OMC

L’Inde et le Brésil se retirent des négociations de Postdam

26 juin 2007

Alors que les dirigeants de l’OMC espéraient au moins un accord partiel du G-4 réuni à Postdam (Brésil, Etats-Unis, Inde, Union européenne) sur la voie de la libéralisation du commerce mondial, le retrait de l’Inde et du Brésil est un nouveau coup dur pour les tenants de la globalisation à marche forcée.

« Le groupe du G4 (Etats-Unis, UE, Inde et Brésil) est mort », a affirmé le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim, excluant la possibilité d’une nouvelle rencontre dans ce même cadre, au lendemain de l’échec de Potsdam. L’Inde et le Brésil se sont en effet retirés des négociations avec l’Union européenne et les Etats-Unis, avant la fin prévue des négociations (samedi).
Lors d’une conférence de presse tenue avec le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim a déclaré avant de partir qu’il jugeait « inutile de poursuivre les négociations compte tenu de ce qui est sur la table ». “Ce qui est sur la table”, d’après les comptes-rendus de presse, c’est un marchandage dans lequel les Etats-Unis et l’Union européenne demandent à l’Inde et au Brésil « d’abaisser leurs droits de douane sur les produits industriels, en échange de concessions sur l’agriculture ».
Le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, et la représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab, avaient échoué dans leurs discussions avec les deux grands pays émergents pour la même raison.
Selon une source européenne à Postdam, l’Inde et le Brésil avaient posé des conditions sur les tarifs industriels combinés, assorties de demandes en matières agricoles auxquelles les pays développés ont refusé d’accéder. Dans ces conditions, la possibilité de trouver un terrain de convergence s’éloignait. Le ministre brésilien des Affaires étrangères a accusé les Etats-Unis et l’Union européenne d’avoir fait bloc à Potsdam « à un niveau confortable pour eux », correspondant à un bas niveau d’ambition dans le domaine agricole, et d’avoir fixé à l’avance en échange les concessions qu’ils souhaitaient dans le domaine des produits industriels.
« Ils considèrent que ce sur quoi ils se sont mis d’accord est un accord », a critiqué Celso Amorim en dénonçant le fait que les négociateurs de Washington et de Bruxelles s’étaient mis d’accord par avance sur les concessions attendues de l’Inde et du Brésil.
Après l’échec des négociations à quatre, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a déclaré que l’Union européenne « ne peut négocier avec ses partenaires de l’OMC “avec presque rien en retour” ».
Les observateurs notent que les pays émergents ont resserré leur solidarité lors d’une réunion à Genève, il y a une dizaine de jours. « Nous ne sommes pas prêts à sacrifier nos positions fondamentales simplement pour obtenir un résultat rapide », a commenté le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim. « Potsdam a été un Cancun bis », a-t-il déclaré.
La conférence ministérielle de l’OMC à Cancun en 2003 avait échoué, parce que les pays industrialisés avaient voulu “forcer la main” des pays en développement.
Est-ce pour calmer les tensions, laisser une porte ouverte ? Celso Amorim a tempéré ses déclarations, après un entretien avec le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, affirmant qu’il pensait « difficile, mais pas impossible, de parvenir à un accord ». Il est en revanche certain que des réunions bilatérales ou du G-4 ne se tiendront pas avant longtemps.

P. David (synthèse)


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