terme, leur permettra d’avoir la nationalité ou un titre de séjour. »
Il met ensuite l’accent sur un phénomène qui concerne La Réunion : l’émigration de Mayotte.

« Autre enseignement du recensement à Mayotte : la forte émigration, qui concerne « les habitants qui ont la citoyenneté française et les moyens de partir ». Pour le directeur interrégional de l’Insee « numériquement, tous les ans, ça pèse lourd ». 25 900 personnes ont quitté l’île de l’océan Indien entre 2012 et 2017, après 14 900 entre 2007 et 2012 », écrit « Ouest France ».

Égalité sociale avec la France à La Réunion, pas à Mayotte

Rappelons que toute personne ayant la citoyenneté française peut venir habiter à La Réunion. Par rapport à Mayotte, La Réunion est le département le plus proche où est appliquée l’égalité sociale. En effet, contrairement aux habitants de Mayotte, ceux de La Réunion bénéficient du résultat des décennies de luttes des progressistes qui ont contraint Paris à appliquer l’égalité sociale avec la France promise par l’abolition du statut colonial dans notre île en 1946.
C’est donc la garantie pour une personne venant de Mayotte de bénéficier de droits sociaux plus importants que dans son île d’origine. C’est aussi l’accès à l’éducation dans de bien meilleures conditions.
A cette différence de législation entre ces deux territoires s’ajoute la montée de l’insécurité à Mayotte et la faillite de Paris dans la gestion de l’eau comme le rappellent les très nombreuses coupures subies par la population.

Une nouvelle richesse pour La Réunion

La principale cause de ces facteurs structurels favorisant l’émigration de Mayotte vers La Réunion est l’aventure comorienne d’un gouvernement français qui refusa de reconnaître le résultat du référendum d’autodétermination que Paris avait pourtant organisé. Aucune solution à court terme n’existe pour régler le problème créé par Paris en 1975, par conséquent cette émigration est amenée à s’amplifier.
Pour La Réunion, l’arrivée d’une importante population de Mayotte constituera une richesse. Grâce à l’apport d’une population musulmane du Sud-Ouest de l’océan Indien, ceci permettra à notre île de ressembler davantage à ses voisins, notamment le Nord de Madagascar. Il existe en effet un lien historique fort entre l’archipel des Comores, le Nord et l’Ouest de Madagascar et la région de Zanzibar qui expliquent de nombreuses ressemblances culturelles et vestimentaires. Gageons que les Réunionnais sauront faire preuve d’une valeur traditionnelle des peuples de l’océan Indien : l’hospitalité.

M.M.